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Transports - Développement du TER : la Fnaut tempère les conclusions de la Cour des comptes

A l’approche des élections régionales, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a émis ses propositions visant à développer l’offre ferrée de transport express régional (TER), et a dressé, au préalable, un bilan du mouvement de régionalisation engagé depuis 2002. Un bilan globalement positif, l’engagement des régions ayant été depuis lors "très sérieusement" mené selon l’association, qui en compare volontiers l’efficacité à celle déployée pour la reprise en main des lycées. Avec, à l’appui, un dispositif de conventionnement SNCF-région jugé "très solide" : l’offre a ainsi été renouvelée, les régions ont investi dans le renouvellement du matériel roulant voire le rafraîchissement des voies, des services interrégionaux ont été créés et une ligne a même été réouverte (Cannes-Grasse), d’autres projets de réouverture étant à l’étude (Nantes-Chateaubriand). A la clé, un succès commercial évident, mais qui "ne doit pas masquer des déficiences dont la SNCF n’est pas la seule responsable" : forte variabilité de la qualité de service d’une région à l’autre (bonne en Bretagne, mauvaise en Paca en raison d’un réseau en piteux état), insatisfactions persistantes des usagers sur divers volets connus et prospectés, etc.

 

Tempérer les recommandations de la Cour des comptes

La Fédération développe ses constats en s’appuyant sur le rapport de la Cour des comptes rendu public en novembre dernier. Elle ne le critique pas sur son volet financier, mais juge son contenu "restrictif" et "dénué de vision stratégique". Elle rappelle ainsi le constat de difficulté d’évaluation des coûts complets du TER, dûs à "des relations financières entre Etat, RFF, SNCF et régions d’une rare complexité et en constante évolution". Coût de gestion retenu par la Cour : environ 5 milliards d'euros, dont 2/3 pour l’exploitation et 1/3 pour l’infrastructure. Ces coûts d’infrastructures, les péages versés par la SNCF à RFF les couvrent à hauteur de 30%, l’Etat devant compenser le reste. "Et contrairement à ce qu’assènent les élus, la dotation versée par l’Etat aux régions a augmenté ces dernières années", pointe la Fnaut. Quant à la contribution des usagers aux coûts complets, elle atteint 17% mais va baisser avec l’application par les employeurs de la prime transport. La Fnaut regrette que la Cour, nullement dotée selon elle d’une équipe dédiée aux transports, n’ait émis aucune recommandation sur la qualité de service et l’état des infrastructures. Elle reste aussi réticente à l’éventuelle hausse des tarifs que la Cour suggère, tout en concédant que "si ce relèvement ne peut être exclu", il devra se faire dans le cadre de conditions précises visant à ne pas paralyser l’usager. Elle s’oppose par ailleurs à l’idée de réduire d’un tiers le réseau (7.800 kilomètres de lignes à faible trafic), qui a été préconisée suite au constat d’un faible taux moyen de remplissage : "la Cour ne comprend pas que le réseau ferré forme un tout, et qu’il est dangereux d’élaguer les branches les moins fréquentées : 20% des utilisateurs du TGV empruntent un TER lors de leur voyage. Supprime-t-on les lignes de bus peu fréquentées d’un réseau urbain ? Ce qui compte, c’est la fréquentation globale du réseau TER, la fréquentation d’une ligne donnée est un paramètre moins significatif". Enfin, plus grave est selon elle l’erreur que fait la Cour "en admettant que le train et le car rendent le même service à l’usager", alors que " passer du train au car correspond pour les usagers, très souvent captifs du transport collectif, à une régression de la qualité de service". 
 

Les six propositions de la Fnaut

Au lieu d’envisager de réduire l’offre, la Fnaut recommande d’améliorer la promotion commerciale des lignes à faible trafic et le positionnement des connexions TGV-TER. "Des régions le font déjà mais cela peut être amélioré". Régler les problèmes de doublons entre les cars départementaux et les TER régionaux est une autre piste à explorer. Il faut aussi miser sur des investissements "modestes mais efficaces" visant à remuscler le réseau, en rétablissant par exemple des voies d'évitement ou en déplaçant des haltes mal situées dans certaines villes ou communes. Favorable à l’ouverture à la concurrence, la Fédération l’est par ailleurs pour ce qu’elle apporterait au sauvetage des lignes à faible trafic, que la SNCF ne sait selon elle pas gérer. Enfin, les régions, dont "ce n’est après tout pas le travail", doivent réduire leurs dépenses routières au profit du TER.


Morgan Boëdec / Victoires éditions