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Assises de la mobilité : les ONG défendent "cinq chantiers phares"

Six grandes associations environnementales ont présenté ce 14 septembre leurs priorités pour les Assises de mobilité. Elles plaident pour un abandon des projets d'infrastructures jugés "climaticides" et proposent d'investir dans la modernisation du réseau ferré et dans les "solutions de mobilité" alternatives à la voiture individuelle.

En vue des Assises de la mobilité qui seront lancées le 19 septembre par le Premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre chargée des Transports, Elisabeth Borne, des ONG de défense de l’environnement ont présenté ce 14 septembre les "cinq chantiers phares" qu’elles comptent porter au cours de ce grand débat qui doit déboucher en 2018 sur une nouvelle loi d’orientation des mobilités (lire ci-dessous notre article du 14 septembre 2017). "Face à un modèle de transports à bout de souffle, on attend des Assises et du gouvernement qu'ils mettent en oeuvre les engagements pris dans le cadre du plan climat" et qu'il aille "plus loin", a expliqué Lorelei Limousin, responsable des politiques transports au Réseau Action climat France, au cours d’une conférence de presse commune avec la Fondation pour la nature et l’homme (ex-Fondation Nicolas Hulot-FNH), la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), les Amis de la Terre, France nature environnement (FNE) et WWF France. Les ONG assurent vouloir contribuer activement "par des propositions concrètes" et se disent "vigilantes sur la qualité du processus de concertation" ainsi que sur les "modalités de décision à l'issue de ces Assises".
"Trente-cinq ans après la dernière loi sur les transports, [la] future loi de programmation de financement des infrastructures doit s'inscrire dans la trajectoire de sortie des énergies fossiles avant 2050", rappellent les ONG. Lors des Assises, elles veulent donc avoir leur mot à dire sur le sujet des infrastructures de transport, d’autant que "ces projets ont un impact déterminant sur la mobilité de demain et que nos chances de maintenir la hausse des températures bien en dessous de 2°C et 1,5°C si possible dépendent", soulignent-elles.

1 milliard d'euros pour le réseau ferré

Elles jugent que la pause dans les projets d'infrastructures décrétée par le gouvernement début juillet, "devra se traduire par un abandon définitif" de certains projets, en particulier ceux jugés "climaticides". La priorité est selon elles (d'investir) "dans les solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle" - renforcement des transports en commun de masse, mobilités collaboratives et partagées (covoiturage local, autopartage, autostop ou transport à la demande) pour les zones rurales et périurbaines moins denses, développement d’infrastructures cyclables sécurisantes. Un milliard d’euros est nécessaire au financement de la modernisation et de l’extension du réseau ferré, estiment-elles. Elles proposent aussi d’ "emmener le fret dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre" en développant le transport combiné et les autoroutes ferroviaires, pour effectuer un report de la route vers le rail. A leurs yeux, la question d'une redevance poids lourds devra être de nouveau posée.

"Fiscalité juste"

Le projet de loi de finances 2018, présenté fin septembre, constituera selon elles "le premier révélateur des ambitions et de la cohérence du gouvernement". Elles insistent en effet sur la nécessité d'adopter "des nouveaux outils de fiscalité écologique juste". La prime à la conversion automobile annoncée par le gouvernement devra ainsi répondre à "des critères d’efficacité environnementale et des besoins sociaux". "Il sera déterminant de poursuivre et renforcer les aides et mesures incitatives aux mobilités actives", insistent-elles.
Elles proposent également la création d’un "budget national vélo" à hauteur de 200 millions d’euros par an dans le cadre d’un appel à projets de transports collectifs et de mobilité durable pour les collectivités territoriales "comprenant un appel à projet pour des territoires cyclables pilotes, un fonds pour la résorption des coupures urbaines, la finalisation du Schéma national des véloroutes et voies vertes et une campagne de communication provélo sur la modèle de la campagne ‘manger-bouger’".
Enfin, les ONG appellent la France à faire montre d'exemplarité et de cohérence avec l'Accord de Paris en jouant "un rôle moteur auprès de l'Union européenne pour garantir l'adoption de réglementations ambitieuses et leur mise en oeuvre pour décarboner le secteur des transports et tirer les leçons du diesel gate".