Villes de France lance son observatoire des transitions écologique et numérique

Connaître les pratiques des villes moyennes en matière de transition écologique et numérique et les aider à répondre à ces enjeux : c'est l'objet de l'Observatoire des transitions en villes moyennes de Villes de France, présenté le 14 juin 2023.

Au sein des villes moyennes, la transition écologique est davantage perçue comme une opportunité que la transition numérique. C'est le constat de l'Observatoire des transitions écologique et numérique que Villes de France a lancé le 14 juin en partenariat avec la Banque des Territoires. Réalisé par le cabinet Espelia, l'observatoire se base sur l'analyse de données disponibles en open data et d'autres fournies par la Banque des Territoires, EDF, Enedis, Engie, GRDF, Orange, SFR, Suez, Citeo et Veolia. Il s'appuie aussi sur les résultats d'un sondage mené entre le mois d'août 2022 et le mois de février 2023 auprès des adhérents de Villes de France. Objectifs : "disposer d'éléments pour objectiver les décisions et se positionner par rapport aux autres villes", selon les mots de Gil Avérous, président de Villes de France. "Toute collectivité élabore désormais un plan climat-air-énergie territorial (PCAET) mais 43% seulement ont des objectifs chiffrés", insiste le maire de Châteauroux (Indre). L'observatoire devrait stimuler les unes et les autres pour aller plus en profondeur dans la démarche.

Le sondage montre que plus de la moitié des collectivités interrogées considèrent bien la transition écologique comme une opportunité, et 35% la considèrent à la fois comme une contrainte et une opportunité. Elles sont plutôt avancées dans ce domaine : seules 8% n'ont pas d'élu consacré au sujet. Plus de 70% ont mis en place des instances d'animation ou de pilotage de la transition écologique et 71% disposent d'une feuille de route stratégique avec des objectifs chiffrés.

40% seulement ont généralisé des pratiques d'achats durables

Il y a bien sûr des domaines dans lesquels il reste des progrès à faire : seules 40% ont généralisé des pratiques d'achats durables dans leurs marchés publics et 5% disposent d'une comptabilité verte. Un tiers des collectivités interrogées sont cependant en réflexion sur le sujet.

L'observatoire s'arrête sur le cas de l'agglomération du Roannais qui a fortement travaillé sur son mix énergétique. Elle est partie d'un constat simple : 12% seulement de la consommation énergétique était couverte en 2016 par des énergies renouvelables. Quatre projets (un parc de six éoliennes, une centrale photovoltaïque au sol, un méthaniseur territorial et plusieurs projets photovoltaïques en toiture) ont été lancés. L'agglomération a décidé de prendre en charge techniquement et financièrement le sujet, créant une société d'énergie mixte "Roannais des énergies renouvelables", en collaboration avec la société de financement régional "Oser". Un portage qui permet d'avoir une concertation fine avec les acteurs concernés, les riverains et les élus du territoire.

Une dématérialisation des procédures à renforcer

Côté transition numérique, le tableau n'est pas le même, la thématique étant plutôt vécue comme une contrainte (46% seulement des collectivités interrogées la considèrent comme une opportunité). 40% des collectivités n'ont pas d'élu identifié sur le sujet et dans la très grande majorité des cas, le sujet est porté à travers une logique de mutualisation et de coopération entre les communes et leurs EPCI.

Au-delà de l'inclusion numérique et des enjeux de sobriété, la cybersécurité est un des sujets prioritaires dans ce domaine. D'après l'observatoire, plus d'un tiers des collectivités interrogées a été victime d'une cyberattaque au cours des trois dernières années. "La question n'est plus quelle collectivité risque d'être attaquée mais quand elle sera attaquée", a alerté Gil Avérous.

Le numérique est aussi utilisé pour la vidéoprotection, le stationnement et la mobilité et la gestion des bâtiments. "À l'inverse, certains enjeux comme la protection de l'environnement ou la mise en capacité des citoyens semblent aujourd'hui moins au cœur des projets de ville intelligente", précise l'étude.

Enfin, en matière de dématérialisation des procédures, les données sont étonnantes : même dans les services le plus souvent dématérialisés comme l'état civil, l'enfance ou la mobilité, le taux de dématérialisation partielle reste largement prépondérant (dans plus de deux tiers des situations). Et plus de la moitié des collectivités n'envisagent pas de mettre en œuvre une plateforme de données territoriales.