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Aménagement - Grand Paris : le débat public prévu pour septembre

Après les députés la veille, c'était au tour des sénateurs de voter le projet de loi sur le Grand Paris, jeudi soir. Les premiers coups de pioches vont pouvoir commencer. Enfin pas tout à fait. Place d'abord au débat public, aussi bien pour le projet gouvernemental de grande boucle que celui d'Arc Express porté par la région et le Stif. C'est d'ailleurs le principal compromis trouvé en commission mixte paritaire la semaine dernière : après avoir été retiré par les sénateurs, le projet régional de rocade par métro automatique a été réintroduit à l'initiative des députés UMP. Les consultations vont donc démarrer simultanément dans un délai de quatre mois, vraisemblablement en septembre, a annoncé mercredi devant les députés, le secrétaire d'Etat au développement de la région capitale, Christian Blanc. "Chacun des deux dossiers sera ainsi enrichi des éléments de consultation de l’autre afin de mieux informer le public", a expliqué le rapporteur de la CMP, le député Yves Albarello.
Conséquence de ces mois de lutte entre Etat et collectivités, le projet de loi est un condensé de deux visions différentes, celle de la ville-monde capable de rivaliser avec les métropoles émergentes et celle du bien-être de ses habitants. Il y aura donc deux projets superposés : la double boucle (130 km) qui, à partir de la ligne 14 permettra de relier une dizaine de pôles de compétitivité et clusters (Plaine-Commune, Roissy, Orly, Saclay, Défense, Champs-sur-Marne, Evry, Seine-Oise et Montfermeil-Clichy-sous-Bois) et Arc Express (60 km), davantage centré sur l'agglomération. Mais la juxtaposition de ces deux réseaux obligera à revoir les hypothèses de financement. "Le rapport de la commission Carrez a été consciencieusement oublié et l’on ne trouve rien sur ce sujet dans la loi de finances 2010, pas plus que dans le texte sur le Grand Paris ou le grand emprunt", n'a pas manqué de souligner la députée Annick Lepetit.

 

Mise en service en 2023

Après les consultations, les premiers contrats de développement territorial autour desquels s'articulera le réseau pourront être signés avec les communes. Le début des travaux est annoncé pour 2013 pour une mise en service en 2023, selon les pronostics de Christian Blanc.
La CMP a apporté quelques ultimes modifications. Elle a décidé de porter de 250 à 400 mètres le périmètre dans lequel la Société du Grand Paris (SGP) pourra intervenir autour des gares (une quarantaine sont concernées par le projet de Grande Boucle). Par ailleurs, la mise en œuvre de la taxe sur les plus-values immobilières liée à la réalisation des infrastructures a été modifiée : elle s'appliquera à taux plein dans un rayon de 800 mètres autour des gares et à demi-tarif entre 800 et 1.200 mètres. Les parlementaires ont également ajouté une ligne TGV, non prévue à l'origine, qui reliera Roissy et Orly en passant par Marne-la-Vallée, ce qui optimisera "sensiblement l’efficacité de la double boucle", selon Yves Albarello. Enfin, ils ont rétabli la possibilité de financer le projet privé de CDG Express destiné à relier Roissy à la gare de l'Est.
Christian Blanc a joué l'apaisement et s'est dit  prêt à débloquer le dossier du Sdrif (schéma directeur régional d'Ile-de-France) que, depuis plus d'un an, le gouvernement se refuse d'envoyer au Conseil d'Etat. "Après l'approbation de la loi, je proposerai à la région, sur la base du protocole d'accord sur le Sdrif acté en juillet 2009, de travailler de concert pour rechercher toutes les voies de notre complémentarité dans le respect des compétences de chacun", a déclaré Christian Blanc. Une invitation boudée par le président du conseil régional Jean-Paul Huchon qui a indiqué, mercredi, qu'il se rendrait prochainement à l'Elysée avec le maire de Paris Bertrand Delanoë, pour un déjeuner.

Michel Tendil