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Entreprises - Bpifrance : une activité en forte croissance en 2014

En 2014, Bpifrance affiche une forte croissance de son activité, avec 14 milliards d'euros de financements aux entreprises, contre 11 milliards en 2013. Les financements de l'innovation et de l'export augmentent fortement et les premiers financements dédiés à l'économie sociale et solidaire arrivent. Seul point noir : les relations, encore difficiles, avec certaines régions.

Deux ans après sa création, Bpifrance continue à monter en puissance. D'après son rapport d'activité 2014, présenté le 12 mars 2015, la banque publique d'investissement, chargée de financer et d'accompagner le développement des entreprises, a enregistré une forte croissance de son activité : 14 milliards d'euros de financements au total, contre 11 milliards en 2013. Les prêts et aides aux entreprises, qui s'établissent à 12,5 milliards d'euros, ont progressé de 29% et les fonds propres de 37% (1,4 milliard d'euros). Les prêts à l'exportation ont connu une augmentation fulgurante de 264%, pour atteindre 404 millions d'euros (contre 111 millions d'euros en 2013).
D'après la banque, cette progression exponentielle est notamment due à  l'intégration au sein de Bpifrance de quarante chargés d'affaires internationaux Ubifrance, devenue Business France, et de vingt chargés d'affaires Coface. Autres dispositifs ayant connu une montée en charge : le prêt export, qui finance les investissements immatériels et le besoin en fonds de roulement liés au développement à l'international des entreprises, jusqu'à 5 millions d'euros sur sept ans, et la préparation du lancement, en 2015, du crédit export destiné à soutenir les exportations par l'intermédiaire de prêts octroyés aux acheteurs étrangers de biens ou de services de fournisseurs français. Le financement de l'innovation a connu quant à lui une progression de 46%, passant de 747 millions d'euros en 2013 à plus d'un milliard en 2014, avec 4.582 entreprises soutenues, soit 1.000 de plus. Les prêts à l'innovation ont connu une croissance de 90%, à 214 millions d'euros. Les aides ont augmenté de 38% (878 millions d'euros). La banque a également réduit les délais d'examen d'octroi des financements : ils ont été divisés par trois pour les plus gros programmes, avec un formulaire de demande contre quinze auparavant.

ESS : 958 structures financées

Depuis 2014, la banque gère en outre le fonds d'innovation sociale (Fiso), cofinancé à parité par l'Etat et huit régions. Doté de 20 millions d'euros pour sa première phase, il va financer, sous forme d'avances remboursables, des projets socialement innovants, correspondant à des besoins sociaux non satisfaits par le marché ou par les politiques publiques, pour des interventions d'une taille minimale de 30.000 euros.
Les financements orientés vers l'économie sociale et circulaire, qui ont mis un certain temps à se mettre en place, sont bien là en 2014 : 958 structures ont ainsi été accompagnées dans leur développement pour un montant de 317 millions d'euros. Trois outils ont été développés dans ce but, le Fiso, le prêt Economie sociale et solidaire, sans garantie, d'une durée de cinq ans à destination d'associations et de PME de l'ESS, et une enveloppe de fonds de fonds destinée à développer les fonds investissant dans les entreprises de l'ESS et les entreprises recherchant un impact social.
Le rapport d'activité de Bpifrance met aussi en avant le travail réalisé avec les conseils régionaux. Dix-sept conventions cadres, précisant les priorités stratégiques, les grands axes de partenariat et la mise en oeuvre de dispositifs communs, ont été signées entre la banque et les régions. Ce rapprochement avec les régions s'est aussi manifesté par le renforcement d'outils d'intervention en garantie et en innovation (83 millions d'euros de dotations nouvelles en 2014) et par le déploiement de quinze plateformes régionales d'orientation, qui permettent de simplifier l'accès des entrepreneurs à l'ensemble des financements disponibles sur chaque territoire, un objectif de longue date… Quarante-cinq comités régionaux d'orientation ont été organisés en 2014.

Des critiques de la part des régions

Mais les relations avec les régions ne sont pas toujours au beau fixe. Les difficultés ont commencé dès la création de la banque, avec un bras de fer virulent entre les conseils régionaux et les services de Bercy concernant leur participation aux instances dirigeantes de Bpifrance. "Nous souhaitions quelque chose de plus régionalisé, explique-t-on à l'ARF. L'Etat a finalement opté pour un outil national avec des directions régionales, mais cela reste très centralisé. On dit que 90% des décisions sont prises en région, mais on ne parle pas des décisions pour les grands groupes, au-dessus de 4 millions d'euros, qui remontent le plus souvent directement à Paris." Les régions sont toutefois présentes au sein du conseil d'administration (deux des quinze administrateurs sont des présidents de région désignés par l'ARF) et des comités régionaux d'orientation. Mais "ces comités ne sont pas des instances de gouvernance," souligne l'ARF.
Au final, la situation est relativement contrastée d'une région à l'autre. Des critiques ont ainsi été émises récemment du côté du conseil régional d'Alsace. Pour Nicolas Dufourq, directeur général de la banque, interviewé sur le sujet sur Europe 1 le 12 mars, les investissements, plus modestes que ce qui était attendu, du fonds commun d'investissement construit avec le conseil régional peuvent expliquer ces plaintes. "Ce fonds a cette année moins investi que ce qui était souhaité," a-t-il ainsi signalé, précisant que dans cette région, la croissance des activités de la banque avait été extrêmement forte.
L'Alsace n'est pas la seule région à se plaindre. Dans une interview publiée le 12 mars par Contexte, Claude Gewerc, président du conseil régional de Picardie, critique aussi la banque. "Dans ma région, Bpifrance ne fait pas du tout le job que le président souhaitait. Elle n'aide pas les PME. Elle aide les grands groupes et va chercher des projets faciles," assure-t-il, craignant même que la banque ne reprenne la main dans la mise en oeuvre du plan Juncker de relance. Pour ce plan de 315 milliards d'euros d'investissements publics et privés, les régions souhaitent pouvoir soumettre des projets directement à la Banque européenne d'investissement (BEI), sans passer par les circuits nationaux. Lors d'une rencontre organisée le 12 mars avec l'ARF, le vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen "a semblé ouvert à cette possibilité," assure l'ARF. 

 

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