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Culture - Bibliothèques : l'Inspection générale sévère avec les DOM

L'Inspection générale des bibliothèques (IGB) rend public son rapport d'activité 2010. Ce document propose des études thématiques, consacrées notamment au rapport du groupe de travail sur les bibliothèques interuniversitaires, aux coûts, bénéfices et contraintes de la mutualisation des ressources électroniques (avec des éléments de comparaison internationale et des propositions), ou encore à la question des ressources humaines et de la formation. Mais l'essentiel du document est consacré à la restitution d'audits et de contrôles d'établissements de toute nature. Sont ainsi présentés les résultats des investigations menées sur une dizaine de bibliothèques d'établissements d'enseignement supérieur et de recherche, mais aussi de bibliothèques nationales (qui se résument en l'occurrence à la seule Bibliothèque publique d'information de Beaubourg).
Mais, comme le veut sa mission, l'IGB s'est également penchée sur les bibliothèques territoriales. En 2010, elle a mis l'accent sur la situation de la lecture publique dans les départements d'outre-mer, comme l'avaient demandé les Etats généraux de l'Outre-mer et le conseil interministériel du 6 novembre 2009. Le bilan est pour le moins sévère et conduit l'inspection à proposer une série de recommandations "pour améliorer une situation préoccupante". Le rapport constate ainsi que "d'une manière générale, les bibliothèques ne constituent pas ou plus pour les conseils généraux une priorité". La situation dans les communes est jugée "plus hétérogène" et certaines présentent même des équipements réussis et attractifs. Mais il reste qu'outre-mer, "le développement de la lecture est pour beaucoup d'élus l'affaire de l'école". Ceci explique sans doute que "les bibliothèques cultivent leurs relations avec le milieu scolaire de manière très inégale et sur des bases relativement peu claires".
Le rapport pointe plus particulièrement "les carences des bibliothèques départementales de prêt" (BDP). La Réunion a carrément fermé sa BDP, "la Guyane, et la Martinique lui mesurent chichement ses moyens de fonctionnement, Mayotte la laisse dans un état d'abandon qui ne lui permet plus de remplir correctement sa mission et la Guadeloupe peine à retrouver la dynamique de son plan de développement de la lecture publique 1994-2004 [...]". Avec un sens certain de l'euphémisme, le rapport précise que "la dynamique à retrouver passe aussi par des renouvellements de personnes et d'équipes".
Pour sortir de cette situation dégradée, l'IGB formule plusieurs recommandations. Elle préconise ainsi de revoir le modèle de desserte qui repose aujourd'hui sur des établissements centraux trop importants et peu efficaces, alors qu'il faudrait mettre l'accent sur une offre de proximité et sur une desserte par bibliobus. Le rapport considère également comme une priorité de mieux former les bibliothécaires et de développer l'offre documentaire (aujourd'hui la plupart des bibliothèques des DOM ne proposent ni CD ni DVD et n'organisent que très peu de manifestations culturelles autour du livre). L'IGB préconise aussi une plus grande coopération entre tous les acteurs de la chaîne du livre, et notamment les libraires et les éditeurs locaux. Enfin, le rapport estime nécessaire de porter une plus grande attention à la construction, en observant que "tous les bâtiments construits sur le modèle métropolitain avec des matériaux de construction classique (béton, métal, etc.) sont très rapidement dégradés".