Hébergement / Asile - Avec la visite d'Emmanuel Macron à Calais, les centres d'accueil et d'examen des situations commencent à trouver leur place
A l'occasion de son déplacement de ce jour à Calais (voir encadré ci-dessous), Emmanuel Macron a visité le centre d'accueil et d'examen des situation (CAES) de Croisilles, entre Arras et Bapaume, à une centaine de kilomètres de Calais. Lors de la création du premier CAES à Calais, en août dernier, la préfecture du Pas-de-Calais avait indiqué que la vocation de ces structures expérimentales est "d'accueillir les migrants dans des conditions dignes", mais aussi "d'y examiner rapidement leur situation administrative, avant de les orienter vers des structures adaptées, comme les centres d'accueil pour demandeurs d'asile" (Cada).
Un dispositif "efficace et pertinent"
Après sa visite, le chef de l'Etat a indiqué que, grâce aux CAES, "nous avons divisé par quatre les délais d'instruction depuis la mise en œuvre de ce dispositif", qu'il juge donc "efficace et pertinent". La vocation de ces structures n'est pas d'assurer un hébergement durable (une dizaine de jours, portés à quinze jours durant l'hiver), mais de délivrer aux migrants une information "claire et fiable" sur la "mise à l'abri". Ceux-ci sont orientés vers les CAES grâce à des "maraudes" assurées les agents de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) et par des services de l'Etat. La gestion des centres est assurée conjointement par l'Ofii et des associations.
Dans un communiqué du 14 janvier, le ministre de l'Intérieur estime que "ces centres ont permis de significativement améliorer la situation là où ils sont déployés : à Calais, plus de 400 personnes ont pu ainsi y accéder. A Paris, plus de 2.800 personnes ont ainsi pu être mises à l'abri depuis le mois d'octobre 2017".
200 places de CAES dans chaque région
Par la même occasion, Gérard Collomb annonce la création d'un septième CAES, implanté à Ris-Orangis (Essonne). Il s'agit du second organisme de ce type en Ile-de-France, après celui de Cergy-Pontoise (Val-d'Oise). L'Ile-de-France et les Hauts-de-France sont en effet les deux régions choisies pour expérimenter ces nouvelles structures depuis quelques mois.
Pour le ministre de l'Intérieur, celles-ci doivent "contribuer à l'objectif fixé par le président de la République dans son discours d'Orléans du 24 juillet, de ne pas avoir de personnes dormant dans la rue ou dans les bois, en proposant à chaque personne une solution d'hébergement accompagnée d'un examen rapide de sa situation administrative".
Au vu d'un bilan jugé "très positif", Gérard Collomb annonce la création de 200 places en CAES dans chaque région, soit plus de 2.600 places sur l'ensemble du territoire. Sur ce total, 1.300 places seront opérationnelles d'ici au 31 janvier 2018. Le ministre de l'Intérieur rappelle que ces nouvelles structures viendront "compléter le dispositif national d'accueil, qui compte aujourd'hui 80.000 places d'hébergement, et devra s'étendre de 7.500 places supplémentaires en 2018 et 2019".
L'Etat va aider le Pas-de-Calais à prendre en charge les mineurs isolés
Dans un discours de près d'une heure, Emmanuel Macron n'a pas vraiment levé le voile sur le projet de loi relatif à l'immigration et à l'asile, qui devrait être présenté en conseil des ministres dans la deuxième quinzaine de février. Il a toutefois renouvelé son intention de ramener la durée effective d'examen d'une demande d'asile, de l'arrivée sur le territoire à la décision, de dix-huit à six mois.
Il a en revanche annoncé plusieurs mesures sur la situation particulière de Calais. Le chef de l'Etat a commencé par rappeler que le gouvernement a mis sur pied un "accueil profondément transformé" (voir ci-dessus). En revanche, il a été très clair en affirmant que "tout est fait pour que le passage illégal vers l'Angleterre ne soit pas possible" et que Calais ne sera jamais une "porte dérobée vers l'Angleterre".
S'adressant tout particulièrement aux forces de l'ordre (police municipale comprise) et aux fonctionnaires - auxquels il a rendu un hommage appuyé -, Emmanuel Macron a aussi souligné les enjeux de la sécurité des infrastructures et de la liberté de circulation. Calais a vu en effet passer l'an dernier 4 millions de véhicules particuliers et 3,5 millions de camions. La ville voit également transiter un quart des exportations britanniques et constitue le premier port de voyageurs d'Europe.
Lors du sommet franco-britannique qui se tiendra à Londres le 18 janvier, le chef de l'Etat compte évoquer avec Theresa May plusieurs dossiers en lien direct avec Calais, comme la question des mineurs non accompagnés ou la participation du Royaume-Uni aux dépenses de sécurité.
Sur le terrain, Emmanuel Macron a notamment indiqué que l'Etat va désormais "prendre en charge", la distribution de nourriture sur le site de Calais, "de manière organisée, avec des points mobiles, sans tolérer aucune installation de campements illicites". Aujourd'hui, la distribution de nourriture est assurée par des associations.
Il a également rappelé la mise en place d'un dispositif d'accueil spécifique - le centre de protection de l'enfance de Saint-Omer, à une trentaine de kilomètres de Calais - pour la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA). Emmanuel Macron a annoncé que "l'Etat prendra des dispositions particulières" pour soutenir le département du Pas-de-Calais, qui prend en charge environ 6.000 MNA.
Dernière annonce présidentielle : la nomination, la semaine prochaine, d'un "délégué interministériel à l'accueil et à l'intégration des réfugiés".