Développement durable - Cinq ans après le Grenelle de l'environnement, la France peut mieux faire
Depuis le Grenelle de l'environnement, la France a fait des efforts mais pourrait nettement mieux faire, estime un rapport commandé par le ministère de l'Ecologie dont la version finale doit être publiée avant la conférence environnementale des 14 et 15 septembre. Réalisé sous l'autorité de Thierry Wahl, inspecteur des Finances, ce "rapport d'étape" obtenu le 31 août par l'AFP propose trente indicateurs permettant de mesurer le chemin parcouru pour atteindre les objectifs fixés pour 2020 par le Grenelle. Parmi les thèmes choisis figurent le bâtiment, l'urbanisme, les transports, l'énergie, le climat, la biodiversité, l'eau, l'agriculture, les risques sanitaires, les déchets... Pour un nombre "significatif" d'indicateurs, "l'évolution est satisfaisante", relève le texte. Mais pour quelques-uns, "les évolutions sont plus préoccupantes".
Dans 11 domaines, les objectifs sont en passe d'être atteints, voire dépassés. La production d'ordures ménagères non-recyclées est ainsi passée de 391 kg par habitant et par an en 2007 à 374 en 2009. Encore un petit effort pour atteindre l'objectif de 363 kg en 2013. Le recyclage se développe en parallèle, passé de 31% en 2006 à 35% en 2010 : l'objectif 2012 est donc déjà atteint depuis deux ans. Bonne avancée aussi dans les transports, où les émissions de gaz à effet de serre sont en baisse depuis 2002. La consommation d'énergie dans les transports stagne, les émissions moyennes de voitures neuves baissent régulièrement, et la part du transport collectif intérieur des voyageurs augmente.
La situation s'est améliorée, mais pas assez pour atteindre la cible 2020, dans d'autres secteurs : la part des logements basse consommation dans la construction neuve, la part des énergies renouvelables dans l'énergie consommée (10% en 2006, 13,1% en 2011, 23% espérés en 2020), ou encore le nombre de kilomètres de digues rénovées pour la sûreté (seulement 100 sur un objectif de 1.200).
Pas d'amélioration significative en revanche pour les aires marines protégées, qui sont loin de l'objectif de 10% des eaux nationales, et encore moins pour la part de l'agriculture biologique : 2% en 2006, 3,9% en 2011, alors qu'on en espère 20% en 2020. On est loin du compte aussi pour les émissions de gaz à effet de serre : pour un indice 100 en 1990, on est à 93,4 en 2010, alors que l'objectif visé est de 80 en 2020 et de 25 en 2050.
Enfin, la situation s'est aggravée depuis le Grenelle pour la part des surfaces artificialisées, qui n'a fait que progresser, grignotant les espaces naturels ou cultivés, avec un impact sur le cycle de l'eau et sur les crues. De même pour l'usage des pesticides, qu'on devait réduire de moitié de 2008 à 2018. De fait, ils représentaient 68,8 de "doses unités" (selon la quantification qui leur est particulière) en 2008, et on en est à 70,6 en 2010, pour un objectif 2018 de 34,4. Le bilan n'est pas brillant non plus pour la concentration de particules fines dans l'air, qui après avoir baissé de 2007 à 2009, a nettement progressé depuis...