Dépendance - Cinquième risque : les départements s'impatientent, les Français s'inquiètent

Intervenant le 15 mai dernier lors d'un colloque sur la dépendance organisé par le quotidien Les Echos, Valérie Létard a répété une nouvelle fois avoir adressé, avec Brice Hortefeux, "des propositions au président de la République et au Premier ministre". Elle n'a pas évoqué de délai, se contentant d'indiquer que "le calendrier n'est à ce stade pas précisé mais s'inscrira dans le cadre de la prochaine année scolaire comme l'a indiqué le Président" (autrement dit avant juin 2010). La secrétaire d'Etat chargée de la solidarité a en revanche pris bien soin de rappeler "que nous sommes confrontés à une crise sans précédent depuis 1929" et que "force est de reconnaître que les marges de manoeuvre budgétaire sont étroites". "Il n'est donc pas anormal de se poser et de s'interroger sur la manière dont on peut construire le cinquième risque dans ces conditions", a-t-elle poursuivi. Intervenant à son tour, le 19 mai, devant le conseil d'administration de la Caisse nationale d'allocations familiales (Cnaf), Brice Hortefeux a procédé à un tour d'horizon des grands dossiers sociaux... mais n'a pas dit un mot du cinquième risque.
Devant la multiplication des reports de date et face aux incertitudes qui continuent de planer sur le cinquième risque, les départements commencent à hausser le ton. Dans un communiqué du 19 mai, l'Association des départements de France (ADF) réagit ainsi à la publication des statistiques 2008 sur l'allocation personnalisée d'autonomie et sur la prestation de compensation du handicap (voir notre article ci-contre du 18 mai 2009). Au-delà de la contestation des chiffres, l'ADF regrette le "silence radio" du gouvernement et s'interroge : "Quid des promesses du gouvernement concernant le cinquième risque ?" En attendant une réponse, l'association estime qu'"une fois de plus, l'Etat communique sur les politiques publiques, mais n'agit pas et laisse les collectivités financer la solidarité nationale".
Au même moment, à l'occasion de Géront'Expo et Handicap Expo, la Fédération hospitalière de France (FHF) publie la cinquième vague de son sondage annuel sur "Les Français et le grand âge". Réalisée par TNS Sofres, cette étude très riche en enseignements montre que 71% des répondants jugent insatisfaisante la prise en charge des personnes âgées par les pouvoirs publics. Le nombre d'insatisfaits a progressé de 16 points en cinq ans. De même, 78% des Français estiment qu'on ne parle pas assez des problèmes et de la prise en charge des personnes âgées (+15 points en quatre ans). Les inquiétudes sont d'autant plus vives que les Français se sentent désarmés face à la dépendance. Ainsi, 55% d'entre eux estiment qu'ils ne seraient pas capables d'assurer la prise en charge d'une personne âgée dépendante de leur entourage. Mais le recours à un établissement inquiète également, dans la mesure où 76% des répondants estiment qu'ils ne pourraient pas faire face au coût mensuel moyen de 2.200 euros pour l'accueil d'un de leurs parents (cette crainte étant fortement corrélée au niveau de revenu). Enfin, en termes de prise en charge, une majorité de répondants se déclare en faveur d'un financement fondé sur la solidarité nationale, mais tenant compte de la capacité contributive des personnes couvertes. Près d'un quart des Français (24%) se déclare cependant favorable à un système assurantiel laissé à l'initiative de chacun.

 

Jean-Noël Escudié / PCA