Personnes âgées - Des perspectives plus favorables pour l'entourage des personnes dépendantes à l'horizon 2030
L'Institut national d'études démographiques (Ined) publie une étude intitulée "Comment les personnes dépendantes seront-elles entourées en 2030 ? Projections européennes". Celle-ci s'efforce d'anticiper les conséquences des évolutions démographiques et sociologiques sur la prise en charge de la dépendance. Les projections sur les évolutions de la pyramide des âges sont déjà bien connues. Elles confirment toutes une forte augmentation du nombre de personnes âgées de plus de 75 ans à l'horizon 2030 et cela dans l'ensemble des pays européens. Mais les informations les plus intéressantes de l'étude de l'Ined - et susceptibles de répercussions sur les modalités de prise en charge de la dépendance - concernent les évolutions sociodémographiques.
Ainsi, en l'an 2000 en Europe, les chances d'avoir un conjoint auprès de soi lorsque l'on a 75 ans ou plus et que l'on est en situation d'incapacité sont beaucoup plus élevées pour les hommes que pour les femmes : 60% contre 19%. La majeure partie des femmes (62%) ne peuvent compter que sur l'aide éventuelle d'un enfant. Elles se retrouvent également plus souvent que les hommes sans conjoint ni enfant (19% contre 12%). Ceci s'explique à la fois par l'espérance de vie supérieure des femmes et par les écarts d'âge au mariage. Mais cette situation devrait évoluer à l'horizon 2030 en raison de deux tendances de fond : la baisse du veuvage et la proportion croissante de divorcés. Le recul très marqué du veuvage des femmes, dû à la baisse de la mortalité et au rapprochement des espérances de vie entre hommes et femmes, contrebalancera largement la montée des divorces. Cela permettra aux femmes de compter plus souvent sur la présence d'un partenaire pour faire face à leur dépendance. La tendance est particulièrement marquée chez les Européennes de 85 ans et plus : à ces âges, la présence d'un conjoint sera, quasiment partout, trois fois plus fréquente en 2030 qu'en 2000 (22% contre 9%). Le même phénomène de baisse du veuvage s'observera chez les hommes de 85 ans et plus, leur permettant de bénéficier plus souvent du soutien d'un partenaire en cas de dépendance (53% en 2030 contre 42% en 2000). Les hommes de 75 à 84 ans seront également moins souvent veufs (13% en 2030 contre 21% en 2000), mais aussi plus fréquemment divorcés (13% contre 3%). Dans cette tranche d'âge, il y aura donc moins d'hommes en couple.
De même, la proportion de personnes sans enfant survivant diminuera ou restera stable (sauf en Allemagne, en Finlande et aux Pays-Bas). L'absence de tout soutien familial en cas de dépendance sera ainsi moins fréquente et, à l'exception des hommes de 75 à 84 ans, les Européens âgés en situation de dépendance bénéficieront d'un environnement familial renforcé, ce qui ne préjuge toutefois pas du désir et de la capacité de ce dernier à faire face à la dépendance du conjoint ou du parent. La question se pose d'autant plus que le profil des personnes âgées dépendantes et des aidants familiaux va lui aussi évoluer, avec en particulier le vieillissement de ces derniers.
Jean-Noël Escudié / PCA