Hébergement - Deux demandes sur trois faites au 115 n'ont pas abouti en 2012
La Fnars publie le bilan 2012 de l'Observatoire annuel du 115 et revient à la charge sur les insuffisances d'un dispositif dépassé par la montée de la demande. Selon la fédération, "l'activité du 115 [en 2012, NDLR] révèle une nouvelle fois les limites de la gestion de l'urgence sociale, prise dans l'étau d'une augmentation de la demande et d'une absence de solutions pour y répondre". Mais, au-delà de ce "dispositif sous tension qui ne parvient plus à répondre aux demandes", la Fnars estime aussi que "le système dans son ensemble démontre son incapacité à sortir les personnes de l'urgence pour les accompagner vers des solutions plus pérennes".
Des demandes en hausse de 30% sur un an
Les chiffres publiés dans le rapport 2012 étayent la démonstration. Dans les 37 départements participant à l'Observatoire national, les demandes adressées au 115 - essentiellement la recherche d'une solution d'hébergement - ont augmenté de 30% entre janvier et décembre 2012. Sur les 93.996 personnes ayant appelé le 115 dans les départements tests, 45% sont des hommes isolés, 35% des familles, 11% des femmes seules, 6% des couples sans enfant et 3% des groupes d'adultes sans enfant. Si les familles sont moins nombreuses en termes d'effectifs, elles multiplient en revanche les demandes dans l'espoir de trouver une solution. Le rapport signale également la montée des demandes émanant des jeunes (17% des appelants en 2012), ainsi que la forte progression des demandes émanant des personnes de nationalité étrangère, qu'elles soient ressortissantes de pays de l'Union européenne (+26%) ou issues de pays hors Union européenne (+50%).
Face à cette pression, près de deux demandes sur trois (64%) n'ont pas donné lieu à un hébergement. Un chiffre sur l'ensemble de l'année 2012 très voisin de celui constaté sur le récent bilan de l'hiver 2012-2013, soit 58% (voir notre article ci-contre du 12 juin 2013). Selon le rapport, ces non-attributions d'un hébergement s'expliquent à 68% par l'absence de places disponibles. La Fnars dénonce à nouveau la gestion "au thermomètre du dispositif", puisque les taux les plus élevés (62%) d'attribution de places d'hébergement sont observés en février 2012, lors du déclenchement des plans Grand Froid sur les territoires (ce qui laisse tout de même plus d'un tiers de demandes d'hébergement non satisfaites au plus fort du plan Grand Froid). Mais la Fnars rappelle aussi que "60% à 70% des demandes demeurent sans solution en novembre et décembre 2012" et qu'"au printemps et en été, les demandes au 115 sont aussi nombreuses, voire plus, du fait de la fermeture des structures".
Les insuffisance de l'accès à une solution durable
De ces différents éléments, le rapport tire la conclusion que le principe de l'inconditionnalité de l'accueil n'est plus respecté. La Fnars estime ainsi que "l'absence de disponibilité aboutit à une sélection des publics" et que "les femmes, les familles, les jeunes et les personnes de nationalité étrangère sont moins bien hébergés que les hommes seuls isolés". En aval de l'accueil d'urgence, la Fnars dénonce "l'inadaptation des réponses et l'incapacité du dispositif d'hébergement à favoriser l'accès à des solutions durables pour les personnes qui se voient attribuer une solution d'hébergement". Le rapport met notamment en cause la durée trop courte des orientations, l'absence d'évaluation sociale et l'inadéquation des solutions proposées par défaut. L'hébergement en hôtel - jugé unanimement mal adapté au-delà de la mise à l'abri - constitue ainsi la solution majoritaire dans plusieurs départements de l'échantillon, notamment pour les familles. En 2012, 58% d'entre elles étaient logées en hôtel.