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En commission sénatoriale, Jean-Michel Blanquer défend ses premières mesures Education

Jean-Michel Blanquer a été auditionné, mercredi 28 juin, en commission éducation du Sénat, devant qui il a passé en revue les premières mesures annoncées depuis son arrivée au ministère, il y a un peu plus d'un mois seulement. Rythmes scolaires évidemment, dédoublement des classes de CP en REP+ dès la rentrée prochaine, dispositif "devoirs faits" au collège...

"Liberté", "égalité", "confiance", "consensus", "pragmatique"... Jean-Michel Blanquer a réussi à placer plusieurs fois ces éléments de langage au cours de sa longue audition, mercredi 28 juin, devant la commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat.
Passant en revue les premières mesures annoncées depuis sa prise de fonction, il a reconnu leur "rapidité" en la justifiant de plusieurs manières. Le dédoublement de CP en REP + et la possibilité d'adopter la semaine scolaire de 4 jours étaient ainsi des "promesses présidentielles", qui "peuvent faire consensus". Il s'agissait également de marquer le "volontarisme" et "la capacité d'action de l'Education nationale. Ceci étant dit, il s'est engagé devant la quarantaine de sénateurs présents à ce que les mesures à venir soient précédées de "discussions" et de groupes de travail.
Voilà qui ravira les associations d'élus qui avaient très mal pris le manque de concertation sur ces deux sujets. Elles devront toutefois attendre encore un peu pour être rassurées sur l'aspect financier.

Rythmes scolaires : le Premier ministre s'exprimera sur l'avenir du fonds de soutien

Jean-Michel Blanquer a indiqué que c'est le Premier ministre qui s'exprimera "dans peu de temps" sur l'avenir du fonds de soutien aux activités périscolaires. "Nous sommes favorables, sur le principe, à sa pérennisation", a-t-il assuré, avant d'ajouter : "mais il faut regarder ce qui est possible".
Le ministre de l'Education nationale a également indiqué qu'il avait échangé avec le directeur de la Cnaf pour envisager un "guichet unique" des aides de l'Etat et des aides des CAF en faveur des activités périscolaires.
Quant au retour à la semaine de 4 jours, rendu possible par le décret paru le matin même (voir notre article ci-dessous du 28 juin 2017), Jean-Michel Blanquer assure qu'il ne "veut pas de retour en arrière" et récuse à cette occasion le terme de "retour". "Je n'ai pas incité les communes" à passer aux 4 jours, a-t-il rappelé, et "mon vœu n'est pas qu'il y ait beaucoup de communes qui passent à 4 jours à la rentrée prochaine". Il a dit également sa préférence pour "le faire dans un certain calme pour 2018" et souligné qu'un rapport de la Depp, le service statistique et d'évaluation de l'Education nationale, paru le même jour, tendrait à montrer que la semaine de 4 jours et demi n'a pas eu d'impact sur l'apprentissage des élèves. "Il y a des modes intellectuelles", a estimé le ministre de l'Education nationale pour qui, en matière de rythmes scolaires, "soyons honnêtes, on n'est pas dans une science exacte".

Les maires sous pression des parents et des enseignants

"Nous voulons des communautés satisfaites de leur situation", a-t-il martelé : "garder ce qui marche", permettre à "ceux qui préfèrent" les 4 jours de le faire et "veiller à la qualité des activités périscolaires" notamment via les projets éducatifs territoriaux (PEDT) qu'il trouve "un peu formels" et qu'il souhaiterait "réellement qualitatifs". Rappelant que son portefeuille ministériel comprend la Jeunesse, des mesures visant à améliorer les PEDT sont à prévoir.
Et pour parvenir à ces "communautés satisfaites", "nous devons nous habituer à ce que les débats locaux aient lieu pour parvenir à la solution la meilleure". "Aujourd'hui, les maires sont perdus, ils ont une pression très forte des enseignants et des parents et nous disent 'on ne sait plus comment résister'", rapporte la sénatrice Françoise Cartron.
Selon elle, "cette liberté donnée au local" contribue en réalité à privilégier des "ajustements d'emploi du temps" des adultes en oubliant un peu vite les temps de l'enfant. "Je ne vois pas en quoi l'institution aurait davantage raison que les parents et les professeurs", estime de son côté le ministre de l'Education nationale.
"C'est un plan social de 250.000 personnes" qui se prépare là, a également lancé Françoise Cartron, en référence aux animateurs employés dans le cadre des activités périscolaires. Pas de réponse à cette question.

Dédoublement des classes de CP en REP+ : une "très grande coopération" des communes

La réduction à 12 élèves (au lieu de 24 maximum) dans les 12.000 classes de CP et CE1 des écoles de réseaux d'éducation prioritaire (REP) et d'éducation prioritaire renforcée (REP+) était également une promesse de campagne d'Emmanuel Macron. Le ministre avait annoncé qu'elle serait appliquée dès la rentrée prochaine aux classes de CP des REP+, soit dans environ 2.300 classes. Devant les sénateurs, il a indiqué qu'elle sera accomplie dans 70% des cas, dont un peu moins de la moitié à la faveur d'un maître supplémentaire dans le cadre d'une "reconcentration" du dispositif "plus de maîtres que de classes".
Jean-Michel Blanquer a par ailleurs indiqué avoir reçu "un très bon accueil" et une "très grande coopération" des communes. "Chaque maire avec qui j'ai pu avoir une discussion m'a exprimé un grand intérêt pour cette mesure." Là aussi, le "pragmatisme" est de mise avec des solutions techniques diverses et variées : "parfois il y a des classes libres, d'autres ont réussi à créer de nouvelles classes", et il reste toujours le système des "cloisons"...

Education prioritaire : "la liberté doit être au service de l'égalité"

"Nous voulons être au cœur de la philosophie de l'éducation prioritaire : donner plus à ceux qui ont besoin de plus", a-t-il déclaré à cette occasion. C'est pour lui une "condition du pacte républicain" et un "consensus dans une société de confiance", "la liberté doit être au service de l'égalité". Or pour le moment, "l'OCDE considère que nous n'avons pas encore une véritable éducation prioritaire".
Les collèges situés dans des "zones défavorisées" bénéficieront ainsi de la "nouvelle étape pour le collège" que le ministère entend instituer en gagnant davantage en "autonomie" et en "créativité" afin de renforcer leur attractivité, auprès des "classes moyennes", par exemple avec des classes bilingues. Pour l'ancien recteur de Créteil, l'enjeu est de "travailler au projet éducatif des collèges". Il s'est par ailleurs engagé à poursuivre les expérimentations engagées par ses prédécesseurs dans les territoires pilotes de la démarche "Agir pour une mixité sociale et scolaire au collège" (voir notre article du 14 décembre 2016), tout en mettant en garde contre "les fuites vers l'enseignement privé".
Sur le dispositif "devoirs faits", qui consistera à "internaliser les devoirs scolaires" au sein du collège, il sera assuré par quatre types d'acteurs : professeurs (rémunérés sous forme d'heures supplémentaires), assistants d'éducation (il y en a 60.000 aujourd'hui, leur statut devrait "évoluer"), personnes en service civique (le ministre a évoqué le chiffre de 10.000 jeunes) ; associations et collectivités locales. "Le tout dans une cohérence retrouvée", a-t-il précisé. Il a également annoncé qu'il prévoyait de créer des labels pour les associations "car il y en a de bonne qualité et d'autres de moins bonne".

 

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