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Patrimoine - Une pétition nationale pour sauver les phares

En 1862, le phare de Cordouan - situé dans l'estuaire de la Gironde et dont les travaux de construction débutèrent à la fin du XVIe siècle - fut le premier édifice classé monument historique, en même temps que Notre-Dame de Paris. Mais depuis lors, les phares, qui constituent un élément fort de l'identité des départements maritimes, n'ont pas continué de faire l'objet d'une telle sollicitude. Au contraire, l'évolution des techniques de navigation, qui font de plus en plus appel à des outils électroniques comme le GPS, et le mouvement d'automatisation des phares, qui voit le départ des derniers gardiens, aggravent les risques de dégradation de ce patrimoine.
Aussi la Société nationale pour le patrimoine des phares et balises (SNPB) lance-t-elle une pétition en faveur de la sauvegarde d'"une épopée humaine et technologique hors du commun à laquelle notre mémoire collective est attachée pour toujours". La pétition, "considérant l'urgence de la situation qui affecte ce patrimoine", [...] "demande qu'une véritable politique nationale en faveur de sa protection soit engagée sans tarder". Sur son site, l'association donne plusieurs exemples - photos à l'appui - de la dégradation de certains phares, dont plusieurs sont pourtant des noms mythiques pour tous les navigateurs, comme Ar-men (Finistère), Triagoz (Côtes-d'Armor) ou La Teignouse (Morbihan). Selon l'association, certains incendies ou destructions récents sous l'effet de la mer - comme la chute du feu des Plâtresses (Finistère), pourtant haut de 22 mètres, lors d'une tempête en décembre 2007 - sont directement liés au manque d'entretien. La SNPB a d'ailleurs mis sur pied un "service de veille du patrimoine" qui permet aux adhérents et à tout amateur d'histoire maritime d'apporter des informations documentées sur la situation de ces bâtiments.
En termes patrimoniaux, les phares appartiennent à l'Etat. Leur entretien incombe au service des phares et balises, qui gère environ 150 phares répartis sur tout le littoral, auxquels s'ajoutent 3.500 marques lumineuses et 4.500 marques passives (le tout formant les établissements de signalisation maritime, ou ESM). Mais les collectivités territoriales, notamment en Bretagne, sont loin de se désintéresser de ce patrimoine. Le conseil général du Finistère réclame ainsi le classement au titre des monuments historiques de plusieurs phares emblématiques, dont celui de Kéréon, le dernier "phare-monument" construit en France avec ses parquets en marqueterie et ses boiseries en chêne de Hongrie et dont les derniers gardiens ont été remplacés par un système automatique en janvier 2004. Pour sa part, la région Bretagne finance - avec le département du Finistère, la ville de Brest et les communes concernées - l'écomusée des phares et balises d'Ouessant, installé dans le célèbre phare du Créac'h.

 

Jean-Noël Escudié / PCA