La fondation Abbé-Pierre publie une Déclaration des droits des sans-abri et distingue les pires dispositifs anti-SDF
Forte de quatorze articles, cette déclaration des personnes sans abri entend notamment "interpeller l'EÉtat et les collectivités". La fondation a par ailleurs décerné des "Pics d'or" pour dénoncer les pires dispositifs anti-SDF mis en place dans les centres-villes.
Dans le cadre de la campagne européenne organisée par Housing Rights Watch "La pauvreté n'est pas un crime", "visant à lutter contre la criminalisation croissante des personnes sans abri", la fondation Abbé-Pierre publie une Déclaration des droits des personnes sans abri. Dans le même temps, l'association décerne pour la première fois ses Pics d'or, "les prix qui dénoncent les pires dispositifs anti-SDF". Ces prix, attribués par un jury, prolongent l'action #SoyonsHumains et son opération coup de poing d'affichage dans la rue, menée il y a un an pour "alerter les citoyens sur le scandale des équipements urbains anti-SDF". Une mobilisation qui rappelle celle contre les arrêtés "anti-SDF" ou, il y a quelques années, contre le tristement célèbre "répulsif anti-SDF".
Quatorze articles pour autant de droits
La Déclaration des droits des personnes sans abri s'adresse "aux personnes, aux institutions et organisations qui entendent participer au développement des droits, libertés et responsabilités qu'elle énonce". Elle veut informer les personnes sans abri sur leurs droits fondamentaux et les encourager à les faire valoir. Elle veut aussi sensibiliser les professionnels et les bénévoles des structures sociales, ainsi que le grand public. Elle entend enfin "interpeller l'État et les collectivités en leur rappelant leurs obligations en matière d'accueil et d'accompagnement des personnes sans abri.
Les quatorze articles de la Déclaration passent en revue ce que devraient être les droits fondamentaux des SDF. On y trouve bien sûr, à l'article Ier, le droit au logement, mais aussi le respect du domicile (abri de fortune ou mis à disposition par une institution) et des biens ("Nul ne doit subir la destruction ou la rétention de ses biens ou de ses effets personnels"), la liberté de se déplacer et de s'installer dans l'espace public, le droit aux pratiques de survie (mendicité, glanage...), le respect des besoins fondamentaux (alimentation, hygiène...), ou encore l'accès aux services et aux droits sociaux (protection maladie, protection sociale, scolarisation, ouverture d'un compte bancaire...). Figurent aussi l'interdiction de discriminer, le respect du droit de vote, la protection des données personnelles ou encore la participation directe des personnes sans abri à la mise en œuvre et à l'évaluation des politiques publiques (sur le modèle de ce qui a été initié pour le RSA).
"Une augmentation des dispositifs anti-SDF dans les centres-villes"
Lors de la remise des Pics d'or, Christophe Robert, le délégué général de la fondation, a ironisé sur le fait "qu'il y a beaucoup d'innovation en la matière". Il a indiqué constater "une augmentation des dispositifs anti-SDF dans les centres-villes, où on voit bien que les enjeux du commerce, du tourisme et de l'attractivité sont très liés à ce phénomène".
Il est vrai que, sous des dehors de design ou d'animation de l'espace urbain, les vidéos qui présentent les nominés et les lauréats (voir lien ci-dessous) sont assez édifiantes. Dans la catégorie "Fallait oser", le Pic d'or distingue ainsi un siège unique surréaliste pour abribus. Le Pic d'or "Bouge de là" va à l'arrêté anti-mendicité de la ville de Besançon (voir nos articles ci-dessous du 29 août et du 29 juin 2018). Mais la France n'est pas seule concernée, puisque la catégorie "C'est pas mieux ailleurs" récompense le "permis de mendier" à 15 euros instauré par une ville suédoise, tandis que le Pic d'or "Faites ce que je dis, pas ce que je fais" va à la ville de Lourdes, qui réactive ses arrêtés anti-mendicité pendant les pèlerinages. Enfin, la catégorie "Le clou" récompense un dispositif installé à Montpellier au pied d'un immeuble d'habitation et digne des herses de gendarmerie pour arrêter les voitures folles.
Pour la prochaine édition des Pics d'or, les internautes sont d'ores et déjà invités à signaler les dispositifs dont ils ont connaissance sur le site www.soyonshumains.fr ou sur les réseaux sociaux avec le mot-clé #SoyonsHumains.