Politique du livre - Vers une extension des horaires des bibliothèques publiques

La ministre de la Culture et de la Communication a présenté au Conseil des ministres du 14 novembre une communication sur la politique de livre. Cette dernière s'inspire largement des conclusions du rapport sur le soutien à la librairie indépendante d'Antoine Gallimard - PDG de la maison d'édition du même nom -, remis le 12 septembre dernier, et du rapport de la mission "Livre 2010" remis en juin dernier. Le plan en faveur du livre arrêté par les pouvoirs publics définit trois priorités. L'une d'entre elles concerne le soutien à la lecture. Elle vise les bibliothèques publiques qui, avec leur huit millions d'inscrits, jouent un rôle très important dans la diffusion du livre et le développement de la lecture. Christine Albanel prévoit de mettre en place, dans des conditions qui restent à déterminer, des expérimentations "visant à encourager l'extension des horaires d'ouverture des bibliothèques". L'idée directrice de cette expérimentation est de faire appel à des étudiants pour assurer l'élargissement des plages horaires et répondre ainsi au mode de vie des actifs urbains. La ministre de la Culture prévoit aussi, de façon plus générale, de favoriser "la mutualisation des services des bibliothèques universitaires et des bibliothèques de lecture publique".
La seconde priorité du plan en faveur du livre porte sur le renforcement de la librairie indépendante, confrontée à la concurrence de plus en plus vive des grands réseaux comme la Fnac ou Virgin et à celle des grandes surfaces. L'une des mesures préconisées à ce titre - reprise du rapport Gallimard - intéresse également les collectivités. Il s'agit de la possibilité qui leur sera donnée d'alléger la taxe professionnelle sur les librairies indépendantes. Point important : cet allègement sera compensé par l'Etat. Les librairies indépendantes bénéficieront par ailleurs d'un doublement des aides du Centre national du livre (CNL) et de la mise en place d'un "label de la librairie indépendante de référence", judicieusement dénommé "LIR" et délivré par le CNL.
Enfin, le troisième volet du plan porte sur la définition d'une économie numérique du livre. Il regroupe plusieurs mesures comme l'encouragement à la création d'une offre légale de documents écrits sur internet. Une commission "politique numérique" sera créée à cette fin au sein du CNL. Elle sera notamment chargée de favoriser la "signature rapide" d'un accord entre la Bibliothèque nationale de France et les éditeurs, afin de permettre l'accès à des textes contemporains sous droits sur la plateforme "Europeana", préfiguration de la future Bibliothèque numérique européenne.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

Le Sénat veut un médiateur pour le livre
Le Sénat a tenu a faire entendre sa voix dans les diverses réflexions en cours sur l'avenir du livre. Jacques Valade, sénateur de la Gironde et président de la commission des affaires culturelles, a ainsi présenté, en septembre dernier, un rapport intitulé "La galaxie Gutenberg face au 'big bang' du numérique". Ce document confirme que les librairies constituent "le maillon faible" dans le défi représenté par l'irruption du numérique et justifient donc la mise en place d'un véritable "plan de sauvetage". Parmi les différentes mesures envisagées, le rapport préconise la mise en place d'un "médiateur du livre". Celui-ci serait notamment chargé de veiller à d'éventuelles pratiques anti-concurrentielles et, le cas échéant, de saisir le Conseil de la concurrence ou de proposer lui-même une solution transactionnelle. Seul problème à la mise en oeuvre d'une telle mesure : le projet oppose les libraires, partisans de la création d'un médiateur, aux éditeurs qui ne veulent pas en entendre parler, estimant que les instances actuelles suffisent.