Tourisme - Débuts poussifs pour la saison d'été
Les lamentations des professionnels sur le mauvais début de saison estivale, suivies quelques semaines plus tard par de bons chiffres qui "sauvent la saison", sont un grand classique de l'industrie touristique. Une certaine prudence est donc de mise face aux premiers bilans souvent présentés comme catastrophiques. Pourtant, il semble bien que, contrairement aux précédentes, l'année 2012 s'annonce effectivement comme un cru plutôt médiocre. Si les chiffres officiels ne sont pas encore connus - les dernières statistiques de la DGCIS sur la conjoncture hôtelière portent sur le mois de mai, qui affiche une hausse de fréquentation de 3% -, les premières tendances sur le mois de juillet semblent afficher une propension à la baisse.
Encore faudrait-il que les experts accordent leurs violons. Pour Didier Arino, responsable du cabinet Protourisme, tous les secteurs sont orientés à la baisse, à l'exception notable des villages de vacances, l'une des formes de tourisme les moins chères et à la vocation sociale revendiquée. La fréquentation serait ainsi en recul de 5% dans les campings, grands gagnants de ces dernières années, de 10% dans les hôtels des stations balnéaires et de 12% dans les appartements meublés. Mais dans son communiqué du 30 juillet, le cabinet MKG Hospitality, spécialisé dans l'hôtellerie, affiche une vision assez différente et sensiblement moins pessimiste, même si elle ne porte que sur les hôtels. Selon lui, "le premier bilan de la saison à la fin juillet, n'indique pas, loin de là, d'effondrement de l'activité, en dépit des incertitudes économiques, des évolutions de comportement des consommateurs et de la concurrence d'autres destinations". MKG évoque ainsi des taux d'occupation des hôtels en hausse de 0,4 point sur l'Atlantique et de 3,1 points sur la Manche (dopée par les Jeux de Londres et l'installation d'équipes nationales en attente de rejoindre le village olympique). Les taux sont en revanche stables pour le Languedoc et en recul pour la Bretagne (-1 point) et la Côte d'Azur (-2,1 points). Ces évolutions contrastées débouchent au final sur une stabilité du taux moyen d'occupation, à 79%.
Les deux cabinets s'accordent en revanche pour considérer que le grand gagnant de la saison estivale, voire de toute l'année 2012, devrait être... Paris. Selon MKG, les hôtels parisiens enregistrent des résultats "remarquables", avec des niveaux d'occupation supérieurs à 91% et une hausse du chiffre d'affaires par chambre de 6,9% (contre -0,6% pour l'ensemble de l'hôtellerie française) : " La destination Paris continue de faire rêver la clientèle internationale, un rêve plus accessible grâce à un recul de l'euro sur le marché des changes."
Sur les autres formes d'hébergement, la première raison du recul tient à une météo exécrable, notamment sur tous les territoires du nord de la Loire. La seconde résulte de la crise économique. Sans remettre en cause leur départ en vacances, les Français et les touristes européens se montrent de plus en plus attentifs aux prix. C'est ce qui explique à la fois le succès des villages de vacances et le recul de la fréquentation des hôtels sur la Côte d'Azur, région considérée comme la plus chère durant la période estivale. Cette attention accrue portée aux prix pourrait toutefois avoir un effet bénéfique sur la seconde moitié d'août, période à partir de laquelle les établissements proposent traditionnellement des réductions substantielles.