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Environnement - Agence de l'eau Adour-Garonne : un dixième programme en augmentation

L'agence de l'eau Adour-Garonne a présenté le 30 octobre son dixième programme d'intervention pour les six ans à venir (2013-2018). Un programme en hausse, mais toujours marqué par les déficits hydriques.

Premier constat, avec un budget de 1,9 milliard d'euros, contre 1,3 milliard sur la période précédente, le dixième programme d'intervention de l'agence de l'eau Adour-Garonne est en nette augmentation (+ 24 %). Il a été adopté à l'unanimité du comité de bassin, sauf un vote contre des APNE (associations de protection de la nature et de l'environnement) sur la délibération concernant la gestion quantitative, car "ces mesures, prises sous l'influence du lobby agricole, ne permettront pas de faire face au changement climatique", justifie Michel Rodes, représentant des APNE. Cette question est toujours au centre des débats sur ce bassin où le déséquilibre entre les prélèvements et la ressource disponible est de l'ordre de 220 millions de m3. L'année 2012 n'a pas échappé à la règle : l'été a été le plus sec de ces cinquante dernières années en Gironde et en Charente.

Réserves de substitution "réservées" au soutien d'étiage

Cette situation oblige l'agence à financer des déstockages d'eau massifs provenant des réserves d'EDF à des coûts prohibitifs : 3,3 millions d'euros ont été mobilisés pour soutenir les débits des fleuves cet été. "Ce système coûte très cher et tout le monde se rend bien compte aujourd'hui qu'il atteint ses limites, car avec le changement climatique, le déficit ne va cesser de croître", déclare Marc Abadie, directeur de l'agence de l'eau Adour-Garonne. Une cinquantaine de projets de création de réserves de substitution, pour un total de 80 millions de m3, sont actuellement en cours. "Mais ces réserves serviront uniquement au soutien d'étiage et à l'eau potable, conformément à la DCE et à notre Sdage, et non à l'irrigation agricole, car ce n'est pas l'objet d'une agence de l'eau", promet son directeur, dont les locaux ont été assaillis en 2010 par les irrigants refusant les quotas d'irrigation qui découlent de la loi sur l'eau de 2006 (Lema). Au total, le budget consacré à la gestion quantitative et aux économies d'eau s'élève à 105 millions d'euros, soit une augmentation de 69%. Des aides à la conversion agricole vers des cultures plus économes en eau sont également prévues. "Sur proposition des coopératives agricoles elles-mêmes, certaines exploitations sont déjà passées par exemple du maïs au chanvre. Ce dernier a l'avantage de consommer à la fois moins d'eau et moins d'intrants et de se situer sur un marché local en expansion (l'isolation thermique des bâtiments)", analyse le directeur.

Assainissement non-collectif et protection des captages

Le premier budget (590 millions d'euros) est consacré à l'assainissement, avec notamment une montée en puissance de l'assainissement non-collectif (120 millions d'euros). Ensuite, l'alimentation en eau potable et la solidarité entre le monde urbain et les territoires ruraux représentent 240 millions d'euros chacun. "Cela vise pour une bonne part la protection des captages, les interconnexions et la lutte contre les fuites d'eau. Bordeaux par exemple doit stopper ses prélèvements dans la nappe phréatique et trouver une autre ressource. En outre, nous sommes sur un territoire très rural, où les conseils généraux rencontrent des difficultés financières", développe Marc Abadie.

+ 75 % pour les milieux aquatiques et les inondations

La préservation des milieux aquatiques et la prévention des inondations se voient attribuer un budget de 180 millions d'euros. Soit 75% en plus. C'est la hausse la plus importante, avec la connaissance environnementale (58 millions d'euros, + 80%). Ce budget doit permettre de sauvegarder les zones humides et la biodiversité en aidant les collectivités locales à s'impliquer dans la gestion des rivières et en restaurant la continuité écologique par l'équipement de passes à poissons (1.800 ouvrages concernés). Côté inondations, l'agence souhaite promouvoir la gestion préventive par la réhabilitation de zones naturelles d'épandage de crues. "Ce volet est mieux pris en compte que dans le programme précédent, cependant toutes les grandes agglomérations (Bayonne, Pau, Bordeaux, etc.) construisent toujours sur des zones humides. Les actions pilotes exemplaires restent largement à la marge", regrette Michel Rodes.

Lutte contre les pollutions agricoles

Avec un budget de 120 millions d'euros, les actions de lutte contre les pollutions industrielles et artisanales sont stables, alors que celles contre les pollutions agricoles diffuses augmentent de 11% (90 millions d'euros). En plus de la contribution au plan national Ecophyto 2018 (37 millions d'euros), l'agence mettra en œuvre des actions territorialisées d'une part et de nouveaux partenariats de branche, avec par exemple le groupe agroalimentaire Maïsadour, poids lourds économique de la région (1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires). "Le monde agricole sait qu'il faudra faire des compromis, y compris pour mieux exporter ses produits auprès de consommateurs de plus en plus sensibles au respect de la nature", conclut Marc Abadie.

 

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