Logement - En 2014, la construction de logements a atteint son niveau le plus bas depuis 17 ans
La nouvelle était attendue, mais elle n'en a pas moins rajouté sa note pessimiste dans un paysage déjà foncièrement morose. Le commissariat général au développement durable (CGDD) a en effet publié, le 27 janvier, les chiffres de la construction de logements à la fin du mois de décembre 2014 et donc sur l'ensemble de l'année.
Le chiffre le plus spectaculaire est bien sûr le passage de la production de logements sous la barre des 300.000 unités, avec un total définitif de 297.532 logements mis en chantier l'an dernier, soit un recul de 10,3% par rapport à l'année 2013. De façon symbolique le nombre de constructions neuves (mises en chantier) enregistrées l'an dernier est le plus faible depuis 17 ans. Il faut en effet remonter à 1997 pour trouver un chiffre inférieur (287.104 mises en chantier), mais la population de la France était alors inférieure de près de 10% à la population actuelle.
Autorisation : recul pour toutes les catégories de logements
Ce chiffre de 297.532 logements mis en chantier en 2014 est aussi très inférieur à la moyenne de production de ces dix dernières années (environ 347.000 logements). Sans même parler de l'objectif annuel de 500.000 logements qui prévalait encore au début du quinquennat. Celui-ci a pourtant perduré officiellement jusqu'à la mi-2014, lorsque Sylvia Pinel, succédant tout juste à Cécile Duflot, annonçait la relance du chantier "Objectifs 500.000" (voir notre article ci-contre du 19 mai 2014).
L'analyse des résultats détaillés publiés par le CGDD ne laisse guère de motifs d'optimisme. Sur les logements autorisés tout d'abord (permis de construire), le total de l'année s'élève à 381.075, soit une diminution de 12% au cours des douze derniers mois. Cette baisse des autorisations concerne aussi bien la construction neuve (-11,1%) que la construction sur bâtiments existants (-17,8 %). Or ce dernier secteur tenait lieu jusqu'à présent de ballon d'oxygène face à la défaillance des autorisations sur le logement ordinaire. Le recul est tout aussi général si on considère le type d'habitat. Sur l'année 2014, les logements individuels purs reculent ainsi de 16,3%, les individuels groupés de 26,3% et les collectifs de 8,8%. Seuls les logements en résidence, dont le nombre est relativement modeste, affichent une progression de 19,2%.
Le plan de relance suffira-t-il ?
La situation n'est pas meilleure du côté des mises en chantier, autrement dit les 297.532 logements évoqués plus haut. Le recul le plus prononcé concerne à nouveau la construction sur bâtiments existants - avec une baisse de 17,1% -, tandis que la construction neuve recule de 9,5% avec 266.544 unités. Si on considère le type de logement, le collectif s'en sort un peu mieux avec un recul de seulement 6% sur l'année. Ce résultat est d'autant plus méritoire que les financements de logements HLM - pour l'essentiel du collectif - ont reculé de 12% l'an dernier (voir notre article ci-contre du 27 janvier 2015). A l'inverse, les logements individuels purs (-18,9%) et les individuels groupés (-19,6%) enregistrent une véritable chute des mises en chantier. Enfin, comme dans les autorisations, les logements en résidence affichent une progression importante de 26 %.
Il est difficile de trouver des signaux encourageants dans ce contexte très morose. Les mesures de relance du logement - celles annoncées par Sylvia Pinel en juin (voir notre article ci-contre du 25 juin 2014) complétées par celles de Manuel Valls à la fin de l'été dernier (voir notre article ci-contre du 29 août 2014) puis celles du début de l'hiver (voir notre article du 4 décembre 2014) - n'ont pas pu produire leur plein effet en 2014. L'année 2015 sera décisive pour savoir si la crise est destinée à se prolonger ou si de premières lueurs de redressement apparaissent.