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Développement des territoires - De nouveaux investissements publics pour Marseille et sa future métropole

Au terme d'un comité interministériel réunissant neuf ministres dans la cité phocéenne, Manuel Valls a dévoilé le 29 mai le détail de plusieurs centaines de millions d'euros d'investissements publics sur le territoire de la future métropole Marseille-Aix-Provence, tout en affichant sa fermeté face aux élus locaux qui lui réclamaient davantage de moyens pour la création de la nouvelle collectivité.

"L'Etat veut aider Marseille", a assuré le Premier ministre, le 29 mai, vantant le soutien "sans précédent" à la ville mené par le gouvernement et son prédécesseur Jean-Marc Ayrault depuis 2012. En déplacement dans la cité phocéenne avec neuf ministres, Manuel Valls - dont la quasi-totalité des 50 mesures affichées étaient déjà annoncées ou financées - a confirmé une enveloppe exceptionnelle de l'Etat de 50 millions d'euros pour mettre en place la métropole, mais a appelé à la "responsabilité" les élus qui, à l'issue d'un petit-déjeuner avec lui, ont déploré une rallonge insuffisante. "On me disait: 50 millions par an ou 50 millions par mois? Dans ce domaine-là, il faut éviter la démagogie. Des élus ne peuvent pas être uniquement en train de demander plus d'argent", a tancé le Premier ministre. "Il y en a toujours qui diront 'ce n'est pas assez, il en faut plus'", a-t-il déploré.
Les présidents des intercommunalités qui doivent fusionner pour former la métropole Aix-Marseille-Provence en 2016 ont déploré le même jour devant les journalistes que les moyens ne soient pas à la hauteur des enjeux de cet ensemble de 92 communes, peuplé de 1,8 million d'habitants, sur 3.200 km2 au total. Manuel Valls a évoqué l'hypothèse d'une rallonge de 30 millions d'euros, mais seulement dans le cas où une péréquation des moyens serait mise en place pour les collectivités.

600 millions d'euros issus du contrat de plan 2015-2020

Pour son deuxième déplacement à Marseille en quatre mois, le Premier ministre a de plus détaillé, au terme d'un comité interministériel, l'attribution à Marseille de crédits provenant du contrat de plan Etat-région (CPER) 2015-2020 de 1,6 milliard d'euros qu'il a signé vendredi après-midi à l'hôtel de région avec le président de la région Paca, Michel Vauzelle. Au total, quelque 600 millions d'euros d'investissements publics issus du contrat de plan sont destinés au port de Marseille et aux transports sur le territoire de la future métropole Marseille-Aix-Provence. Ces derniers sont considérés comme un des gros points faibles de l'agglomération marseillaise, jugée par l'exécutif comme la moins bien pourvue en transports en commun parmi les grandes villes de France. Quelque 290 millions d'euros seront donc tirés du CPER pour des projets ferrés et routiers (déviations routières de Martigues Port-de-Bouc et de Miramas, modernisation de la voie ferrée Marseille-Gardanne-Aix, modernisation de la voie ferrée de la Côte bleue), a indiqué le Premier ministre. Sur ses propres financements directs, l'Etat abondera également de cinq millions supplémentaires la modernisation de la ligne Marseille-Aix. Quant au grand port maritime marseillais, qui peine à rivaliser avec ses concurrents du nord de l'Europe, il bénéficiera de 300 millions d'euros "afin de renforcer son potentiel de développement" et rivaliser davantage avec les grands ports d'Europe du Nord. Le Premier ministre a par ailleurs évoqué l'un des plus gros utilisateurs du port : la SNCM. Une solution concernant l'avenir de la compagnie maritime reliant la Corse au continent, sur lequel le tribunal de commerce de Marseille doit statuer le 10 juin, est "possible" et "peut-être à portée de main", a-t-il estimé.
A cela est venu s'ajouter le soutien affiché de l'Etat à plusieurs grands projets locaux (campus international pour la coopération et le développement, Institut méditerranéen de la ville et des territoires...), et quelques "coups de pouce" d'1 million d'euros, par exemple pour améliorer la sécurité de l'hôpital du nord de Marseille. "Il reste du chemin à faire mais nous sommes sur la bonne voie", a jugé Manuel Valls à propos du volet sécuritaire. Même si les statistiques globales de la délinquance affichent un recul depuis 2012, les règlements de compte ont continué toutefois à se produire régulièrement à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône ces derniers mois.
Ces annonces ont été fraîchement accueillies par le maire (UMP) de Marseille, pour qui "le compte n'y est pas". "Les mesures du Premier ministre, c'est beaucoup d'annonces et peu d'avancées", a ironisé Jean-Claude Gaudin sur Twitter à la mi-journée : "Le projet Valls est un remake des promesses non tenues de M. Ayrault. Tout était déjà dans les contrats de plan." La sénatrice PS Samia Ghali, maire des 15e et 16e arrondissements de Marseille, dans les quartiers Nord de la ville, a de son côté salué "des mots forts dans le discours de Manuel Valls" : "Marseille a été longtemps délaissée. L'Etat aujourd'hui veut aider #Marseille", a-t-elle jugé sur Twitter également. "Ceux qui disent que l'Etat ne fait rien pour Marseille feraient mieux de regarder qui se faisait avant : c'est-à-dire rien", a pour sa part argumenté Manuel Valls dans son discours au conseil régional, soulignant l'action de son propre gouvernement et de celui de Jean-Marc Ayrault.

