Assises de la mobilité : Elisabeth Borne déroule le programme
La ministre chargée des Transports a présenté ce 13 septembre, lors d'une conférence-débat organisée par le Groupement des autorités responsables des transports (Gart), le déroulé des Assises de la mobilité qui seront lancées le 19 septembre prochain à Paris. Au cours d'une table ronde, les élus du Gart ont mis en avant des thèmes qui seront au coeur des Assises comme la révolution numérique dans les transports ou les évolutions des usages pour optimiser le parc existant.
En ouverture d’une conférence-débat sur le financement de la transition énergétique, organisée ce 13 septembre par le Groupement des autorités responsables de transport (Gart), Elisabeth Borne a détaillé le déroulement des prochaines Assises de la mobilité qui seront lancées le 19 septembre prochain au Palais Brongniart, à Paris. La ministre chargée des transports en a d’abord rappelé les enjeux, à l’aune des objectifs fixés dans le plan climat du gouvernement, pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur des transports, 1er émetteur de GES en France avec 30% des émissions.
"Nous devons accomplir une véritable révolution de la mobilité propre en repensant les usages, les technologies, les politiques publiques", a déclaré Elisabeth Borne. Outre la mutation des flottes de véhicule, cela nécessite selon la ministre de "faire décoller le co-voiturage, notamment sur les trajets domicile-travail, grâce à la révolution numérique", de "faciliter les pôles d’échanges pour faciliter l’interconnexion des mobilités actives [vélo, marche…ndlr) avec les autres modes", de "repenser nos besoins de déplacement", le télétravail et les horaires décalés étant selon elle "des pistes à creuser" et de "réinterroger le lien entre mobilité et urbanisme".
Six thèmes de travail
Les Assises, qui vont durer trois mois, vont donc servir à élaborer une nouvelle loi d’orientation des mobilités, 35 ans après la Loti (loi d’orientation des transports intérieurs). Une commission d’orientation des infrastructures sera chargée de préparer une loi de programmation pour équilibrer les dépenses et les recettes sur les cinq prochaines années.
Des groupes de travail seront organisés autour de six thèmes : environnement, révolution numérique, fractures sociales et territoriales (46% des habitants ne sont pas couverts par un plan de déplacements urbains – PDU, a rappelé la ministre), intermodalité, sécurité et sûreté, et gouvernance et financement. Ils associeront de nombreux acteurs (élus, représentants de l’administration, experts, ONG, organisations patronales, syndicats…). Des rencontres se tiendront dans les territoires. Sont également prévus des "ateliers de l’innovation". Une plateforme sera aussi mise en ligne pour recueillir des contributions.
En accueillant la ministre, Louis Nègre, président du Gart, s’est félicité que le gouvernement, depuis sa mise en place, ait "satisfait plusieurs demandes issues des 'Etats généraux de la mobilité durable'" organisés par les autorités organisatrices de transport, les associations d'usagers et les entreprises du secteur avant la présidentielle. "Le fait d’avoir un ministère plein et entier, qui a la capacité et les compétences pour faire bouger les choses était l’une de nos priorités", a-t-il rappelé.
"Une palette de solutions"
Au cours d’une table ronde consacrée au financement de la transition énergétique, les élus du Gart ont rebondi sur plusieurs thèmes qui seront au programme des Assises. Tous sont tombés d’accord pour vanter "une palette de solutions" à déployer face à des ressources de plus en plus limitées, comme l’a rappelé auparavant Alain Bonnafous, professeur émérite au Laboratoire Aménagement, Economie Transports de l’université de Lyon. 37 milliards d’euros sont aujourd’hui dépensés par les collectivités territoriales dans les transports, a-t-il souligné. 3,7 milliards sont à la charge des régions, "avec des coûts mal maîtrisés". Quant aux transports urbains, ils sont face à une équation de plus en plus complexe, avec un financement reposant à 40% sur le versement transport, désormais "au taquet", à 40% également sur les impôts locaux et à 20% seulement sur les usagers. "Ce n’est pas soutenable", prévient l’universitaire.
