Le 115 "n'a jamais connu une telle incapacité à répondre aux demandes"
Dans une tribune publiée dans le quotidien La Croix du 15 octobre, Éric Pliez, le président du Samu social de Paris, lance un cri d'alarme. Si ces appels sont récurrents à l'approche de l'hiver et au moment du vote du budget par le Parlement, la situation semble effectivement se tendre dans la capitale, sous l'effet notamment de l'accroissement du nombre de réfugiés (+21% en 2018 pour la France, alors que les arrivées sont en recul dans l'Union européenne). Pour Éric Pliez, "Paris déborde. Tous les Parisiens en font le constat. Et les professionnels de l'hébergement d'urgence sont à la limite de l'implosion".
Le président du Samu social de Paris estime que "tous les signaux sont aujourd'hui au rouge. Et la création de places, pour l'hiver, ne suffira en rien à soulager un secteur qui en arrive à perdre le sens de son action, qui assiste, impuissant, à la remise en question de l'inconditionnalité, à la pratique inepte de la priorisation des situations, arrivée aujourd'hui à son point ultime : déterminer qui d'une femme avec un enfant en bas âge ou d'une femme enceinte et arrivée à terme, aura le droit à une place à l'hôtel". Selon lui, plus de 7.000 personnes vivent aujourd'hui à la rue – le dernier décompte lors de la Nuit de la solidarité en avait recensé 3.622 (voir notre article ci-dessous du 19 mars 2019) –, "autant sont coincées dans des centres d'urgence et 45.000 personnes en famille vivent dans les hôtels".
Face à cette situation, le dispositif d'accueil et les crédits correspondants ont été sensiblement accrus ces dernières années, mais ils ne suffisent pas à faire face aux flux. Comme l'explique Éric Pliez, "les moyens ont certes crû, mais trop lentement, demeurant en permanence en décalage par rapport aux besoins". Il constate aussi que "le seul Pacte parisien de lutte contre la grande exclusion, malgré les avancées qu'il a permises, ne suffit pas". Dans ce contexte, le président du Samu social de Paris estime qu'"il n'y a d'autre solution qu'un véritable plan régional associant État, région, métropole, départements, villes, associations et bailleurs sociaux". Ce plan devrait notamment prévoir des créations massives de places "pour éviter aux personnes de sombrer dans la rue", la mise en œuvre d'un "plan ambitieux" d'accès au logement pour les personnes hébergées dans le dispositif d'urgence, une régularisation des familles non expulsables, ou encore un dimensionnement du dispositif d'accueil des migrants "avec une vision à long terme des flux et de l'intégration".