Contrat d'engagement jeune : des débuts encourageants, selon le COJ
Les premiers résultats du contrat d'engagement jeune sont "encourageants", pour le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse qui a remis ce jour un rapport d'étape sur la mise en œuvre du dispositif. Le COJ formule toutefois 60 propositions et appelle en particulier à une meilleure prise en compte des jeunes en rupture, notamment par le renouvellement de l'appel à projets dédié et son ouverture aux collectivités.
Le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse (COJ), et plus particulièrement sa commission de l'insertion des jeunes, remettait ce 16 décembre 2022 au ministre du Travail un premier rapport d'évaluation sur la mise en œuvre du contrat d'engagement jeune (CEJ). Lancé en mars 2022 par les missions locales et Pôle emploi, le CEJ prend la suite de la Garantie jeunes comme dispositif privilégié de soutien à l'insertion professionnelle des 16-25 ans en difficulté. Pour rappel, le principe d'"un accompagnement intensif assorti d’une allocation" est le même que celui de la Garantie jeunes, mais la durée maximale n'est plus que de 12 mois (contre 18 mois pour la Garantie jeunes) et le public cible est élargi aux travailleurs précaires, en plus des "Neets" (ni en emploi, ni en étude, ni en formation), et également aux jeunes en situation de handicap de 26 à 30 ans.
Un "véritable changement de métier" pour les conseillers
La grande évolution tient surtout dans le "renforcement de l’intensité de l’accompagnement", avec l'obligation pour le jeune de participer à des activités diverses – accompagnement individuel, démarches personnelles telles que le passage du permis de conduire, actions en collectif assurées par l'opérateur, immersions en entreprises… - pour un volume de 15 à 20 heures par semaine. Pour le COJ, il s'agit là d'un "véritable changement de métier" pour les conseillers concernés, du fait notamment de la "nécessité de programmations hebdomadaires d’activités". Des retours du terrain montrent que cette évolution peut être perçue – et donc présentée aux jeunes – différemment selon les conseillers, certains valorisant "un parcours très motivant" et d'autres mettant l'accent sur le caractère obligatoire des heures d'activités.
Au global, "grâce à la forte mobilisation des équipes de Pôle emploi et des missions locales, les premiers chiffres révèlent des résultats encourageants", salue le COJ. Plus de 250.000 contrats étaient signés au 30 novembre 2022, sachant que l'objectif du gouvernement était d'atteindre 300.000 signatures – 200.000 contrats suivis par les missions locales et 100.000 par Pôle emploi - d'ici la fin de l'année. "Les premiers bénéficiaires sont particulièrement jeunes", "89% des jeunes bénéficiaires ont un faible niveau de qualification" et plus de 30% "résident dans des territoires dits en difficulté", relève le COJ.
Une difficulté à atteindre les jeunes les plus en difficulté
Toutefois, "les conditions de 'mise en marche à grande vitesse' ont conduit les opérateurs à positionner en priorité les jeunes connus du service public", soit environ trois quarts des bénéficiaires déjà connus au moment du lancement du contrat d'engagement jeune, poursuit le COJ. Ce dernier appelle donc à prioriser la recherche des jeunes "confrontés à des difficultés sociales prononcées, et plus particulièrement des publics 'hors radars'" du service public de l'emploi (notamment "les jeunes en errance, les jeunes sans domicile fixe, certains jeunes sortant de l’aide sociale à l’enfance").
Cela doit passer pour le COJ par l'organisation de nouvelles vagues d'appels à candidatures de l'appel à projets du CEJ dédié aux "Jeunes en rupture" (CEJ-JR) avec des conditions spécifiques – portage par des consortiums d'acteurs, implication des associations sportives et d'éducation populaire, financement de places de logements ou d'hébergement pour les jeunes vulnérables. Le COJ préconise d'ouvrir cet appel à projets aux missions locales et aux collectivités pour tenter d'"éviter les zones blanches".
Trouver des solutions pour les territoires les moins bien pourvus
Autre enjeu : "le manque de prise en compte des problématiques liées à la mobilité, en particulier pour les jeunes vivant dans les territoires ruraux ou périurbains" (voir notre article). Le COJ propose de mettre en place une concertation avec les collectivités sur ce sujet, suggérant de pallier le manque d'offre de services par l'expérimentation de tiers-lieux qui seraient "mis à disposition des acteurs du CEJ" dans les territoires.
Le COJ formule en outre plusieurs propositions pour faciliter l'accès des jeunes au dispositif : communication élargie, simplifications administratives, volume d'heures progressif pour s'adapter à la situation - du jeune ou du territoire, si l'offre de services est lacunaire - et ne pas décourager les jeunes les plus en difficulté. En effet, "une certaine 'sélection' des jeunes en fonction de leurs capacités à s'engager dans un parcours contraignant (15h à 20h d'activité à justifier) peut s'opérer", selon un témoignage provenant d'une mission locale.
Augmenter l'allocation et soutenir l'accès au logement
Si le COJ salue "l’indexation du montant de l’allocation du CEJ sur le RSA", il estime que le montant de cette allocation (520 euros) "ne permet pas à un jeune de vivre décemment" et demande à la fois une augmentation et une majoration pour les "jeunes décohabitants ou en voie de décohabitation sur les territoires les plus tendus".
En tout, 60 propositions sont mises en avant, sur l'articulation du CEJ avec d'autres dispositifs – notamment le contrat jeune majeur et le revenu de solidarité active -, sur l'accès au logement et la santé des jeunes les plus en difficulté, sur l'évaluation du dispositif et notamment sur "l’impact de la durée des contrats du CEJ sur l’accès à l’emploi durable". Tout un chapitre a trait aux collaborations entre acteurs, le COJ demandant notamment des référentiels nationaux ou locaux pour clarifier les critères d'orientation vers l'opérateur le plus adéquat, mission locale ou Pôle emploi.