Parmi les pistes évoquées par les élus pour financer la transition énergétique en cours, "l’optimisation de l’existant", le recours au covoiturage, le développement des services d’autopartage, la complémentarité des modes induits par le recours accru à l’économie digitale sont les pistes les plus prometteuses. "Nous réfléchissons à la manière de mutualiser les voitures des collectivités : on peut imaginer qu’un salarié se rendant en bus le matin à son travail puisse rentrer chez lui le soir en utilisant une voiture de la collectivité, le numérique rend cela possible", a illustré Anne Gérard, vice-présidente mobilités à la communauté urbaine du Grand Poitiers.
Yann Mongaburu, président du syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération grenobloise, estime que les autorités organisatrices ont un rôle essentiel à jouer pour "coordonner tous les services de mobilité, publics comme privés, y compris ceux entre particuliers". La métropole de l’Isère, qui s’est dotée d’un plan de déplacements urbains (PDU) prévoyant de diminuer de 40% ses émissions de GES à l’échéance 2030, met l’accent sur la motorisation des véhicules, le recours à la marche et au vélo pour les trajets courts mais aussi les usages. "88% du temps des véhicules n’est pas utilisé, il faut davantage réfléchir à une meilleure occupation", a souligné Yann Mongaburu. En milieu rural aussi, de nouvelles solutions peuvent voir le jour pour encourager la complémentarité des modes. "En Lozère, par exemple, nous avons la possibilité d’alimenter une ligne de chemin de fer par du covoiturage associatif", a indiqué Jean-Luc Gibelin, vice-président en charge de la mobilité et des infrastructures de transports à la région Occitanie. "Nous souhaitons que l’on nous donne la possibilité de développer les expérimentations locales dans le cadre des PDU, a appuyé Charles-Eric Lemaignen, conseiller communautaire d’Orléans Métropole. Nous avons besoin d’un pouvoir réglementaire de proximité, en concertation avec les habitants. Quel que soit le mode, la révolution numérique va permettre de répondre à leurs besoins. Plus que tout, l’économie digitale va transformer la politique des transports publics".
Sept nouveaux membres au conseil d’administration du Gart
Lors de l’Assemblée Générale du Gart qui s’est tenue ce 13 septembre à Paris, les élus de l’association ont procédé à la réélection de son président, Louis Nègre, ainsi qu’à l’élection d’un nouveau Conseil d’administration. Celui-ci intègre sept nouveaux membres :
- Jean-Marie Albouy-Guidicelli, président du Syndicat intercommunal des transports collectifs de Montereau et environs ;
- Mohamed Moindjie, vice-président chargé des transports au sein de la Communauté d'agglomération Dembeni/Mamoudzou ;
- Jacques Bangou, 1er vice-président délégué à la commission Habitat, Rénovation urbaine, Construction du tramway au sein de la Communauté d'agglomération Cap Excellence ;
- Daniel Bellegarde, vice-président en charge des transports au sein de la Communauté d'agglomération du Grand Avignon ;
- Jean-Jacques Lumeau, 1er vice-président en charge des transports au sein de la Communauté d'Agglomération de la Région Nazairienne et de l'Estuaire ;
- Roch Brancour, président de la commission Transports et Mobilité au sein de la Région des Pays de la Loire ;
- Christine Moebs, présidente de la commission Infrastructures-Transports-Intermodalités-Mobilités au sein de la Région Nouvelle Aquitaine.
Ce
Conseil d’administration renouvelé compte au total 44 élus, dont le mandat est fixé à trois ans :
- 6 représentants des autorités organisatrices de la mobilité (AOM) de moins de 100.000 habitants ;
- 16 représentants des AOM comprises entre 100.000 et 300.000 habitants ;
- 9 représentants des AOM de plus de 300.000 habitants ;
- 4 représentants des départements ;
- 9 représentants des régions.