Transports - Liaisons ferrovaires interrégionales : la Fnaut propose un ambitieux réseau Intercités
"Un maillon manquant entre TGV et TER" : telle est l'expression résumant le projet de réseau que la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT) élabore depuis plusieurs années et qui atteint désormais sa maturité. Le 13 novembre, cartes et études à l'appui, il a été dévoilé en détail après avoir été préalablement transmis à la SNCF, au secrétariat d'Etat aux Transports et, côté collectivités, à l'Association des régions de France (ARF) et à la Fédération des maires de villes moyennes (FMVM). "Mais ce projet de réseau dépasse le cadre des agglomérations et des régions et si la concertation avec elles et leur éventuelle contribution financière sont essentielles, c'est à l'Etat que revient l'autorité de définir, piloter, financer une telle offre ferroviaire, et à la SNCF d'en assurer l'exécution", a expliqué Jean Sivardière, président de l'association.
En quoi consiste ce projet ? Pour faire court, en un maillage plus serré qui, une fois plaqué sur le réseau existant, permettrait d'enrayer la dégradation de service que l'association déplore sur les liaisons interrégionales. "Et ce sans nouvelle consommation d'espace agricole ou naturel, ni de trop lourdes enquêtes préalables, puisque ce projet se fonde essentiellement sur la réouverture ou la modernisation de lignes existantes." Fondé sur deux groupes d'axes à remettre à niveau, il vise à rétablir des trajets directs devenus "impossibles" entre des villes importantes pourtant voisines, par exemple entre Nantes et Poitiers, Epinal et Dijon, Saint-Brieuc et Lorient, Rouen et Chartres, mais aussi des liaisons transversales qui ont disparu (Lyon-Toulouse, Lyon-Bordeaux), voire des liaisons radiales de type Paris-Bâle fragilisées selon la Fnaut par la concurrence du TGV. "Or TGV et TER ne répondent pas à tous les besoins des voyageurs, qui ont aussi à se déplacer d'une ville ou d'une agglomération à une autre. Le réseau proposé, composé de 19.000 km de lignes dont 7.600 à moderniser et 1.500 à rouvrir, pour un investissement estimé à 10 milliards d'euros, permettrait de relier entre elles la quasi-totalité des aires urbaines de plus de 60.000 habitants et de desservir 80% des agglomérations moyennes", a poursuivi la Fnaut.
Point fort du projet : il ne se concentre pas seulement sur des liaisons entre grandes villes, mais intègre aussi dans une logique d'aménagement du territoire la desserte de zones moins peuplées, pour laquelle "l'offre devra être suffisante, mais avec du matériel moins capacitaire plus difficile à rentabiliser". En termes de financement, l'association suggère de recourir à "une partie du produit de la taxe carbone ou à des écotaxes sur le trafic aérien intérieur et autoroutier". Elle a aussi demandé à ce que son projet s'inscrive dans le schéma national d'infrastructures de transports (Snit), qui s'élabore selon elle dans le plus total secret.
Enfin, en termes de modèle d'exploitation, ce réseau devrait s'inspirer du modèle de gestion des TER et, en termes de gouvernance, sur un regroupement préalable des services moyenne et longue distance existants qui, selon l'association, sont actuellement mal coordonnés car ils sont gérés par trop de décideurs différents, à savoir par exemple les régions pour les TER interrégionaux et la direction Proximités de la SNCF pour les Corail Intercités.
Morgan Boëdec / Victoires-Editions