A.L. avec AFP

Volet Logement : loi SRU, aides aux maires bâtisseurs, ORCOD, aides à l'hébergement, lutte contre l'habitat indigne...

Sylvia Pinel a présenté à Marseille une série de mesures en faveur de la construction et de la lutte contre l'habitat indigne et dégradé dans la future métropole Aix-Marseille-Provence. Dans le cadre de l'application de la loi SRU, un "plan d'actions départemental" sera élaboré d'ici fin 2015, auquel seront joints des "contrats de mixité sociale" signés entre la commune et l'Etat, pour chacune des communes carencées. Pour les communes qui ne voudraient pas signer un tel contrat, ce seront les préfets qui délivreront les permis de construire.
Dans le cadre de l'aide nationale aux maires bâtisseurs (2.000 euros par logement construit, voir notre article du 17 mars 2015), 4,8 millions d'euros pourraient être mobilisés sur les communes de la future métropole, "à l'exception des 37 communes carencées", a précisé la ministre du logement. L'EPF Paca (établissement public foncier) verra d'ailleurs son action "renforcée" afin de pouvoir exercer la délégation du droit de préemption urbain du préfet dans des communes carencées. En Paca, 88 communes sont concernées, dont 73 ont déjà conventionné avec l'EPF.
Afin de lutter contre les recours abusifs, "trop importants en Paca et sur la métropole", une mission d'évaluation sera lancée, à l'échelle de la région, sur l'évolution du traitement des recours et sur leur origine.
Le parc d'hébergement de Marseille étant "sous doté" et non adapté pour faire face aux 12.000 personnes sans-abri recensés, l'Etat prévoie notamment une hausse de 1,2 million d'euros de ses crédits. Le comité interministériel s'est également engagé à poursuivre la production de logements dans le cadre de l'opération d'intérêt national (OIN) Euromed, pour réaliser 14.000 logements sur 15 ans dans quatre zones d'aménagement concerté (ZAC). Il a également décidé d'étendre les missions de l'EPA Euromed pour lui permettre d'"intervenir sur de nouvelles opérations visant à traiter l'habitat privé indigne et dégradé".
L'Etat s'engage à déployer "des moyens supplémentaires" d'ici fin 2015/début 2016 pour lutter contre l'habitat indigne et dégradé et les copropriétés fragiles. Un protocole d'éradication de lutte contre l'habitat indigne serait élaboré d'ici fin 2015 avec la ville de Marseille et la future métropole.
Par ailleurs, le préfet remettra "d'ici à fin 2016" une étude de préfiguration d'opérations de requalification de copropriétés dégradées (Orcod), comme il en existe à Clichy-sous-Bois) pour les copropriétés les plus en difficultés. L'Etat s'engage à "organiser le relogement" dans le cadre du traitement des copropriétés en difficulté et de l'habitat dégradé, "en développant le plus amont possible une offre de logements accessibles aux ménages les plus modestes". L'habitat indigne et dégradé touche 377.000 résidences principales à Marseille et 40.400 sont repérées "potentiellement indignes". 6.000 copropriétés sont considérées "fragiles". V.L.