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Grand Paris - Des députés proposent de délocaliser l'aéroport d'Orly

La loi sur le Grand Paris avait omis la desserte aérienne : fort de ce constat et du diagnostic d'un aéroport d'Orly "sous-utilisé", une soixantaine de députés UMP entendent ouvrir le débat sur sa délocalisation. Après le dépôt formel de la proposition de loi "desserte aérienne du Grand Paris" le 1er juin et une première opposition d'élus du Val-de-Marne - où est implanté l'aéroport  -, le porteur du texte est monté au créneau le 29 juin, lors d'une conférence de presse. Didier Gonzales, l'un des quatre députés UMP du Val-de-Marne (sur les huit du département) soutenant ce texte et maire de Villeneuve-le-Roi, commune limitrophe de l'aéroport, parle d'une "nécessité" pour absorber le "doublement prévu" du trafic aérien dans les vingt prochaines années et pour que Paris reste "une porte d'entrée européenne". "Pour être conforme aux aspirations du Grand Paris et aux prescriptions du Grenelle de l'environnement, le champ de réflexion se rétrécit", a-t-il argumenté.
Situé à 14 km au sud de Paris, Orly est au coeur d'une zone très urbanisée et s'il peut théoriquement accueillir 450.000 mouvements par an (Roissy est à 550.000), le nombre de décollages et d'atterrissages a été limité à 200.000 et assorti d'un couvre-feu entre 23h30 et 6h00 pour préserver le demi-million d'habitants survolés. "On serait visionnaire en pensant à l'avenir tout comme on l'avait été en créant Roissy (pour décharger Orly). C'est une fantastique opportunité pour rééquilibrer les emplois et faire de l'Haussmann", a assuré Didier Gonzales. L'enclave aéroportuaire de 1.529 hectares (soit la taille de Nancy ou encore 10 fois le quartier de La Défense), dont la desserte en transports en commun doit être renforcée dans le cadre du Grand Paris, représente en outre "une opportunité foncière" importante dans un contexte de pénurie de logements, a fait valoir le député.

Un texte qui ne fait pas l'unanimité

Le nom de l'aéroport de Vatry (Marne) a été cité par le député comme possible candidat pour accueillir les activités liées à Orly mais la proposition de loi, qui se compose de trois articles n'en fait pas mention. L'article 1er du texte rappelle son objectif, à savoir "compléter la loi du Grand Paris afin de faire face aux enjeux de sa desserte aérienne, en limitant au maximum les nuisances dans les parties urbanisées du territoire francilien et en appréhendant autrement l'aménagement foncier de la région-capitale". L'article 2 modifie l'article 1er de la du 3 juin 2010 relative au Grand Paris en précisant que ce projet s'inscrit aussi dans le maillage du réseau aérien national afin de réduire les déséquilibres territoriaux. L'article 3 complète l'article 2 de la loi sur le Grand Paris en indiquant que "la création d'un système aéroportuaire assurant la desserte aérienne du grand bassin parisien est un objectif d'intérêt national". Il prévoit également que le gouvernement présente au Parlement avant le 1er janvier 2012 un rapport sur la mise en place du système aéroportuaire du Grand Paris. Ce document devra prendre en compte "la nécessité de soulager les nuisances aériennes actuelles subies par les populations habitant dans les secteurs urbanisés du Grand Paris et de garantir une attractivité forte de la région-capitale". Le rapport devra aussi envisager "toutes les options permettant notamment de rééquilibrer l'aménagement du territoire francilien, d'améliorer l'habitat et de répondre aux objectifs de 70.000 logements par an" fixés par la loi Grand Paris. Enfin, il devra présenter "toutes les possibilités de réorganisation des plateformes desservant actuellement le bassin parisien, y compris la délocalisation des plateformes les plus insérées dans un tissu urbain dense comme celle d'Orly et le plafonnement de Roissy-Charles-de-Gaulle et son couvre-feu".
La proposition de loi attend maintenant d'être examinée en commission. Mais le texte fait déjà débat dans les rangs mêmes de la majorité. Françoise Briand, députée UMP de l'Essonne, a ainsi annoncé le 30 juin qu'elle retirait sa signature du texte, estimant que son objet, qui s'inscrit dans la réflexion sur le Grand Paris, avait été détourné. Soulignant la source d'attractivité que représente Orly pour son département (plus de 173.000 emplois, plus de 18.000 entreprises et près de 2.000 chambres d'hôtel), elle a affirmé dans un communiqué qu'elle n'avait jamais voulu proposer de délocaliser l'aéroport, même si elle reste convaincue de la nécessité "d'ouvrir un débat sur le projet du Grand Paris et du Grenelle de l'environnement, de réfléchir à une valorisation de nos territoires qui conjugue emplois, production de richesse et respect du cadre de vie".

Anne Lenormand

Nouveaux projets de réduction des nuisances sonores autour des aéroports parisiens

La ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a annoncé le 29 juin sa décision de mettre en service le dispositif de relèvement de 300 mètres  des trajectoires pour Paris-Orly et pour la configuration face à l'Ouest de Paris-Charles de Gaulle et du Bourget à l'automne 2011. Ces projets ont reçu en juin les avis favorables des enquêtes publiques, des différentes commissions consultatives de l'environnement (CCE) et de l'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (Acnusa). "Le projet concernant la configuration face à l'Est de Paris-Charles de Gaulle nécessite des précisions complémentaires pour tenir compte des avis de la CCE et de l'Acnusa pour une décision finale en juillet", a précisé le ministère de l'Ecologie dans un communiqué. Les relèvements doivent permettre de réduire de moitié les nuisances sonores et de 60% les personnes exposées à un bruit supérieur à 65 décibels (par comparaison, le passage d'un gros camion génère un bruit de 90 décibels).
Par ailleurs, le ministère souligne que le dispositif d'aide à l'insonorisation va être renforcé pour les deux prochaines années. Les populations exposées bénéficieront d'une prise en charge à 100% de leurs travaux d'insonorisation au lieu de 80% à 95% actuellement.

A.L.

 

 

 

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