Politique de la ville - Zones franches urbaines : la "bonne fée sur le berceau du maire"
Renforcer l'activité économique des banlieues les plus défavorisées. Le sujet est d'actualité. Les zones franches urbaines (ZFU), grâce aux exonérations qu'elles offrent aux employeurs (exonération de l'impôt sur les sociétés et des charges patronales pendant cinq ans), restent un outil important. Elles ont permis de créer 62.000 emplois depuis leur mise en place en 1997. Leur nombre a été porté à cent (quarante-quatre initialement). Fort de son expérience sur le terrain, Stéphane Girard, directeur de la Maison de l'entreprise et de l'emploi (M2E) d'Aulnay-sous-Bois, était l'un des deux protagonistes d'un après-midi débat que Profession Banlieue consacrait ce 12 février à "l'impact des ZFU sur l'emploi dans les quartiers". Son bilan est globalement positif.
Localtis : Quel bilan tirez-vous des zones franches urbaines ?
Stéphane Girard : Souvent, les maires souhaitent attirer les entreprises sur leur territoire mais ne s'en donnent pas les moyens. Les ZFU ont fait prendre conscience aux élus qu'il fallait agir et inciter les entreprises à venir. C'est un peu comme une bonne fée qui se serait penchée sur le berceau des maires. Le principal est fait : la prise de conscience !
Qu'en est-il pour Aulnay-sous-Bois ?
La commune n'a pas attendu le dispositif des ZFU pour s'activer. Dès les années 80 et l'arrivée de la crise économique, un ensemble de structures, de démarches et de dispositifs a été mis en place pour attirer les entreprises. Le zonage, qui a été instauré en 2004, n'a fait que couronner ces efforts.
Que pensez-vous des mesures du plan Banlieue de Nicolas Sarkozy, en matière de création d'entreprises ?
Ce plan donne l'impression qu'on a enfin compris qu'il n'y a pas d'emploi s'il n'y pas de développement économique. Dans le détail, le coup de pouce donné en faveur de la création d'entreprises, avec l'accompagnement de 20.000 créateurs d'entreprises sur quatre ans, me paraît pertinent, tout comme la généralisation des écoles de la deuxième chance sur l'ensemble du territoire. En Seine-Saint-Denis, il y a énormément d'emplois disponibles et très peu de candidats. L'école de la deuxième chance me paraît être un bon "sas" entre l'école et l'emploi pour des jeunes peu qualifiés. En revanche, je suis plus sceptique sur le contrat d'autonomie. Il existe actuellement 216 contrats de ce type en France, dont 50% sont des contrats aidés. Cela coûte cher et personne n'y comprend rien !
Propos recueillis par Emilie Zapalski