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Copropriétés dégradées - Un protocole entre l'Etat et les collectivités pour le Chêne-Pointu de Clichy-sous-Bois

Le quartier du Chêne-Pointu à Clichy-sous-Bois, connu pour ses copropriétés dégradées où vivent 6.000 personnes, bénéficie d'un plan de plusieurs dizaines de millions d'euros financé par l'Etat et les collectivités locales. "Un travail de longue haleine, qui ne fait que commencer", s'est engagée Cécile Duflot envers "tous les territoires abandonnés".

"Spirale du désastre", "urgence sociale et sanitaire" : c'est en ces termes que le maire de Clichy-sous-Bois, Olivier Klein, a parlé du Chêne-Pointu et de l'Etoile du Chêne-Pointu, lors de la signature du protocole partenarial entre Etat et collectivités, lundi 17 septembre, pour ces deux quartiers où résident quelque 6.000 personnes dans 1.500 logements dégradés. Pour Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, il s'agit d'ailleurs des "deux copropriétés les plus dégradées de France". Le diagnostic est connu depuis longtemps : les ascenseurs ne fonctionnent plus, les habitants sont des propriétaires endettés ou des locataires en proie aux marchands de sommeil ("il faut le dire : ici prospèrent des escrocs sur la misère de certains", s'est émue Cécile Duflot), 77% des locataires, pour beaucoup des personnes originaires d'Afrique sub-saharienne, vivent sous le seuil de pauvreté. Les charges mensuelles peuvent s'élever jusqu'à 400 euros par mois. Des maladies ont fait leur réapparition, comme la tuberculose…
Le protocole d'accord partenarial, précisément intitulé "pour la mise en œuvre d’une stratégie d’intervention partenariale sur les copropriétés du Chêne-Pointu et de l’Etoile du Chêne-Pointu dans le quartier du bas Clichy à Clichy-sous-Bois", a été signé lundi 17 septembre par Olivier Klein et Jean-Paul Huchon, avec les ministres Cécile Duflot et François Lamy, ainsi que le président du conseil général Stéphane Troussel. Le partenariat s'étend également à la Caisse des Dépôts, l’Anru, l’Anah, l’Epfif et l’AFTRP.
Au-delà d'un comité de pilotage stratégique réunissant tous les signataires, une "mission opérationnelle d'animation du protocole" sera installée à deux niveaux : national (DHUP, SGCIV, Anru, Anah, en collaboration avec les préfets) et local (coprésidée par le maire et le préfet de département).
Ce protocole est "un travail de longue haleine, qui ne fait que commencer", a promis la ministre. Et de souhaiter que "la journée d'aujourd'hui soit un point de départ. Un point de départ pour l'égalité des territoires au sens où l'État reconnaît aujourd'hui qu'il ne doit plus y avoir en France de territoires abandonnés, de quartiers délaissés, de villes reléguées, en banlieue mais aussi dans les zones rurales."

Réunir les conditions du futur projet

Afin d' "établir collectivement un projet social et urbain global", selon les termes du ministère, le protocole prévoit de travailler dans le temps, en plusieurs phases : la réparation dès octobre de seize ascenseurs ; puis immédiatement après le lancement d'études sur les parties communes, des interventions sur les logements et, surtout, des opérations de portage afin de lutter contre les marchands de sommeil, d'améliorer la trésorerie des copropriétés, de favoriser les transferts de logements dans le parc social et d'accompagner d'éventuelles démolitions. Il s'agit d'"une action ciblée d'achat (...) qui permettra de faire entrer une partie de logements de ces copropriétés dans le parc social", résume la mairie.
Les quatre priorités affichées sont d'ailleurs explicitement : renforcer la lutte contre les marchands de sommeil ; résorber les dettes des syndicats de copropriétaires ; lancer des travaux d’urgence pour apporter la sécurité aux habitants et régler la question du chauffage ; créer l'outil de portage de lots de copropriétés dès 2013.
"Pour tout rénover, il faut quinze ans ; mais dans cinq ans tout aura déjà changé", promet Emmanuelle Cosse, vice-présidente du conseil régional en charge du logement. Le budget de l'opération s'élève à plus de 60 millions d'euros, selon la région qui va participer à hauteur d'un tiers. François Lamy préfère rester vague en parlant de "plusieurs dizaines de millions d'euros". Le maire évoque quant à lui un coût total de "plus de 100 millions d'euros".