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Emploi - Destructions et créations d'emplois : la France "durablement installée dans la crise"

D'après le baromètre de FIE et Kurt Salmon, le nombre de destructions d'emplois a baissé de 31% entre 2012 et 2013. Mais le nombre de créations d'emplois est également orienté à la baisse. Le solde est négatif de près de 15.000 emplois en moins, essentiellement dans l'industrie. Tour d'horizon des régions les plus touchées.

Entre 2012 et 2013, le nombre de destructions d'emploi a baissé de 31% d'après le cinquième baromètre annuel de France industrie et emploi (FIE) et Kurt Salmon, publié le 20 mai 2014. Au total, 68.458 destructions d'emplois sont ainsi comptabilisées en 2013 dans les entreprises manufacturières et de services de plus de dix salariés, contre 99.689 en 2012. La baisse concerne aussi bien les services (-35,8%) que l'industrie (-33,6%). En revanche, les destructions d'emploi se sont multipliées dans le secteur de la construction, passant de 2.117 en 2012 à 4.676 en 2013, soit une augmentation de 121%.
"Sur la durée, entre 2011 et 2013, la situation générale est négative, indiquent les auteurs du baromètre, la France est durablement installée dans la crise."
Car les créations d'emploi privés et publics ne parviennent pas à compenser les destructions d'emploi. Le solde entre les deux reste négatif (-14.844). Les créations ont diminué de 18% l'an dernier, passant de 65.261 en 2012 à 53.614. Le nombre de créations d'emploi a particulièrement chuté dans le secteur de l'industrie (-39,5%). "Il s'agit d'un point d'alerte, car cela correspond exactement au niveau des années 2008-2009, en pleine crise", a signalé Michel Ghetti, président de FIE. Les services subissent une baisse de seulement 3% et le nombre d'emplois créés dans la construction est identique en 2012 et en 2013. Mais "les créations d'emploi dans les services ne parviennent pas à compenser la chute des créations dans le secteur industriel. Cette évolution confirme que la France s'est installée dans la crise entre 2012 et 2013", soulignent les auteurs.
Au niveau régional, les cinq régions les plus créatrices d'emploi sont l'Ile-de-France (45,7% des créations d'emplois sur la France), puis beaucoup plus loin, Midi-Pyrénées (6%), les Pays-de-la-Loire (5,4%), Rhône-Alpes (5,3%) et la Bretagne (5,2%).
La position de l'Ile-de-France comme région la plus créatrice d'emplois est renforcée par rapport à 2012. La région Midi-Pyrénées a gagné six places grâce à l'industrie aéronautique. Les Pays-de-la-Loire profitent des commandes des chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire, et des emplois créés dans l'Education nationale. La région Rhône-Alpes a quant à elle réintégré le top 5 des régions les plus créatrices d'emplois grâce au projet de la société informatique Sopra Group, implantée en Haute-Savoie, ainsi que des programmes de recrutements prévus par le ministère de l'Education nationale (343 pour l'Académie de Grenoble, 419 pour Lyon). En revanche, en Rhône-Alpe, aucun projet industriel innovant et d'envergure, "comparable à l'aéronautique dans le sud-ouest, la construction navale en Pays-de-la-Loire, ou la logistique dans le nord et la Picardie", n'a été identifié, précise le baromètre.

L'Alsace maintient un haut niveau de développement

En rapportant les créations d'emplois programmées au total de la population active, le classement ne change pas beaucoup. On retrouve l'Ile-de-France, Midi-Pyrénées et les Pays-de-la-Loire dans les premiers rangs. Seules la Picardie et la Basse-Normandie voient leur place chuter avec ce classement. "Cette évolution, assez significative, montre que la mutation, et le dynamisme économique de plusieurs territoires sont encore très dépendants, d'une part de la puissance publique (Education nationale notamment), d'autre part de quelques 'grands contrats' ponctuels, certes structurants, mais insuffisants pour diversifier le tissu économique des territoires", indiquent les auteurs du baromètre.
Côté destructions d'emploi, logiquement "les régions les plus créatrices sont aussi celles qui sont les plus destructrices d'emplois", a souligné Michel Ghetti, lors de la présentation de ces résultats, mardi. L'Ile-de-France (10.901), les Pays-de-la-Loire (9.141), et la Bretagne (5.324) apparaissent ainsi en première ligne des régions les plus destructrices d'emplois, aux côtés de la région Nord-Pas-de-Calais (3.841). Le Centre est la région qui subit la plus forte hausse des destructions d'emplois. La région passe de la quinzième à la sixième place du classement en un an. Les pertes d'emplois dans la sous-traitance industrielle et les restructurations de sites administratifs (base aérienne de Châteaudun, hôpitaux) expliquent cette tendance. "Inversement, Rhône-Alpes, grâce à son dynamisme et la forte tertiarisation de son économie, principalement autour de la métropole lyonnaise, passe de la seconde à la huitième place", détaille le baromètre.
L'Alsace passe quant à elle de la neuvième à la quinzième place. Malgré les restructurations des armées et les projets de fermetures d'entreprises industrielles, la région reste compétitive et dynamique, "aussi bien dans l'industrie de pointe, que les services (institutions européennes à Strasbourg, tourisme d'affaire, oenotourisme…), ce qui lui permet de maintenir un haut niveau de développement", précise le baromètre. "Mais la région commence à perdre très significativement de l'emploi au profit de l'Allemagne", a toutefois affirmé Michel Ghetti.
Si l'on rapporte les destructions d'emplois à la population active, cinq régions sont particulièrement touchées : Champagne-Ardenne, Bretagne, Haute-Normandie, Picardie et Franche-Comté. "Les classements 2012 et 2013 confirment que les territoires les plus industriels perdent le plus d'emplois", détaillent les auteurs.

Emilie Zapalski

Loi Florange : "aucun effet dissuasif"

D'après Michel Ghetti, président de France industrie et emploi (FIE), la loi du 29 mars 2014 visant à reconquérir l'économie réelle, dite loi Florange, n'est pas efficace. "Il n'y a aucun effet dissuasif pour les entreprises qui ont décidé de quitter le territoire, a-t-il souligné, tous ces textes s'empilent les uns sur les autres et ne permettent pas la recherche pérenne de l'emploi." La loi Florange, amputée de certaines de ses dispositions par le Conseil constitutionnel en mars 2014, oblige un employeur à rechercher un repreneur en cas de projet de fermeture d'un établissement rentable. Alors que les Sages avaient censuré les sanctions prévues, les députés ont tenté de remuscler le dispositif dans le cadre du projet de loi de développement de l'économie sociale et solidaire qu'ils ont adopté en première lecture le 20 mai, après le Sénat. Les députés ont ainsi ajouté deux dispositions : l'obligation de rechercher un repreneur en cas de fermeture d'un établissement comme condition de l'homologation du plan de sauvegarde de l'emploi par l'administration, et la possiblité pour l'administration de demander le remboursement d'aides versées dans les deux années précédentes en cas de fermeture d'un site pour lequel existait un repreneur.

E.Z.

 

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