Education - Absentéisme : le médiateur préfère le "contrat" à la "sanction"
Le Médiateur de la République a déclaré le 21 avril qu'il préférait "la notion de contrat" passé avec les familles d'élèves absentéistes à une "sanction" telle que la suspension des allocations familiales. Jean-Paul Delevoye réagit ainsi aux décisions de Nicolas Sarkozy, en visite la veille à Bobigny (Seine-Saint-Denis), de suspendre "systématiquement" les allocations familiales en cas d'"absentéisme scolaire injustifié". "Je pense qu'augmenter la précarité n'est pas une bonne solution, mais laisser la déresponsabilisation parentale n'est pas non plus une bonne solution", a poursuivi Jean-Paul Delevoye au micro de RMC. Le médiateur a évoqué "des expériences locales de contrats" consistant à dire : "Vous avez des difficultés pour éduquer vos enfants, on va vous aider (...) pour faire en sorte de reconstruire l'autorité parentale, remettre en place le comportement de vos enfants." Le médiateur a précisé qu'il pensait "plutôt à la notion de contrat basé sur un objectif et une évaluation et là, une sanction, plutôt qu'à une sanction qui ajoute une précarité à une précarité et une souffrance à une souffrance". Le projet qui a aussitôt été critiqué de toutes parts (lire : "Un policier par établissement scolaire sensible, suspension des allocations familiales") continu à susciter des oppositions avec, pour les dernières en date, celle de Luc Ferry, ancien ministre de l’Education nationale qui a déclaré au Monde que "c'est ajouter de la misère à la misère". De leurs côtés, les inspecteurs d’académie estiment par la voix du secrétaire général du Syndicat des inspecteurs d'académie, Robert Prospérini, que "ces annonces, un peu à l'emporte-pièce, veulent frapper l'opinion, mais ensuite on ne peut pas les appliquer, notamment car cela crée de la pauvreté". Pour autant, dans ce contexte, un sondage CSA publié le 22 avril par Aujourd'hui en France/Le Parisien indique que 63% des Français sont favorables à la suppression des allocations familiales en cas d'absentéisme à l'école alors que 32% y sont opposés. Selon ce sondage, 28% des personnes interrogées sont "tout à fait" favorables à la suppression, 35% "plutôt" favorables, 20% des sondés sont "plutôt" opposés à une telle mesure, 12% sont "tout à fait" opposés et 5% ne se prononcent pas. Les chiffres varient peu selon qu'il s'agisse de l'ensemble des Français ou de parents d'enfants scolarisés : ces derniers sont en effet à 62% favorables à cette mesure alors que 36% y sont opposés.
Egalement interrogé sur l'installation envisagée d'un bureau pour le "policier ou gendarme référent" dans des établissements scolaires sensibles, Jean-Paul Delevoye a relevé dans ce projet "l'aspect symbolique, qui sécurise les uns". Mais, a-t-il ajouté, "cela ne règle pas le problème de fond, qui fait qu'aujourd'hui les jeunes ont des rapports de plus en plus violents les uns par rapport aux autres".
Catherine Ficat avec AFP