Fonction publique territoriale - Un quart des communes et intercommunalités comptent réduire leurs effectifs en 2015
Malgré des difficultés financières grandissantes, les collectivités territoriales n'ont cessé d'embaucher de nouveaux agents au cours des dernières années. Après avoir progressé de 1% en 2010, puis de 0,3% en 2011, les effectifs de la fonction publique territoriale se sont encore accrus de 1,6% en 2012 et de 2% en 2013, selon l'Insee. En 2014, il n'existe pas de chiffre officiel, mais la tendance à la hausse pourrait s'être poursuivie, sous l'effet notamment des recrutements liés à la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires. Mais cette hausse ininterrompue des effectifs depuis de nombreuses années pourrait connaître un coup d'arrêt en 2015, pronostique le pôle public du groupe Randstad. Pour la première fois depuis 2010, les collectivités déclarant que leurs effectifs vont baisser sont plus nombreuses que celles affirmant que leurs effectifs vont augmenter, constate ce spécialiste du recrutement, dans le baromètre des ressources humaines des collectivités locales, dont il a dévoilé les résultats, le 2 octobre lors du congrès de Villes de France qui s'est tenu à Bourg-en-Bresse. De ce bilan, on exclura toutefois 2011, année où la question n'avait pas été posée au panel de collectivités.
Dans le détail, 26% des 604 communes et intercommunalités ayant répondu au printemps dernier au questionnaire de Randstad ont indiqué que leurs effectifs baisseront au cours de l'année 2015, contre seulement 10% affirmant qu'ils augmenteront. En 2014, la part des collectivités envisageant une baisse des effectifs atteignait 20%. Mais les collectivités qui comptaient accroître leurs effectifs étaient plus nombreuses (24%).
Forte dégradation du climat social
Du fait notamment de la baisse du niveau des dotations aux collectivités, qui atteindra 12,5 milliards d'euros en 2017, les collectivités entament un "tournant majeur", estime Randstad. Pour qui les effectifs de la fonction publique territoriale pourraient reculer cette année.
77% des collectivités qui vont réduire leurs effectifs comptent ne pas remplacer l'intégralité des départs à la retraite et 69% d'entre elles ne vont pas renouveler certains contractuels, indique le baromètre. Le scénario d'un transfert des personnels dans le cadre de la mutualisation est beaucoup moins cité (24%).
La réduction des effectifs a pour but de parvenir à maîtriser la masse salariale, une priorité partagée par 58% des collectivités, donc y compris par des collectivités qui ne baisseront pas leurs effectifs. Les responsables territoriaux comptent pour cela bien sûr maîtriser les recrutements et mutualiser les fonctions et les services. Ils vont aussi réviser les temps de travail et l'organisation des services. Ce dernier levier, cité par 47% des collectivités, arrive en tête. Pour Randstad, un tabou est ainsi en passe d'être levé. "Jusqu'alors peu enclins à s'engager sur ce terrain réputé conflictuel, les responsables territoriaux s'affirment prêts, en 2015, à s'engager sur des mesures plus structurelles." De telles perspectives nuisent cependant à la qualité du climat social. Pour 43% des personnes interrogées, ce dernier s'est assombri. Cette réponse est en augmentation de 15 points par rapport à l'an dernier. "La morosité est particulièrement élevée, voire inquiétante, au sein des communes moyennes - celles dont la taille est comprise entre 5.000 et 50.000 habitants - puisqu'elle atteint 58%, soit une progression de 27 points sur un an", précise le baromètre.