Social / Tourisme - Le taux de départ en vacances des plus démunis a chuté avec la crise et ne repart pas
Le taux de départ en vacances des Français les plus démunis (les 10% de revenus les plus faibles) est passé de 47% au début de 2007 - c'est-à-dire juste avant le début de la crise mondiale - à 36% en juin 2008. Depuis lors, il stagne autour de ce niveau (37% en juin 2012), observe le Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) dans une note de synthèse consacrée au départ en vacances des catégories les plus défavorisées.
Le taux de départ en vacances est calculé sur la base des réponses positives à la question "Au cours des douze derniers mois, êtes-vous parti en vacances au moins quatre nuits consécutives hors de votre domicile (pour des motifs autres que professionnels) ?". Les classes moyennes inférieures (déciles 2 à 5) ont connu, quant à elles, une baisse beaucoup plus faible (de 41% au début de 2007 à 39% en juin 2008) et - surtout - connaissent depuis lors un net redressement de leur taux de départ en vacances, passé de 39% à 45% en juin 2012.
Décrochage
Les classes moyennes supérieures (déciles 6 à 8) et les catégories aisées ont connu des évolutions similaires, mais avec des taux de départ en vacances nettement plus élevés (respectivement 67% et 82% en juin 2012). Conséquence : si l'on considère l'ensemble de la population, le taux de départ en vacances moyen est passé de 56 à 52% en 2007-2008, mais il est aujourd'hui remonté à 58%.
Les foyers les plus pauvres représentent donc bien une situation particulière, avec un décrochage non rattrapé depuis 2008. 66% des foyers pauvres non partants évoquent des raisons financières, alors que ce taux n'est que de 22% chez les non partants des catégories aisées. Mais les foyers modestes sont aussi moins à même - contrairement aux autres catégories - de tirer parti de solutions alternatives du type "bon plans" ou solutions familiales : ils sont moins connectés à internet (66% contre 94% chez les catégories aisées), possèdent moins souvent une voiture (49% contre 95%) et ont un réseau amical moins développé (65% reçoivent des amis au moins une fois par mois contre 79% pour les catégories aisées).
Une mission sur l'accès aux vacances pour tous
Sylvia Pinel avait annoncé, lors de la présentation des priorités du gouvernement pour le tourisme (voir notre article ci-contre du 13 juillet 2012), qu'"une mission sur l'accès aux vacances pour tous sera confiée rapidement à une personnalité qualifiée". Celle-ci sera chargée de "dresser un état des lieux des dispositifs existants, en particulier ceux du financement de la réhabilitation des équipements de tourisme social et de l'Agence nationale des chèques vacances". La ministre du Tourisme entend notamment porter une attention à la situation des jeunes, "population particulièrement touchée par ces inégalités, puisque trois millions de jeunes sont exclus du départ en vacances". Ces travaux devraient déboucher sur un plan d'action 2013-2017 en vue de réduire la "fracture touristique". Sylvia Pinel a réitéré cet engagement le 13 juillet à l'occasion de la visite, dans les Côtes d'Armor, d'un village vacances du VVF entièrement rénové.