Archives

Social - Une étude met en évidence le défaut d'information sur les prestations sociales

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude originale sur le thème "Prestations sociales : les personnes éligibles sont-elles les mieux informées ?". Il s'agit en l'occurrence d'une exploitation du baromètre d'opinion de la Drees. Celle-ci porte sur dix prestations ou aides sociales emblématiques : les allocations familiales, l'aide au logement, le RSA, la CMU-C, la prime pour l'emploi (PPE, qui n'existe plus depuis le 1er janvier 2016, fusionnée dans la prime d'activité), l'AAH, le minimum vieillesse ou - de son vrai nom - l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), l'APA, l'AME (aide médicale d'Etat) et l'aide au paiement d'une complémentaire santé (ACS). Auxquelles s'ajoute - pour tester la sincérité des répondants - une onzième prestation fictive : l'allocation versée à des personnes victimes d'isolement social (Alis).

Des écarts de notoriété, pas toujours rationnels

L'étude de la Drees se situe dans un cadre très opérationnel : celui des interrogations sur les motifs du non recours aux droits, phénomène qui explique le semi-échec du RSA activité ou de l'ACS.
Les résultats révélés par l'étude sont mitigés. Côté positif, 90% de la population a déjà entendu parler de prestations comme les allocations familiales, les aides au logement, le RSA ou la CMU-C. En revanche, près d'une personne sur deux n'a jamais entendu parler de l'APA et plus de deux sur trois ignorent tout de l'ACS ou de l'AME. Attention toutefois : le fait d'avoir entendu parler d'une prestation ne signifie pas qu'on en connaît la finalité et les bénéficiaires. Seuls 40 à 50% des Français disent ainsi connaître précisément le public cible de prestations comme le RSA, la CMU-C ou l'AAH. Ce taux tombe à 27% dans le cas de l'APA.
L'étude cherche également des facteurs d'explication. Le plus évident est l'importance numérique respective des prestations : rien d'étonnant à constater que les allocations familiales (4,9 millions de familles bénéficiaires) sont plus connues que l'AME (300.000 étrangers en situation irrégulière)... L'ancienneté de la prestation - les allocations familiales et l'aide au logement remontent à l'après-guerre - est aussi un facteur explicatif. La notoriété d'une prestation, pour des raisons diverses peut également jouer : l'AME, objet de polémiques récurrentes, est ainsi plus connue que l'ACS, qui compte pourtant quatre fois plus de bénéficiaires.

Peut-on percevoir une aide sans la connaître ?

On pourrait aussi penser que les prestations sont plus connues des publics susceptibles d'en bénéficier. Ceci n'est qu'en partie vrai, car interviennent en effet le niveau de diplôme et la CSP. Par exemple, le minimum vieillesse est plus connu des personnes aisées que des personnes à revenus modestes, qui peuvent pourtant y prétendre.
Autres éléments qui ressortent de l'étude : les femmes sont mieux informées que les hommes sur les prestations, tandis que les jeunes et les personnes âgées de plus de 70 ans sont les moins bien informés. De façon générale, l'âge - aux deux extrêmes - et le niveau de formation apparaissent comme des facteurs d'explication pertinents : la catégorie la moins informée est ainsi celle des jeunes ouvriers.
L'étude met aussi en évidence un point positif et en lien direct avec la question de l'accès aux droits : "Le public ciblé par les aides est plutôt mieux informé que l'ensemble de la population." C'est évident pour ceux qui bénéficient effectivement d'une ou plusieurs des aides concernées. Mais c'est vrai aussi pour les bénéficiaires potentiels. Le RSA, la CMU-C et les aides au logement - qui ciblent les ménages les plus modestes - sont ainsi mieux connus des 20% de la population dont le niveau de vie est le plus bas.
Il ne faut toutefois pas exagérer l'étendue de cette connaissance chez les bénéficiaires effectifs ou potentiels. Par exemple, seuls 27% des bénéficiaires de l'APA disent bien connaître les publics ciblés par cette prestation et près d'un titulaire du RSA sur cinq déclare ne pas savoir du tout ou pas très bien à qui cette prestation est destinée...