Prévention des risques - Une nouvelle aide aux communes situées dans les territoires à risques d'inondation
En ouverture des Assises nationales des risques naturels le 22 mars à Marseille, Ségolène Royal a annoncé de nouvelles mesures visant à mieux anticiper les crues soudaines, notamment sur le littoral méditerranéen. "J'ai décidé de déclencher une campagne d'information massive spécifique aux départements littoraux de l'arc méditerranéen (...) pour anticiper la saison cévenole de l'automne prochain", a déclaré la ministre de l'Environnement. "Cette campagne permettra de renforcer l'information (avant) l'arrivée d'un événement climatique de niveau orange ou rouge", a-t-elle expliqué. Outre les médias, la campagne doit être relayée sur les réseaux sociaux et sur les applications mobiles "pour que chacun garde un haut niveau de vigilance".
"L'importance de la culture du risque et de l'information préventive est cruciale", a souligné la ministre, alors que le dernier épisode meurtrier a fait 20 morts sur la Côte d'Azur en octobre dernier (lire notre encadré ci-dessous). Plusieurs des victimes étaient décédées en descendant dans leur parking pour sauver leur voiture, ce qui est formellement déconseillé.
Par ailleurs, le ministre va "lancer des actions de formation pour les élèves des 700 collèges des quatre académies qui bordent la Méditerranée", soit 400.000 collégiens, a poursuivi Ségolène Royal. Cette opération "permettra de former les élèves et leurs familles à la connaissance des risques", avec notamment l'apprentissage des gestes de premier secours et des simulations de mise en sécurité d'établissements avec les élèves, les professeurs et les parents.
Un appel à projets auprès de 122 territoires à risque
Le ministère va en outre lancer un appel à projets auprès des 122 territoires à risque important d'inondation - soit 2.500 communes représentant 11 millions d'habitants dans toute la France - "qui seraient prêts à se mobiliser pour des actions innovantes de sensibilisation et d'information de la population". Le ministère consacrera un million d'euros à l'aide à ces communes. Il s'agit entre autres d'acheter des kits de survie, d'organiser des formations et de les équiper de systèmes d'alerte.
Dans le cadre des Assises, Ségolène Royal a en outre remis le Grand Prix d'aménagement "Comment mieux bâtir en terrains inondables constructibles" à 22 lauréats. Ce prix entend "valoriser les solutions pour mieux bâtir en zones inondables constructibles" et "encourager le développement des techniques et conceptions architecturales, urbaines ou d'aménagement permettant de rendre moins vulnérables aux inondations les logements et les territoires", rappelle le ministère, précisant que les projets retenus doivent porter sur des terrains où "l'aléa n'est ni fort ni grave pour les vies humaines". Trois projets particulièrement innovants ont été distingués – celui de Seine Gare Vitry, à Vitry-sur-Seine (94), "Tout un monde flottant" à Saint-Ouen l'Aumône (95) et Rivières dans la ville à Mont-de-Marsan (40) -, la ville de Saint-Pierre-des-Corps (37) bénéficiant d'une mention spéciale du jury pour sa "démarche de longue haleine, reproductible et exemplaire". Pour 2016, la ministre a annoncé le lancement d'une deuxième session du Grand prix qui sera ouverte "aux réalisations et aux projets en cours de réalisation ou d'études de dimension nationale ou internationale".
Anne Lenormand avec AFP
Des victimes des inondations de l'automne sur la Côte d'Azur portent plainte contre X
Vingt-six habitants de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes), la commune la plus touchée par les inondations meurtrières qui avaient ravagé la Côte d'Azur le 3 octobre dernier, ont annoncé le 15 mars avoir porté plainte contre X, comptant sur la justice pour établir d'éventuelles responsabilités. Ces sinistrés et proches de victimes des inondations, réunis au sein d'un Collectif des Victimes des Inondations de Mandelieu-La-Napoule, "demandent qu'une enquête soit ouverte et que des responsabilités puissent être établies", a déclaré à l'AFP leur porte-parole, Olivier Bredow. Le collectif aimerait notamment que la justice se penche sur la façon dont la commune de Mandelieu-La-Napoule s'est urbanisée ces dernières années, pour savoir si de trop nombreuses constructions ou un éventuel non-respect des règles d'urbanisme ont pu aggraver les conséquences des fortes intempéries.
Ces plaintes pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui", et "homicides involontaires", ont été déposées le 29 février auprès du parquet de Grasse, a précisé leur avocate Me Roseline Eydoux. Elles émanent d'habitants d'une résidence dont le parking avait été subitement submergé par une vague d'eau, tuant quatre personnes qui étaient descendues mettre leur voiture à l'abri. Une autre résidence avait aussi été particulièrement touchée, et quatre personnes y étaient mortes dans un parking souterrain.
Le parquet de Grasse a déjà ouvert une information judiciaire contre X pour "homicides involontaires", début mars, pour éclaircir les circonstances qui ont conduit à la noyade de trois femmes dans une maison de retraite de Biot (Alpes-Maritimes) subitement envahie par les eaux lors de ces violentes intempéries.
Le bilan du déluge qui s'était abattu en un soir sur la Côte d'Azur avait atteint au total 20 morts. L'orage, particulièrement intense et localisé sur une étroite bande côtière urbanisée, avait en outre fait de très lourds dégâts matériels.
La préfecture est en train de revoir la carte des zones inondables classées "rouge" datant de 1998, en utilisant les photos aériennes prises au lendemain de la catastrophe et un nouveau plan de prévention du risque inondation (PPRI) doit voir le jour.
AFP