Emploi - Alternance : le gouvernement accélère le rythme
Le gouvernement met les bouchées doubles pour développer son plan en faveur de l'alternance. Le 17 mai 2011, à l'occasion des douzièmes rencontres sénatoriales de l'apprentissage, les ministres du Travail, Xavier Bertrand, et de l'Apprentissage, Nadine Morano, ont signé avec les chambres de métiers et de l'artisanat (CMA) une convention d'objectifs pour former à l'horizon 2012 50.000 apprentis supplémentaires dans l'artisanat. "Les CMA s'engagent à former 10.000 apprentis supplémentaires par an, soit 50.000 à horizon 2015", a ainsi précisé Alain Griset lors de la signature de la convention. Mais pour le président de l'Assemblée permanente des chambres de métiers et de l'artisanat (APCM), certaines conditions doivent être remplies pour atteindre cet objectif : la valorisation du statut des maîtres d'apprentissage, la simplification de la rémunération des apprentis et la répartition des fonds de l'apprentissage. Des points qui ne sont pas abordés dans la proposition de loi de Gérard Cherpion sur l'alternance qui doit être discutée par l'Assemblée nationale d'ici peu. Le gouvernement semble prêt à faire des efforts sur ces aspects. A l'occasion des questions cribles organisées au Sénat le même jour, Nadine Morano a été claire : "Nous devons aussi valoriser les maîtres d'apprentissage et travailler sur leur statut. Nous sommes en train de travailler avec Xavier Bertrand à valoriser leur statut par une valorisation des acquis de l'expérience (VAE)". A l'heure actuelle, les CMA constituent, avec plus de 95.000 apprentis formés chaque année, le premier réseau de formation en apprentissage en France. Avec la nouvelle convention, il va activement participer à l'ambitieux plan du gouvernement qui vise à atteindre 800.000 apprentis d'ici 2015. Un objectif qui apparaît d'ailleurs pour certains, à l'image de Ronan Kerdraon, trop ambitieux. "L'Etat a fixé un certain nombre d'objectifs aux régions sans tenir compte de la situation existante ni de la démographie des 16-25 ans dans chaque région et certainement pas des particularités régionales, a ainsi souligné le sénateur des Côtes-d'Armor lors des questions cribles, vous proposez des aménagements réglementaires qui ne correspondent pas aux objectifs avancés. Au-delà des effets d'annonce, il vaudrait mieux travailler de manière plus approfondie."
"Un objectif national partagé"
Des critiques auxquelles la ministre de l'Apprentissage a réagi. "Nous sommes là face à un objectif national partagé. Il y a l'Etat, sa mobilisation, son engagement, les régions avec lesquelles nous travaillons. Si nous voulons réussir ce défi, c'est ensemble qu'il faut y aller : Etat, régions, branches professionnelles, chambres des métiers… Je sens, pour rencontrer les artisans et branches professionnelles, cette mobilisation très forte", a ainsi souligné Nadine Morano. Côté régions, la ministre fait le tour d'entre elles pour signer les contrats d'objectifs et de moyens (COM) avant le 14 juillet. Trois d'entre eux (Languedoc-Roussillon, Alsace et Bourgogne) sont sur le point de l'être. Et les mesures concrètent arrivent aussi au fur et à mesure. Deux décrets viennent d'être publiés concernant les incitations financières destinées aux entreprises dans le cadre de l'embauche d'un apprenti. D'autres dispositions, concernant cette fois-ci l'accompagnement des apprentis (logement, transport…), sont en cours d'élaboration. Côté restauration, "dès la rentrée prochaine, les apprentis auront accès aux restaurants du Crous au même tarif social que les étudiants", a précisé la ministre. Même travail côté logement, puisque le conseil d'administration du Conseil national des œuvres universitaires et sociales (Cnous) a voté une délibération le 1er avril spécifiant que tous les apprentis auront désormais accès aux logements des Crous. "S'agissant des cinémas et autres enseignes commerciales, la carte d'apprenti délivrée par les centres de formation d'apprentis (CFA) offre l'accès à ces services au tarif étudiant", a encore détaillé Nadine Morano, montrant les efforts envisagés par le gouvernement pour que les apprentis voient leurs conditions d'accompagnement s'améliorer. Des dispositifs qui font écho aux préconisations du Centre d'analyse stratégique (CAS) dans sa note sur le sujet publiée le 16 mai. Coût de ces mesures : environ 20 millions d'euros par an, qui seront pris en charge par le gouvernement.