Culture - L'Inspection générale s'inquiète du sort des fonds patrimoniaux des bibliothèques territoriales
Le rapport d'activité 2006 de l'Inspection générale des bibliothèques (IGB) présente, outre le compte-rendu de ses missions, un certain nombre d'études thématiques. Cette année, l'IGB se penche notamment sur les perspectives des fonds patrimoniaux des bibliothèques territoriales. Il s'agit en l'occurrence du patrimoine écrit conservé dans les bibliothèques et issu, pour une bonne part, des confiscations opérées lors de la Révolution. L'enjeu est loin d'être négligeable : si la Bibliothèque nationale de France gère plus de 10 millions de volumes à ce titre - avec des moyens permettant la valorisation des collections -, le rapport évalue le patrimoine des bibliothèques territoriales à environ 4 millions de volumes, répartis sur 300 établissements.
Le bilan dressé par l'Inspection générale est pour le moins mitigé. Il règne en effet un certain flou sur le périmètre et sur le statut de ce patrimoine, résultant à la fois de la mise à disposition par l'Etat, en 1803, du produit des confiscations révolutionnaires et des enrichissements ultérieurs, qui sont généralement la propriété des collectivités (acquisitions, legs ou dons, mais aussi parfois simples dépôts). Si "l'attachement de principe" des collectivités à ces fonds est "indéniable" - en particulier du fait de l'intérêt renouvelé pour le patrimoine - il se concentre surtout sur les documents relatifs aux racines locales. Par ailleurs, les communes n'ont pas l'expérience et le savoir-faire en matière de conservation qu'ont acquis les départements après le transfert des archives. La situation est également confuse en matière de numérisation. Les récents développements en la matière semblent avoir profité aux fonds des musées territoriaux beaucoup plus qu'à ceux des bibliothèques. Le rapport de l'IGB pointe ainsi l'échec des tentatives de portails régionaux de ressources en ligne. De façon plus large, il s'interroge sur la pertinence d'un niveau régional en matière de bibliothèques, constatant que "les régions préfèrent investir dans des orchestres, des troupes de théâtre, le spectacle vivant et le cinéma".
Face à ce constat d'une relative déshérence, l'Inspection générale préconise la mise en place de conventions spécifiques entre l'Etat et les communes concernées. Dans ce cadre, l'Etat mettrait à disposition des conservateurs "à profil patrimoine" et des financements ponctuels pour réaliser certaines opérations (catalogues, numérisations des fonds...). Pour leur part, les collectivités assureraient l'entretien des collections et du bâti. Le rapport estime également que "les départements mériteraient d'être introduits dans le circuit", en particulier pour regrouper des petits fonds, assurer les conditions de conservation de base et créer de véritables bibliothèques patrimoniales.
Jean-Noël Escudié / PCA