Nomination - Marie-Guite Dufay entre au conseil d'administration de Bpifrance
La présidente socialiste du conseil régional de Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, est nommée, par décret du 1er juillet, membre du conseil d'administration de la banque publique d’investissement Bpifrance. Elle remplace ainsi, en qualité de représentante des régions, Ségolène Royal, devenue ministre de l'Ecologie et du Développement durable et de l'Energie dans le gouvernement Valls.
Cette nomination, entérinée par un récent conseil d’administration de la banque publique, n’est pas une surprise. Les statuts de Bpifrance prévoient en effet que, parmi les quinze administrateurs de la banque, deux sont des présidents de région - un homme et une femme - désignés par l'ARF (Association des régions de France). Or Marie-Guite Dufay est la seule présidente de région depuis que Ségolène Royal a cédé son poste pour entrer au gouvernement (c’est Jean-François Macaire qui est aujourd’hui à la tête de la région Poitou-Charentes). L’autre représentant des régions est Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France.
A 64 ans, Marie-Guite Dufay devrait du même coup récupérer le poste de vice-présidente de Bpifrance, à la place de Ségolène Royal.
La banque publique d’investissement n’est pas étrangère à la présidente de Franche-Comté, puisqu’elle siégeait déjà dans son comité national d’orientation, installé en avril 2013. Présidé par le président de l’ARF Alain Rousset, ce comité d’orientation fixe la doctrine d’intervention de la banque et est chargé d’identifier les besoins de financements des entreprises. Un sujet que la présidente de Franche-Comté a la réputation de bien connaître. Elle a par exemple mis en place dans sa région un fonds de retournement pour soutenir les entreprises qui rencontrent des difficultés passagères (et non structurelles).
L’intervention auprès des entreprises en difficulté a fait couler beaucoup d’encre, posant en filigrane la participation des régions aux instances dirigeantes de Bpifrance. Au moment de la création de la banque, le sujet avait fait l’objet d’un bras de fer entre les régions et les services de Bercy qui se méfiaient de leur "amateurisme" et les accusaient de vouloir soutenir des "canards boîteux". L’exemple de la région Poitou-Charentes, épinglée vendredi par la chambre régionale des comptes d’Aquitaine pour avoir investi à fonds perdus dans la production de voitures électriques, ne plaide pas en faveur des régions. D’autant que Ségolène Royal s’était personnellement investie dans ce dossier (voir notre article du 23 juillet 2012 : Vers des régions actionnaires ?).
La chambre régionale des comptes dénonce le "soutien important et inconditionnel" apporté par la région à la production de voitures électriques à bas coût SimplyCity, développées par la société Eco & Mobilité. Le projet lancé en 2008 a capoté. A peine un millier de véhicules ont été vendus, essentiellement à des collectivités, avant que la liquidation ne soit prononcée en 2012. L’intervention de la région se chiffrerait à 7 millions d’euros.
Le nouveau président de la région Jean-François Macaire n’en démord pas : "Le rôle des collectivités locales est aussi de soutenir des filières locales et de prendre des risques comme ceux que rencontre toute entreprise innovante. Nous avons accepté ces risques et les assumons", s’est-il défendu, samedi, auprès de l’AFP, jugeant que la société n'était "pas si loin que ça de réussir". Mais la région avait aussi abondamment investi dans Mia Electric (ex-Heuliez), entrant même à son capital. Là encore, le succès n’est pas au rendez-vous. La société a elle aussi été mise en liquidation par le tribunal de commerce de Niort en mars dernier.