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Formation professionnelle - Aux régions, le pilotage de l'accompagnement vers l'emploi des chômeurs plaident les présidents Alain Rousset et François Bonneau

Le Premier ministre recevait le 19 janvier 2016 à Matignon, Alain Rousset, président du conseil régional d'Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et François Bonneau, président du Centre-Val de Loire. En amont du séminaire entre le gouvernement et les présidents de région envisagé le 11 février prochain, les deux présidents ont décrit leur vision des relations entre l'Etat et les régions et commenté le plan emploi du gouvernement.

Sur l'emploi, Alain Rousset a souligné "l'irrationalité de l'organisation du service public de l'accompagnement vers l'emploi" des demandeurs d'emploi. "Juste en Aquitaine, 140 organismes s'additionnent sans se parler", précise dans un communiqué le président du conseil régional d'Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Il plaide pour que "les régions pilotent cet ensemble pour plus d'efficacité". De son côté, François Bonneau confie à Localtis qu'il souhaite que l'extension des compétences des régions, envisagée par le président de la République dans son discours du 18 janvier aux acteurs de l'entreprise et de l'emploi, porte sur "une nouvelle mission d'animation des prescripteurs de formation (Pôle emploi et les missions locales notamment) et du pilotage de l'accompagnement des demandeurs d'emploi vers l'entreprise".
En revanche, il ne soutient pas l'idée d'une régionalisation de Pôle emploi car "se posent les questions du statut du personnel de Pôle emploi et sa mission d'indemnisation des chômeurs". "Quand, sur nos territoires, les entreprises veulent immédiatement une vingtaine de spécialistes en maintenance, nous devons être en mesure de leur répondre immédiatement. C'est sur la formation des chômeurs et le chemin vers l'entreprise que les régions souhaitent davantage de compétences", précise François Bonneau qui juge "très ambitieux" le plan "500.000" formations supplémentaires du gouvernement.

Fédérer le réseau des prescripteurs

Le président du conseil régional du Centre-Val de Loire souhaite aussi "être l'acheteur unique de la formation des demandeurs d'emploi, et que la région fédère et anime le réseau des prescripteurs de formations : Pôle emploi, les missions locales, les organismes de formation qui reçoivent délégation". Actuellement, note François Bonneau, "ce réseau est diffus. Il doit être coordonné et répondre à des objectifs communs". Ayant les compétences en matière économique et de formation professionnelle, "les régions sont bien placées pour assurer cette cohérence dans le cadre d'une expérimentation". Alain Rousset est sur la même ligne. Il a demandé au Premier ministre "une unité de commande de toutes les formations professionnelles individuelles et collectives pour les régions". Sur les questions d'emploi et de formation, le président d'Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes a suggéré à Manuel Valls l'instauration d'un "contrat d'objectifs entre l'Etat et les régions volontaires".
Sur le développement économique, Alain Rousset a insisté sur les vertus du modèle allemand d'accompagnement ciblé des PME. "Il faut, dit-il, donner la primauté aux PME et ETI, qui créent l'essentiel de l'emploi durable industriel, alors que les grands groupes sont aspirés à l'international." Il a souligné que "c'est le rôle des régions de faire ce travail d'accompagnement et pas celui de la BPI, qui est une banque". Il a par ailleurs mis en exergue le risque de baisse de l'effort public en la matière puisque "les conseils départementaux y consacraient 700 millions d'euros sur les aides directes aux entreprises et qu'ils ne pourront plus le faire". Alain Rousset a déploré que ces moyens ne soient pas transférés aux régions, "qui connaissent parfaitement les besoins de leurs PME et ETI locales".
Par ailleurs, François Bonneau a insisté auprès du Premier ministre pour que s'instaurent entre le gouvernement et les régions "des échanges réguliers en amont des décisions". "Nous constatons aujourd'hui un niveau de collaboration insuffisant", déplore le président. Ces travaux réguliers pourraient avoir lieu au sein d'un "conseil permanent" suggère François Bonneau qui exprime le "besoin d'une coopération plus structurée".