Communication - Algues vertes : une campagne de communication de France Nature Environnement hérisse la Bretagne
A la veille du Salon de l'agriculture et à quelques mois des vacances d'été, une campagne de communication de France Nature Environnement destinée à être placardée dans le métro parisien et dénonçant les OGM et les pesticides, est vécue comme un "coup de poignard" en Bretagne, où élus et professionnels du tourisme estiment avoir déjà pris le problème à bras le corps. Même si l'affiche d'un enfant jouant sur une plage couverte d'algues vertes avec comme slogan "Bonnes vacances", suivi de "L'élevage industriel de porcs et les engrais génèrent des algues vertes. Leur décomposition dégage un gaz mortel pour l'homme", ne vise pas spécifiquement la région, "le quidam fait naturellement le rapprochement entre algues vertes et Bretagne", s'indigne Maria Vadillo, présidente du comité régional du tourisme (CRT). "Il s'agit d'une campagne de désinformation qui va à l'encontre de tout ce qu'on fait depuis deux ans en matière de sécurité et de transparence", a ajouté cette responsable en soulignant "étudier une action en justice".
Une "opération malveillante" selon Jean-Yves Le Drian
Le président de région, Jean-Yves Le Drian (PS), a pour sa part dénoncé une attaque "caricaturale" alors qu'a été lancé l'an passé un plan anti-algues vertes qui prévoit le ramassage de ces ulves (type d'algue verte) et une réduction à terme des rejets azotés agricoles qui les favorisent. "Je dénonce cette opération et la trouve malveillante alors que, pour la première fois, un vrai dialogue se crée en Bretagne entre ceux qui, hier, refusaient de s'écouter", a-t-il estimé dans un communiqué. Pour Yves Le Roux, président de Côtes-d'Armor Tourisme, cette campagne représente "un coup de poignard dans le dos qui risque de réduire à néant ce qui a été mis en place alors que l'ensemble des collectivités et des professionnels a pris la dimension du problème" (lire nos articles ci-contre).
L'opération de France Nature Environnement met également dans l'embarras l'association de référence locale Eau et rivières de Bretagne, qui fait pourtant partie de la fédération.
"Eau et rivières de Bretagne n'a pas été associée à cette campagne", a déploré son délégué général, Gilles Huet, qui "regrette cette absence de concertation préalable". Reste que le "pacte breton" de lutte contre les algues vertes a subi un coup de canif majeur dès l'été dernier, avec l'adoption au Parlement de l'amendement Le Fur (UMP) facilitant l'extension des élevages porcins, selon cette association. "Cet amendement a été interprété par beaucoup d'associations et de collectivités comme une provocation dans ce dossier extrêmement sensible", analyse Gilles Huet.
Dénoncé depuis des années par les écologistes et certains élus locaux, le phénomène des algues vertes n'a commencé à être pris en compte par l'Etat qu'après la mort en 2009 d'un transporteur et d'un cheval qui avaient inhalé les émanations empoisonnées d'ulves en putréfaction.
Le tourisme représente 8% de l'économie bretonne et 51.000 emplois salariés directs, soit 4,6% de l'emploi salarié de la région, selon le CRT.