Fret ferroviaire - La Fnaut plaide pour des opérateurs de proximité
La Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a rendu publique, le 11 janvier, une étude sur le fret ferroviaire. Son rapporteur, Michel Zonca, a dressé un constat d'échec des plans de relance successivement lancés par les directeurs de Fret SNCF Marc Véron puis Olivier Marembaud. L'affaissement de la rentabilité et de la qualité de service, le manque d'entretien des réseaux et le plan Fret SNCF réduisant l'offre en zone diffuse ont eu pour conséquence d'inquiéter au plus haut point les collectivités. "Une région comme le Centre voit son tissu ferroviaire s'étioler et perd en attractivité économique. Et ce n'est qu'un exemple : tous les territoires situés à l'ouest de la diagonale Lilles-Perpignan broient du noir sur le sujet", a illustré Michel Zonca.
Le fret doit être réorganisé autour de deux axes : une organisation industrielle sur les grands axes denses nécessitant de repenser un nouveau plan de transport à l'échelle européenne et des organisations complémentaires de proximité capables de "drainer, distribuer, regrouper les flux au sein du tissu économique local". De tels opérateurs locaux, actuellement quasi inexistants en France, ne seraient en aucun cas des sous-traitants mais des partenaires efficaces du principal opérateur de flux massifiés qu'est la SNCF. "Ainsi se dessinerait sur les territoires une synergie entre ces deux systèmes d'organisation aujourd'hui indifférenciés, qui obéissent pourtant à des logiques distinctes."
Par ailleurs, la Fnaut défend aussi une transcription "a maxima" de la directive Eurovignette qui prévoit la mise en place d'une écoredevance perçue sur les déplacements des poids lourds car elle serait seule à même de permettre de faire du financement le levier d'une politique plus volontariste en matière de fret. Ce qui implique d'agir auprès de la Commission européenne car, comme le souligne l'étude, "le ferroviaire n'a d'avenir durable que dans la dimension européenne : confiné dans l'hexagone, sans évolution, il va vers une mort lente, même si les infrastructures doivent demeurer une prérogative d'Etat". Autre préalable, la lutte contre le projet de déploiement de camions de 44 tonnes, actuellement revendiqué par les routiers qui ne ferait que plomber un peu plus le bilan déjà peu reluisant du fret. A l'instar de ce qu'a fait la Suisse, l'adoption d'un "Plan rail 2025" est également un fondement nécessaire, tout comme l'est le développement continu d'un transport combiné mieux cadencé et plus massifié. Enfin, inclure les armements et entreprises routières au capital des exploitations d'autoroutes ferroviaires est indispensable, car le gros du potentiel et de l'avenir du fret et du trafic maritime est entre leurs mains.
Morgan Boëdec / Victoires Editions