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Education prioritaire - "CP à 12" dans les REP + : comment l'académie de Toulouse s'y prépare

L'académie de Toulouse se prépare à la réduction des classes de CP à 12 élèves dans les 18 écoles de REP + de la capitale régionale pour la rentrée prochaine, ainsi que l'a décidé le nouveau gouvernement. Les postes du dispositif "plus de maîtres que de classes" seront redéployés. Sur la question des locaux, "la situation est moins facile qu’on ne le pensait", admet la rectrice.

Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, la réduction à 12 élèves les 12.000 classes de CP et CE1 des écoles de réseaux d'éducation prioritaire (REP) et d'éducation prioritaire renforcée (REP+) était au menu du conseil départemental de l'Education nationale (CDEN) de la Haute-Garonne du 1er juin 2017. La réduction des classes de CP à 12 élèves s'appliquera, à la rentrée scolaire 2017-2018, aux 18 écoles de REP + de la ville de Toulouse.
Car comme l'avait indiqué fin mai Jean-Michel Blanquer, le dispositif ne concernera, pour la rentrée prochaine, que les CP de REP +, soit environ 2.300 classes France entière (voir nos articles du 22 et 24 mai 2017). Il monterait progressivement en régime pour toucher également, à terme, les CP de REP, les CE1 de REP+ et les CE1 de REP.

Les écoles toulousaines déjà sous pression démographique

Comme quasi tous les quartiers populaires des grandes villes, ceux de Toulouse subissent une pression démographique depuis plusieurs années. Le CDEN de la Haute-Garonne a acté l’ouverture de 60 classes à la rentrée prochaine et la mairie avait inscrit 200 millions d'euros d’investissement pour construire 10 écoles et rénover les bâtiments sur la période 2015-2020. Avec le dédoublement des classes de CP et CE1, en REP et en REP +, le problème des locaux ne peut que s'amplifier.
"La situation est moins facile qu’on ne le pensait", admet d'ailleurs la rectrice d'académie Hélène Bernard. Un diagnostic école par école est en train d’être finalisé par les services de la ville. "Mais on peut imaginer que certains travaux ne puissent pas être faits tout de suite", envisage-t-elle, indiquant que la ville n’est pas favorable à l’installation de structures modulaires. Deux groupes de CP pourraient alors travailler au sein d’une même classe. Dès lors, le rectorat laissera aux conseils d’école le soin de proposer une organisation qui favorise l’enseignement des fondamentaux en petits groupes et de s’assurer que les classes de CP sont confiées à des enseignants expérimentés.

Va-t-on séparer les classes avec des cloisons ?

Contactée par AEF, la mairie de Toulouse refuse tout commentaire et préfère attendre les résultats des élections législatives pour s’exprimer. La seule déclaration de Jean-Luc Moudenc, maire (LR) de Toulouse, s’est faite via l’association France urbaine, qu’il préside : les directives visant à dédoubler les classes de CP "posent des difficultés très importantes de mise en œuvre liées aux locaux, notamment dans les territoires d’ores et déjà en tension ou en phase de progression démographique forte" (voir notre article du 1er juin 2017).
La question du bâti est aussi un sujet jugé "très sensible" par le syndicaliste Philippe Gadier, co-secrétaire départemental du Snuipp de Haute-Garonne. "Va-t-on supprimer des BCD (Ndlr : bibliothèque centre documentaire), des salles informatiques, Rased, des bureaux de psychologues scolaires ? Va-t-on séparer les classes avec des cloisons pour les transformer en version autobus entre le bureau et l’armoire à matériel ?", s'alarme-t-il.

Réaffectation de PDMQDC sur des postes de "CP dédoublé"

Quant aux postes d'enseignants nécessaires, "les IEN (Ndlr : Inspections de l'éducation nationale) de circonscription ont mené un travail très rapidement pour calculer ce que 'coûterait' la mesure en se basant sur le nombre d’élèves inscrits en CP à la rentrée", indique la rectrice. Malgré une dotation de 141 postes dans le premier degré, elle rappelle que le rectorat ne dispose pas de réserves de postes car tous sont dédiés aux ouvertures de classe du fait de la hausse démographique.
Dès lors, les enseignants dont les postes PDMQDC (plus de maîtres que de classes) sont supprimés sont prioritaires pour être affecté sur un poste de "CP dédoublé" dans la même école. La direction des services départementaux de l'Education nationale (DSDEN) de la Haute-Garonne va ainsi redéployer 22 postes PDMQDC des écoles REP + et ouvrir 8 postes supplémentaires.
En tout, 42 PDMQDC continueront d’exister à la rentrée 2017 dont 7 dans les écoles REP + ainsi que dans des écoles en zone rurale (dans le cadre des "conventions ruralité").

Une efficacité pédagogique peu évaluée

Quant à l'efficacité pédagogique des "CP dédoublés", la question fait polémique. Justement, quelques écoles de l’académie de Toulouse avaient expérimenté les CP dédoublés souhaités par Luc Ferry en 2002-2003. Résultat : "Il y a bien eu quelques petites évaluations faites ponctuellement mais elles ne sont pas assez significatives pour en tirer des conclusions", constate Hélène Bernard.
Concernant le dispositif PDMQDC, la rectrice relève qu’il "a surtout de l’intérêt quand il s’inscrit dans un projet pédagogique d’école et/ou de cycle". "Nous avons des échos plutôt positifs sur ce dispositif mais l’évaluation complète reste à conduire." Ce sera fait, a assuré le ministère de l’Education nationale. Les premiers résultats seraient disponibles en juin 2018.