Archives

Salon des maires - Développement durable : un partenariat pour faciliter le recours des collectivités au financement participatif

Du nouveau dans le paysage des financements destinés aux collectivités. Le 1er juin, un partenariat a été signé au Salon des maires entre l'Agence France locale, jeune acteur du financement des collectivités par un accès mutualisé au marché obligataire, et la start-up Lendosphère qui a profité du fulgurant décollage du financement participatif et entend bien en faire profiter les collectivités.

L'entente aurait pu passer inaperçue. Elle augure pourtant d'un bel avenir en faveur de nouveaux canaux de financement et leviers de développement à la disposition des collectivités. Le 1er juin, dans le cadre du Salon des maires, un rapprochement a été acté entre, d'un côté, l'Agence France locale (AFL), qui vient de souffler sa première bougie et projette 700 millions de prêts cette année au bénéfice de ses collectivités membres, et la plateforme Lendosphère spécialisée sur les projets liés à la transition énergétique.

Le bon bilan de l'AFL

La première se présente comme la "première banque créée et pilotée par les collectivités". Fondée dans la continuité des premières expériences de financement direct sur les marchés menées il y a dix ans par des collectivités alors pionnières, elle a vocation "à offrir à ses collectivités membres un accès sécurisé à la liquidité". En clair, elle lève des fonds sur les marchés financiers "à des conditions attractives et leur redistribue sous forme de prêts bancaires classiques". A la mi-mai elle a dressé un bilan de sa première année d'activité : près de 150 collectivités y adhèrent, surtout des communes et intercommunalités (mais aussi une région et cinq départements), une centaine de prêts ont été distribués pour un montant total de 600 millions d'euros. L'eurométropole de Strasbourg a par exemple emprunté par ce biais 50 millions d'euros en 2015.

Faire entrer des circuits courts dans la finance

Quant à Lendosphère, c'est une entreprise positionnée sur le financement participatif. Un domaine dans lequel il y a, d'un côté, des porteurs de projets, de l'autre des particuliers souhaitant placer leur épargne. Et entre les deux, des plateformes internet jouant les prestataires de services. Pour encadrer cette activité, la France s'est dotée d'une réglementation. Ce dispositif encore jeune de financement participatif dispose ainsi depuis la fin 2014 d'un encadrement adapté et ses plateformes de statuts spécifiques, avec des règles précises à respecter. À ce jour, il n'est ainsi possible de récolter des fonds qu'auprès de particuliers fiscalisés en France pour des projets eux-mêmes situés sur le territoire national. Mais ceci posé, il existe plusieurs formes de financement participatif. Les plus simples sont le don d'argent et le prêt sans intérêts, qui obéissent aux règles de droit ordinaires. Lendosphère propose une autre forme de soutien : le prêt avec intérêts. Elle a ainsi collecté six millions d'euros de fonds pour une trentaine d'opérations (parcs solaires ou éoliens). Les 3.300 inscrits à sa plateforme prêtent donc leur argent sous forme de prêts avec intérêts (crowdlending) et sont rémunérés en fonction du montant accordé à l'entreprise, à l'association. Ou à la collectivité.

De l'épargne fléchée vers la rénovation de l'éclairage

Lendosphère vient ainsi de lancer un appel à manifestation d'intérêt (AMI) pour sélectionner des projets de rénovation de l'éclairage public portés par des collectivités qui recherchent un financement participatif. "C'est un outil nouveau mais important. Les collectivités peuvent s'en emparer", motive Lory Waks, en charge du dossier éclairage public au ministère de l'Environnement. Il s'ajoute, pour moderniser l'éclairage public, à d'autres solutions à la disposition des collectivités, de l'emprunt classique au recours aux contrats de partenariat public-privé. "Mais nous proposons un supplément d'âme ! Car voir des habitants flécher leur épargne dans la rénovation de l'éclairage d'un quartier est une démarche qui très certainement intéressera les collectivités. Renouer avec cette proximité, introduire des circuits courts dans le financement d'un projet est en effet au coeur de notre approche", confie Laure Verhaeghe, présidente de Lendosphère. L'AMI est ouvert jusqu'au 31 décembre et ouvert à tous les profils de collectivités, quel que soit l'état d'avancement de leur projet. Fruit d'une réflexion avec l'Ademe, qui connaît les besoins des collectivités en matière de modernisation de leur éclairage public, il s'appuie sur l'expertise de celle-ci, qui participe à la sélection des projets à financer.

Pourquoi cette entente ?

Il s'agit d'une reconnaissance mutuelle entre deux récents canaux de financement. L'AFL entend ainsi valoriser le financement participatif auprès de ses membres et apportera son expertise en finances locales à Lendosphère. "Le mode de financement alternatif qu'elle propose permet de rapprocher les collectivités de leurs administrés sur des projets qui ont du sens pour tous", félicite Yves Millardet, président du directoire de l'AFL. Les deux entités rapprocheront leur savoir-faire et visent ainsi des complémentarités.