Archives

Culture - Avec l'aide du CNC et des collectivités, 55% des cinémas sont équipés en numérique

L'Avicca (Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l'audiovisuel) se félicite de la rapide progression du nombre de salles de cinéma équipées en numérique. Aujourd'hui, 55% des 5.250 écrans français sont dotés des équipements nécessaires pour la diffusion en numérique. Un chiffre qui était encore inenvisageable il y a seulement deux ou trois ans. Mais la profession et les pouvoirs publics ont pris conscience du risque de voir disparaître de nombreuses salles petites ou moyennes, incapables de faire face aux coûts élevés du passage au numérique (autour de 80.000 euros par écran). En février 2010, l'Association des régions de France (ARF) avait d'ailleurs tiré la sonnette d'alarme, en exprimant son inquiétude sur l'avenir de ces petites salles (voir notre article ci-contre du 9 février 2010). De son côté, la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture (FNCC) invitait les communes et les intercommunalités "à se tourner vers les départements et les régions avec les organisations professionnelles idoines afin de mettre en place des concertations territoriales en mesure d'aider les salles à la transformation des systèmes de projection" (voir notre article ci-contre du 16 juin 2010).
Le message a été parfaitement entendu et trois dispositifs expliquent le bon résultat célébré par l'Avicca. Tout d'abord, la profession elle-même a pris conscience du danger de voir disparaître des centaines de salles indépendantes. Distributeurs de films - qui tirent profit du passage au numérique en raison de la disparition des tirages argentiques et des frais de diffusion - et exploitants se sont mis d'accord sur un principe de solidarité entre les deux parties, les distributeurs acceptant ainsi de contribuer financièrement à l'équipement numérique des salles. Pour assurer l'équité du dispositif, le législateur est intervenu sous la forme d'une proposition de loi, qui a débouché sur la loi du 30 septembre 2010 relative à l'équipement numérique des établissements de spectacles cinématographiques (voir notre article ci-contre du 1er octobre 2010). Celle-ci prévoit la mise en place d'une contribution à la numérisation pendant une période de dix ans, tout en renvoyant à une négociation entre les diffuseurs et les exploitants pour en fixer le montant dans "des conditions équitables, transparentes et objectives".

Un cercle vertueux

Ensuite, les appels de l'ARF et de la FNCC ont été entendus. Plusieurs régions - comme l'Auvergne, le Limousin, l'Aquitaine, Rhône-Alpes ou l'Ile-de-France -, mais aussi des départements - à l'image de la Seine-Maritime, des Deux-Sèvres ou de la Haute-Loire - ont ainsi mis en place des aides aux salles indépendantes, sous forme de subventions (30.000 euros par écran en Aquitaine, par exemple) et/ou de garantie des emprunts réalisés par les exploitants pour s'équiper.
Enfin, un décret du 1er septembre 2010 a créé une aide du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) pour l'équipement numérique des petites et moyennes salles de cinéma (voir notre article ci-contre du 3 septembre 2010). Cette aide vient compléter les apports propres des exploitants, les contributions perçues des distributeurs (en direct, via un tiers investisseur, collecteur ou par le biais d'un regroupement d'exploitants) et les aides des collectivités territoriales. Pour être complet, on peut également évoquer le décret du 17 janvier 2011, qui permet aux exploitants de salles de cinéma de bénéficier des aides publiques pour assurer la retransmission de spectacles vivants (concerts, opéras, représentations théâtrales...), leur apportant ainsi un revenu complémentaire (voir notre article ci-contre du 24 janvier 2011).
Au final, la numérisation des salles de cinémas représente un bon exemple de mobilisation réussie autour d'un enjeu stratégique, qui a vu l'ensemble des acteurs se mobiliser en faveur de dispositifs associant très étroitement les acteurs concernés, eux-mêmes décidés à faire preuve de solidarité professionnelle. Ce cercle vertueux explique la conclusion optimiste de l'Avicca, qui estime qu'"entre l'intérêt évident pour les grands réseaux et les aides aux petites salles, cette mutation devrait rapidement s'achever". 

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis