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Culture multimédia - Une enquête sur l'offre multimédia de douze bibliothèques jeunesse

Où en est le développement des espaces publics numériques au sein des bibliothèques municipales spécialisées pour les jeunes ? Pour répondre à cette question, la bibliothèque des enfants de Clamart, appelée désormais "La Petite Bibliothèque ronde" (et anciennement bibliothèque de La Joie par les livres), a mis en ligne son "Enquête 2010 sur l'offre multimédia en bibliothèque jeunesse". "Cette enquête a simplement pour but d'appréhender les espaces les plus connus, de rencontrer ainsi les personnes qui sont chargées, chaque jour, de faire découvrir le multimédia à leur public, et ainsi de définir ce qu'est une offre innovante pour les enfants, à cette époque où les pratiques numériques se banalisent", expliquent en introduction ses auteurs, Nicolas Perisse et Jérôme Rivière.
Dans une première partie ces 18 pages présentent l'offre multimédia de la Petite Bibliothèque ronde : six ordinateurs dont deux pour la navigation internet, deux autres pour la consultation de CD-Rom et les deux derniers réservés aux petits (4-8 ans). La seconde partie décrit l'offre d'une douzaine de bibliothèques "innovantes", toutes située en milieu urbain, à  Toulouse, Montpellier, Roanne, Biarritz, Lyon, Le Chesnay, Saint-Raphaël, Issy-les-Moulineaux (médiathèque et Le Cube) Meudon, Noisy-le-Sec, ainsi que la bibliothèque et archives nationales du Québec (Canada). L'étude a été effectuée à partir de visites et d'entretiens auprès de leur responsable multimédia, à partir d'un questionnaire commun. La comparaison se fait suivant quatre critères : le matériel (nombre de postes, caractéristiques et qualité) ; le fonctionnement (temps d'utilisation et âge minimal requis pour y accéder) ; les contenus proposés aux enfants (logiciels, CD-Rom, internet, sitothèques...) ; les restrictions d'accès à internet pour ce public spécifique.

Limites politiques, juridiques et réserve des professionnels

Résultats : côté matériel, l'équipement multimédia en bibliothèque n'en est encore qu'au "minimum requis". Les espaces multimédias comptent entre 7 et 12 postes, en moyenne, et pas toujours d'imprimante (quand il y en a l'impression est payante ou bien il faut apporter son papier). Les webcams ne sont pas utilisées au quotidien. Les micros sont réservés aux méthodes de langue. En revanche, les casques sont toujours fournis. Quelques consoles de jeux font leur apparition (à Montpellier et Toulouse, notamment). A Roanne, un espace de stockage sur serveurs est possible. Biarritz met à disposition du matériel pour le tournage vidéo. Des liseuses électroniques peuvent être empruntées pour 24 jours à Issy-les-Moulineaux.
Concernant le fonctionnement, l'offre est "encore bien inégale" pour des structures pourtant comparables en taille. "Il y a en général deux ou trois bibliothécaires dédiés au multimédia". Mais pas forcément d'animateur pour l'espace multimédia jeunesse ! L'accès est toujours réservé aux inscrits à la bibliothèque, souvent à partir de 6 ans et avec un accompagnateur. Pour les tout-petits, seuls Saint-Raphaël, Toulouse et Québec offrent une possibilité de découverte. Le plus fréquemment, les sessions d'accès varient entre 30 minutes et une heure par semaine.
A propos de contenu, celui-ci n'est "pas toujours en adéquation avec la demande". Les sites éducatifs se taillent la part du lion : Planet Némo, Louvre.edu, Maxicours, etc. Les jeux de rôles en ligne massivement multijoueurs (MMORPG, selon l'acronyme en anglais) comme Dofus sont évidemment disponibles : des tournois interbibliothèques sont même organisés à Saint-Raphaël. Les logiciels de traitement de son ou d'image sont appréciés (Gimp ou Paint.Net, par exemple). "Les CD-Roms sont, quant à eux, en totale perte de vitesse." 
Enfin sur les restrictions d'accès au Web, "il semblerait que peu de bibliothèques permettent un accès total à internet". Un filtre est posé par le service informatique de la ville à Toulouse, Lyon ou Le Chesnay. Certains espaces bloquent même les blogs, chats, messageries instantanées, forums et autres réseaux sociaux "au risque de parasiter l'offre globale". Même si l'inscription à ces sites est bien interdite aux moins de 13 ans, ce sont "autant de précaution qui ne sont souvent pas comprises des enfants".
Conclusion : "L'offre multimédia jeunesse est encore très peu implantée dans les bibliothèques françaises." Elle se développe pourtant en dépit de freins politiques et juridiques. "Il est important de noter que le numérique destiné aux enfants reste un excellent moyen d'attirer le public familial", militent les auteurs de l'étude. Au XXIe siècle, le multimédia devrait effectivement faire partie "de l'offre globale d'accès à la connaissance et à la culture d'une manière générale dans une bibliothèque".