Personnes âgées - Minimum vieillesse : des allocataires moins nombreux mais plus fragiles
Alors que se déroulent les discussions avec les partenaires sociaux autour du rendez-vous 2008 sur les retraites, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques des ministères sociaux (Drees) publie une étude sur les allocataires du minimum vieillesse. Mis en place en 1941, avant même la création des régimes actuels de retraite, ce dernier a pour objet d'assurer un minimum de ressources non contributif aux personnes âgées de 65 ans et plus (60 ans en cas d'invalidité ou d'inaptitude au travail) qui ne disposent pas ou n'ont pas acquis suffisamment de droits propres à une retraite. Depuis le 1er janvier 2007 et en application d'une ordonnance du 24 juin 2004, les différentes composantes du minimum vieillesse sont remplacées par une prestation unique pour tous les nouveaux bénéficiaires : l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa). Au début du mois de février, le chef de l'Etat a annoncé une revalorisation de 25% en cinq ans du minimum vieillesse, dont 5% dès le 1er avril 2008.
Au 31 décembre 2006, 599.000 personnes bénéficiaient de l'allocation supplémentaire du minimum vieillesse (ASV, qui constitue la principale forme de ce dernier), soit 4,5% des personnes de 65 ans et plus. Les dépenses correspondantes, financées par le Fonds de solidarité vieillesse (FSV) représentaient environ 1,9 milliard d'euros, dont 1,6 milliard au titre de l'ASV. Ces chiffres sont à comparer aux 213 milliards d'euros versés en 2006 par les différents régimes de retraite. L'amélioration continue des retraites au cours des dernières décennies a entraîné une forte réduction du nombre des bénéficiaires du minimum vieillesse. D'environ 2,5 millions en 1960, celui-ci a depuis lors été divisé par quatre. Mais les 600.000 bénéficiaires restants constituent un public fragile, souvent également pris en charge à des titres divers par les dispositifs en faveur des personnes âgées mis en oeuvre par les collectivités territoriales.
Outre leurs faibles ressources, les bénéficiaires du minimum vieillesse se caractérisent également par un âge important, avec une moyenne de 76,4 ans (contre un âge moyen de 73 ans pour les retraités ne percevant pas le minimum vieillesse). Les 85 ans et plus représentent ainsi 20% des bénéficiaires, contre seulement 8% pour les non allocataires. On compte également une forte proportion de personnes isolées (70%, contre 45% pour les non allocataires). Les femmes sont majoritaires au sein des allocataires du minimum vieillesse (62% contre 55% parmi les non allocataires) et leur proportion s'accroît avec l'âge, du fait de leur longévité supérieure à celle des hommes. Grand âge et dépendance favorisent inévitablement les phénomènes de dépendance et le besoin d'aide à domicile ou d'accueil en établissement, financés notamment par l'aide sociale des départements compte tenu des très faibles ressources des intéressés.
Jean-Noël Escudié / PCA