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Sport - Associations sportives : des amendes lourdes à digérer pour l'Andes

Les élus locaux sont de plus en plus sollicités par leurs clubs pour payer des amendes toujours plus lourdes. L'Andes en appelle à une concertation avec les fédérations sportives.

"On est en train d'écraser les petits clubs", s'indigne Jacques Thouroude. En ligne de mire du président de l'Association nationale des élus en charge du sport (Andes), les diverses amendes sportives ou administratives qui obèrent les finances des clubs et, mécaniquement, pèsent sur les budgets municipaux. "Depuis quatre ou cinq ans, on voit que le poids des amendes et des pénalités de toutes sortes représente des montants fort importants dans les budgets des petits clubs. Ce poste apparaît souvent en troisième position derrière les frais de déplacements et les cotisations des licences reversées aux fédérations", explique Jacques Thouroude. Les amendes visées peuvent résulter de sanctions disciplinaires infligées à des joueurs durant les matchs, mais aussi des absences à une assemblée générale du district dont le club fait partie ou du retard de la saisie des résultats du club sur internet. Dans certains cas, la totalité de la subvention municipale vient compenser intégralement le montant de ces prélèvements. Les élus de l'Andes, de plus en plus sollicités par les clubs à ce sujet, se sont donc emparés de la question lors de leur dernier comité directeur, tenu le 1er avril dernier.

"Des sommes colossales"

Deux aspects troublent particulièrement l'association. D'une part, les montants de ces amendes et leur poids dans les budgets des clubs. "Ce sont des sommes colossales, précise Jacques Thouroude. Les pénalités peuvent s'élever entre 3.000 et 5.000 euros pour un club qui a un budget de l'ordre de 20.000 euros. Cela impacte les finances locales car les clubs se tournent vers les élus pour obtenir des aides." D'autre part, l'utilisation de ces recettes par les instances fédérales, comités et districts départementaux, ligues régionales, etc. "Ces amendes alimentent le fonctionnement du district ou du comité. Or, les comités départementaux sont aidés par les conseils généraux et les ligues par les conseils régionaux. Nous, nous sommes là pour aider nos clubs et non pas pour aider au fonctionnement des districts et des ligues, plaide Jacques Thouroude. Les subventions aux clubs doivent rester sur le local, elles ne peuvent pas alimenter d'autres budgets. On ne peut pas jouer au billard à trois bandes en ponctionnant les clubs qui vont à leur tour solliciter les collectivités." L'élu est d'autant plus rétif à ces amendes qu'il déplore que les sommes prélevées ne soient pas intégralement reversées pour des actions de formation dans la lutte contre les incivilités, par exemple.

"On appelle l'Etat à jouer son rôle de régulateur"

Le combat de l'Andes a trouvé un allié à travers l'Association française de football amateur (Affa). Dans une lettre adressée le 13 mars au président de la Fédération française de football (FFF), celle-ci demande l'abandon des amendes pour les sanctions disciplinaires. L'association note que dans la ligue du Centre, le nombre de dossiers disciplinaires s'élevait à 7.597 en 2009-2010, contre 6.536 un an plus tôt. "Quand j'ai lu la lettre de l'Affa, je me suis dit qu'il tirait la sonnette d'alarme et qu'il était dans le vrai", confie Jacques Thouroude. Problème : pas plus l'Affa que l'Andes n'a obtenu de réponse de la part de la FFF. "Nous avions alerté l'ancien président de la FFF qui avait répondu qu'il donnait beaucoup d'argent au football amateur et qu'il n'avait pas de leçon à recevoir", raconte Jacques Thouroude. C'est pourtant à travers "une concertation approfondie avec le monde fédéral" qu'une solution pourrait être trouvée, selon l'Andes. "On appelle l'Etat à jouer son rôle de régulateur dans le cadre de la délégation de mission de service public des fédérations. On en a parlé lors de notre réunion avec la ministre [le 14 mars dernier, NDLR]. A l'heure où l'on parle de gouvernance, il serait intéressant qu'élus et fédérations puissent aborder ce sujet", conclut Jacques Thouroude. La balle est maintenant dans le camp des fédérations.