Voirie - Un Observatoire national de la route pour faciliter l'entretien du réseau
L'Observatoire national de la route a été officiellement lancé le 26 janvier par l'Etat, l'Assemblée des départements de France (ADF), l'Assemblée des communautés de France (ADCF), l'Union des syndicats de l'industrie routière française (Usirf) et le Syndicat national des entrepreneurs spécialistes des travaux de réparation et de renforcement des structures (Sttres). Animé par l'Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité (Idrrim), ce nouvel outil, qui bénéficiera de l'appui du Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) et de l'Ifsttar (Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux) poursuit deux objectifs, selon la charte d'engagement signée par ses concepteurs : "partager les connaissances pour évaluer l'efficacité des politiques techniques qui répondent à une gestion économe des réseaux routiers" et "objectiver l'état du réseau routier afin d'éclairer les décideurs pour mieux optimiser l'efficacité des missions dont ils ont la responsabilité".
Un réseau qui se dégrade
Tous les acteurs s'accordent aujourd'hui pour constater la dégradation du réseau routier, qui représente un million de kilomètres (dont près de 400.000 kilomètres de routes départementales) et assure 88% des déplacements de personnes et des flux de marchandises. Leur crainte est de voir la route subir le même sort que le réseau ferroviaire avant elle, faute de maintenance suffisante du fait de budgets de plus en plus contraints. "Depuis 2008, les dotations d'entretien ont chuté de l'ordre de 25 à 30%", a souligné Jacques Tavernier, président de l'Usirf. Alors que les données permettant d'évaluer l'état du réseau étaient jusqu'à présent dispersées et pour certaines difficiles d'accès, l'observatoire entend donc d'abord faire œuvre de transparence en rassemblant les données des différents gestionnaires pour établir une photographie précise de l'état du réseau et, le cas échéant, évaluer le surcoût lié à un éventuel défaut de maintenance préventive. Pour les voiries nationales, départementales et communales des métropoles, il devra aussi, selon la charte d'engagement de ses partenaires, évaluer "de manière prédictive la corrélation entre des indicateurs globaux et pertinents d'état du patrimoine et les dépenses globales à consacrer chaque année à l'entretien et l'exploitation de la voirie, aux grosses réparations des chaussées, aux grosses réparations des ouvrages d'art". Il aura également à recenser les "pratiques partenariales et techniques innovantes en matière de grosses réparations et de cycles de maintenance". Parmi les actions à conduire, la charte cite la réalisation de "courbes de résilience" des infrastructures routières "en vue de faire émerger un modèle permettant d'optimiser les ressources mobilisables" et la mise au point d'un outil de recensement des dépenses routières et de voirie par collectivité, sur la base d'une étude développée en 2015 par l'Usirf sur neuf départements tests.
Besoin d'appui technique pour "dépenser mieux"
Les intercommunalités comme les départements ont salué la création de l'observatoire. Les premières y voient un appui technique, une capacité d'ingénierie pour aider les territoires à sortir des projets. Sébastien Martin, vice-président de l'ADCF, a ainsi émis le souhait que des collaborations soient lancées entre les agglomérations et les départements, "dont certains sont en avance sur le sujet". Jean-Yves Gouttebel, vice-président de l'ADF, est revenu sur l'étude menée par l'Usirf dans neuf départements qui a servi de test pour justifier la pertinence de l'observatoire. Selon lui, elle a "montré que le suivi d'indicateurs précis de gestion de routes permettait in fine de dépenser mieux, et plus intelligemment".
Parallèlement à la création de l'observatoire, le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, a annoncé l'ouverture prochaine d'un portail qui permettra de diffuser gratuitement les données concernant le réseau routier national, conformément à la volonté du gouvernement de promouvoir l'ouverture des données (ou "open data"). Au 1er septembre prochain, la plupart des données "statiques" (consistance du réseau, état du patrimoine, activité des gestionnaires et dépenses d'entretien) seront publiées sur ce site internet, dont le nom et l'adresse n'ont pas encore été annoncés. Un an plus tard, ce portail sera enrichi avec l'ajout des vitesses maximales autorisées et des données de trafic en temps réel (accidents, travaux, fermetures de voies, volume de trafic, vitesse, longueurs de bouchons). Ces données sur le trafic, "mises à disposition gratuitement et réutilisables, permettront au secteur numérique de proposer des services innovants à l'usager", a souligné le secrétariat d'Etat aux Transports. Les développeurs d'applications mobiles et autres fabricants de GPS pourront ainsi s'en servir pour établir les itinéraires routiers et guider en temps réel les automobilistes.
Vers un nouveau plan de relance sur les réseaux nationaux
Enfin, Claude Morel, directeur du cabinet d'Alain Vidalies, a annoncé, lors de la signature de la charte d'engagement sur l'Observatoire national des routes, la mise en place par le gouvernement d'un "plan de relance d'un montant de 150 millions d'euros", qui sera consacré à la rénovation des réseaux routiers et fluviaux nationaux. "Nous doublons ainsi les moyens consacrés à la rénovation du réseau routier", a affirmé Claude Morel, qui a rappelé que 80 millions d'euros y avait été consacré en 2015. Ces montants viennent s'ajouter à la contribution volontaire des sociétés concessionnaires d'autoroutes, dont les trois premières tranches s'élèvent à 100 millions d'euros annuels de 2015 à 2017. Le détail de ce plan doit être rendu public "dans les prochains jours", selon Claude Morel.