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Transports - Zones 30 et sécurité routière : la Fnaut cible la vitesse automobile

La Fédération nationale d'associations d'usagers des transports (Fnaut) estime les maires trop frileux dans le développement des zones 30. Et milite plus globalement pour un abaissement de la vitesse automobile.

En fin d'année dernière, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a annoncé un objectif ambitieux en termes de sécurité routière : passer d'ici 2020 sous la barre des 2.000 morts par an. Le 4 juillet, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a expliqué que cela ne pourra se faire sans de nouvelles mesures volontaristes. La plus urgente d'entre elles ? "Réduire la vitesse car c'est une mesure facile à mettre en oeuvre rapidement et peu coûteuse", conseille Jean Sivardière, à la tête de cette fédération. Partant du constat que les accidents sont plus graves en dehors des villes qu'en milieu urbain, elle propose une réduction "réaliste mais qui serait apte à provoquer un choc psychologique salutaire, comme l'ont été l'introduction du permis à points ou celle des radars automatiques, c'est-à-dire une réduction de 10 km/h, soit 120 km/h sur l'autoroute, 100 km/h en voie express et 80 km/h pour les départementales". Outre la réduction des accidents et de la facture de carburant, l'impact serait aussi environnemental : lever le pied inverse automatiquement la courbe des émissions de polluants de type COV, oxyde d'azote ou microparticules. D'ores et déjà, des préfets ont d'ailleurs appliqué cette mesure sur diverses voies urbaines rapides, notamment à Nice et Grenoble. "Réduire sa vitesse apaise les villes et les rend plus attractives", motive Jean Sivardière. La Fnaut défend par ailleurs une autre position : en s'appuyant sur une étude menée par deux chercheurs et discrètement publiée il y a quelques mois, elle rappelle que les petits excès de vitesse (inférieurs à 10 km/h) causent de plus en plus d'accidents mortels, du moins sur les routes départementales en rase campagne, un périmètre sur lequel porte cette étude. Elle propose donc un durcissement des sanctions à l'encontre de ces petits excès bien souvent tolérés.

Accélérer le développement des zones 30

Timidement développées dans une poignée de villes pionnières (une quinzaine dont Sceaux, Fontainebleau et Lorient), les zones 30 représentent un outil de régulation et de pacification qui mériterait selon la fédération d'être généralisé en secteur urbain. "Car les rues ne sont pas des routes, et les automobilistes n'en sont pas les seuls usagers", défend Jean Sivardière. Sur la manière de les développer, le ton est plus nuancé. Si elle est trop progressive et appliquée rue par rue, le "choc psychologique nécessaire à une évolution des comportements" ne sera pas au rendez-vous. Mais si l'extension des zones 30 est rapide et globale, il faut alors bien préparer le terrain et prévoir en amont un travail pédagogique. "A Strasbourg, le référendum portant sur l'extension des zones 30 a abouti sur une majorité de refus. Mais l'opération a été mal conduite, il faut beaucoup plus de pédagogie pour laisser au projet une chance d'être accepté", précise Jean Sivardière. La fédération salue en revanche le projet de la ville de Paris, qui vise à convertir en zone 30 un tiers de sa voirie. Rennes, Toulouse et Angers ont aussi des projets qui vont dans ce sens. "Il ne faut pas avoir peur d'innover, à une époque l'introduction en ville de zones piétonnes faisait aussi râler", conclut Jean Sivardière.