Rencontres nationales du transport public - "Un nouveau départ" annoncé en 2018
La transition énergétique du secteur des transports est l’un des grands enjeux des Rencontres nationales du transport public qui se tiennent jusqu’au 12 octobre à Marseille. Le 10 octobre, lors de leur inauguration, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a annoncé la relance "à une échéance encore indéterminée" des projets d'infrastructures suspendus en juillet et d’un "nouveau dispositif de soutien" à l'achat d'un vélo à assistance électrique.
Encore absents dans les allées il y a quelques années, les bus électriques ont le vent en poupe aux Rencontres nationales du transport public qui se tiennent jusqu’au 12 octobre à Marseille. "L’électrification du parc de bus urbains est un enjeu de santé publique. Il doit devenir une priorité pour les élus locaux même s’il est vrai que l’obstacle premier reste leur coût, près de deux fois plus élevé pour les bus électriques que pour leur version diesel Euro 6", a indiqué Louis Nègre, maire de Cagnes-sur-Mer, premier vice-président de la métropole Nice Côte d'Azur et président du Groupement des autorités responsables de transport (Gart). "Le modèle économique de l’industrie des véhicules électriques est encore à trouver, a-t-il poursuivi. Nous poussons à ce que les industriels français ne se laissent pas dépasser en termes d’offre, aujourd’hui dominée par les Chinois. Et à la ministre des Transports, nous venons de demander le lancement d’un groupe de travail national pour faire toute la lumière sur le coût total de possession [en anglais : total cost of ownership ou TCO, ndlr] d’un bus électrique, car au sein de nos collectivités, nos directeurs généraux de services (DGS) nous le demandent."
"Equation financière"
"Le vrai sujet face aux bus électriques, c’est l’équation financière. Il reste à trouver un modèle de financement pour décarboner le secteur des transports et acheter ces matériels tout en réglant en parallèle un autre problème, celui de la recharge ou de l’avitaillement dans le cas du GNV", a appuyé un représentant de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV). La FNTV a annoncé la diffusion prochaine d’un guide technique réalisé avec l’Ademe et Régions de France, qui se présentera comme un outil d’aide à la décision des autorités organisatrices (AOT) en termes de choix du bon mode énergétique pour leur parc d’autocars. A ce sujet, Philippe Tabarot, vice-président en charge des transports à la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, est également intervenu pour se féliciter du lancement d’une expérimentation de ligne d’autocar électrique entre Avignon et Arles - "une première en région sur une ligne de 200 kilomètres".
Relance des projets d'infrastructures
Dans son discours d’inauguration du salon, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a annoncé la relance "à une échéance encore indéterminée" des projets d'infrastructures suspendus depuis trois mois. Sans préciser, elle a évoqué "un nouveau départ" suite à la "pause" dans les projets d'infrastructures de transports annoncée début juillet par Emmanuel Macron. Cela "doit nous amener à construire ensemble une nouvelle politique d'infrastructures", a-t-elle ajouté. Le gouvernement entame désormais un travail de planification, pour la vingtaine de projets de LGV, autoroutes, canal, qui avaient été mis entre parenthèses, en s'appuyant pour cela sur les travaux du Conseil d'orientation des infrastructures mis en place dans le cadre des Assises de la mobilité. Concernant le ferroviaire, Elisabeth Borne a par ailleurs affirmé que "l'ouverture à la concurrence ne doit pas attendre 2023". "Je pense que la bonne façon d'avancer, ce n'est pas d'attendre la dernière minute, mais c'est d'avancer progressivement, intelligemment, (...) avec l'ensemble des acteurs", a-t-elle ajouté. Selon la ministre, l'ancien P-DG d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta, chargé par le gouvernement d'une réflexion sur l'avenir du ferroviaire, "rendra ses propositions en janvier".
Refonte du dispositif de soutien à l'achat d'un VAE
Autre annonce formulée lors de ces Rencontres, celle d’une relance – d’une refonte plutôt – du dispositif de soutien à l'achat d'un vélo à assistance électrique (VAE). Une annonce qui surprend les acteurs du secteur puisqu’elle intervient juste après celle de la fin de la prime à l’achat, actée dans le projet de loi de finances (PLF) et ce dès février 2018. "J'ai bien entendu l'émotion qu'a pu susciter l'annonce de la suppression de cette aide à l'achat. Cette prime ne répondait pas complètement à l'objectif que l'Etat s'était fixé en la matière, même si elle a pu permettre un développement du marché", a expliqué Elisabeth Borne. Le dispositif voué à la remplacer devrait être mis en place en 2018. Mais il reste à imaginer, "notamment dans le cadre du débat qui s'ouvre avec les Assises de la mobilité", a ajouté la ministre.
"Nous allons travailler avec le gouvernement pour trouver une solution satisfaisante pour nous", a indiqué à l'AFP Pierre Serne, conseiller régional (EELV) d'Ile-de-France et président du Club des villes et territoires cyclables, qui regroupe 1.700 collectivités françaises. Il attend un dispositif "aussi dynamique et qui rencontre autant de succès" que la prime telle qu'elle a existé jusqu'à présent mais sans imposer de conditions de ressources car selon lui, "on passerait à côté de la mesure". "Il est en train de se passer un truc vraiment important avec le vélo à assistance électrique, il ne faut pas casser cette dynamique", a ajouté l'élu, faisant également état d'un "effet d'entraînement sur la filière assez important, avec des emplois non délocalisables : revendeurs, réparateurs, etc."