Sécurité - Un rapport dresse un "bilan pour le moins mitigé" des ZSP de Marseille
Alors que Bernard Cazeneuve a déjà annoncé vouloir généraliser la "méthode" des zones de sécurité prioritaire (ZSP) lancées en 2012, un rapport apporte quelques bémols aux succès qu'elle aurait prétendument obtenus. Du moins à Marseille. Ce rapport publié vendredi émane de l'Observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux, dirigé par le sociologue Laurent Muchielli.
"Il ressort que le bilan des zones de sécurité prioritaire est pour le moins mitigé", conclut ce document commandé par la préfecture.
Les trois auteurs - Camille Allaria, Emilie Raquet et Pierre Olivier Weiss - se sont rendus dans les cités du Clos de la Rose et de la Sauvagère pour évaluer les résultats de cette "méthode globale" qui, rappellent-ils, consistent en cinq phases : une phase répressive, une phase dissuasive (présence de plusieurs compagnies de CRS pendant plusieurs semaines), une phase d'amélioration du cadre de vie (enlèvement des épaves, réhabilitation des parties communes, etc.), et une phase de "SAV"… Or le trafic de drogue, "point central de l'approche globale", est un phénomène "qui n'a jamais été durablement stoppé". "Il a pu momentanément s'arrêter et il a pu se déplacer", observent les rapporteurs, confirmant les craintes souvent formulés par les élus d'un "effet plumeau".
Pour les auteurs, ce constat n'est pas une surprise compte tenu, d'abord, du phénomène massif de la consommation de drogues en Europe, et donc de la demande, mais aussi de "l'ampleur des mécanismes d'exclusion socio-économique favorisant cette économie parallèle". "Les réseaux de vente (de cannabis essentiellement) prospèrent dans des zones où l'on constate systématiquement un taux de chômage très élevé chez les plus jeunes, une population qui se précarisent, un faible équipement culturel, un absentéisme scolaire marqué, une faible proportion de diplômés de l'enseignement supérieur." Le taux de chômage atteint ainsi les 56% au Clos !
Or, non seulement la présence massive de CRS n'a "pas eu d'impact particulier" sur le niveau de délinquance locale, mais des "freins considérables" persistent en matière d'échec et d'absentéisme scolaire, de grande précarité des familles… "La participation des habitants à la gestion politique du territoire demeure davantage un discours qu'une réalité", ajoutent les rapporteurs.
En définitive, le seul point vraiment positif semble tenir au partenariat local qui sous-tend l'approche sociale des ZSP. Les auteurs ont constaté une "coup de booster". "La meilleure coopération des acteurs institutionnels de terrain semble porter ses fruits en conduisant à une amélioration du cadre de vie des habitants", souligne le rapport.