Contrat d’engagement jeune : la Fédération des acteurs de la solidarité déjà sceptique
Candidates aux appels à projets "jeunes en rupture", les associations représentées par la Fédération des acteurs de la solidarité craignent un moindre recours au contrat d’engagement jeune. En cause : des informations peu lisibles concernant le versement de l’allocation qui accompagne ce dispositif.
Alors que devraient être prochainement dévoilés les résultats des appels à projets régionaux lancés par les services de l’État pour inciter les jeunes "en rupture" à signer un contrat engagement jeune (CEJ), les associations mobilisées pour aller chercher ces profils et les accompagner en tandem avec les missions locales (voir notre article du 27 avril 2022) expriment déjà leurs doutes. Dans une note publiée le 10 octobre, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) rapporte "une très forte lassitude" de ses nombreux adhérents ayant candidaté à ces appels à projets. En cause : leur "manque d’articulation avec des projets existants", qui "contribue à une impression d’empilement de dispositifs". Autre élément pointé par les acteurs associatifs : une durée d’ouverture des appels à projets trop courte.
Un risque de non-recours
La FAS identifie également un risque de non-recours lié à des informations "peu lisibles". Pour convaincre les jeunes d’entrer dans le dispositif, "le caractère cumulable ou non-cumulable des différentes ressources perçues par les jeunes avec l’allocation CEJ doit être clarifié", estime-t-elle. "Il existe également un risque de non-orientation des jeunes vers le CEJ par les professionnel.le.s par crainte de donner des informations erronées", ajoute l’organisation.
Des jeunes moins solvables
Tandis que la garantie jeunes autorisait le cumul de l’allocation avec les revenus perçus en tant que stagiaires de la formation professionnelle, la déduction intégrale de ces ressources de l’allocation impliquée par le CEJ inquiète également la FAS. "Un tel recul pour la solvabilisation du public concerné aura pour conséquence la diminution de la capacité des jeunes à pouvoir répondre aux offres de logement, y compris aux résidences sociales et foyers de jeunes travailleurs", souligne la fédération.
Autre problème : le versement de l’allocation CEJ est intégralement suspendu pendant la période durant laquelle le jeune perçoit des revenus liés à son emploi en structure d’insertion par l’activité économique. Avec le risque majeur, selon la FAS, que les jeunes se désintéressent de ces contrats d’insertion.
Des jeunes étrangers empêchés
La FAS relève enfin que "l’accès au CEJ de jeunes étrangers est empêché pour des exigences de documents administratifs". Plusieurs territoires exigent en effet la présentation d’un numéro de sécurité sociale définitif, alors que la circulaire du 21 février 2022 relative à l’application du CEJ ne fait état d’aucune exigence en la matière pour ce qui est de jeunes ressortissants de pays tiers, demandeurs d’asile ou mineurs non accompagnés confiés à l'aide sociale à l’enfance.