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Cinquième risque - Assurance dépendance : un marché qui peine à décoller

Réticence du public en raison des incertitudes sur le cinquième risque ou volonté des assureurs de rester discrets pour ne pas sortir trop tôt du bois ? Les derniers chiffres publiés par la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA) montrent en tout cas que le marché de l'assurance dépendance ne connaît pas de véritable décollage, même s'il continue de progresser. Il bénéficie pourtant d'un contexte a priori favorable, avec la montée en puissance du thème de la dépendance et la perspective d'une importante dose d'assurance dans le futur cinquième risque. Au 30 juin 2010, le nombre de personnes couvertes par un contrat dépendance s'élevait ainsi à 1,9 million de personnes : 1,07 million dans le cadre d'un contrat individuel et 831.000 au titre d'un contrat collectif. En passant, en un an, de 403,5 à 414,1 millions d'euros, le montant des cotisations collectées n'a progressé que de 2%. Le montant total des rentes, capitaux ou prestations servis reste également très modeste, avec un total de 127,7 millions d'euros en 2009 (+12%). Interrogé le 23 novembre sur BFM Radio, Bernard Spitz, le président de la FFSA, a d'ailleurs lui-même qualifié l'assurance dépendance de "petit marché", du moins à ce jour.
Il est vrai que l'assurance dépendance et le cinquième risque ne semblent guère mobiliser les Français. Le baromètre BVA de la politique économique et sociale - réalisé les 19 et 20 novembre auprès d'un échantillon de 1.010 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus - montre ainsi que les mesures financières envisagées pour la prise en charge des personnes dépendantes ne sont guère consensuelles. Parmi les mesures proposées, la mise en place d'une deuxième journée de solidarité ne recueille que 23% d'adhésions, contre 19% pour l'obligation de souscrire une assurance dépendance à partir de 50 ans et 14% pour une augmentation de la CSG, tandis que 42% des répondants ne souhaitent aucune de ces trois solutions. Lorsqu'on leur demande - sans évoquer de mesures particulières - s'ils seraient prêts à participer au financement de dispositifs en faveur de la prise en charge de personnes âgées dépendantes, seule une courte majorité de 51% se déclare favorable, tandis que 44% n'entendent pas contribuer à ce financement.
Dans ce contexte morose, les assureurs et les mutuelles continuent de réfléchir aux produits à développer, en attendant que le gouvernement tranche vraisemblablement sous la forme de la définition d'un socle commun. Lors d'un colloque organisé, le 26 novembre, par la revue Espace Social Européen, les interventions ont permis de prendre la mesure de l'extrême diversité des contrats actuels, dans leur nature comme dans leurs supports : absence de définition commune de la dépendance, diversité des outils d'évaluation, rigidité des contrats (alors que la dépendance est, par nature, évolutive)... Seuls points communs : l'intérêt pour les contrats collectifs jugés plus porteurs (sous réserve de régler la question de leur portabilité en cas de changement d'entreprise) et une relative convergence pour estimer le montant de la rente à servir entre 500 et 1.000 euros par mois.